Michel Rocard, après les Accords de Matignon, "tous les problèmes ne sont pas résolus"

25 ans après la signature des Accords de Matignon qui ont ramené la paix en Nouvelle-Calédonie, que pense Michel Rocard, l'un de ses artisans, de cet anniversaire ? Interview de l'ancien Premier Ministre de François Mitterrand. 
-La 1ère : Que représente pour vous cet anniversaire ?
Michel Rocard : C'est la consolidation de la paix civile. On commence à s'habituer à cette tranquillité en Nouvelle-Calédonie. La paix a tenu, ce qui était loin d'être sûr à l'époque. Le destin de la Nouvelle-Calédonie s'est éclairci ce jour-là, le 26 juin 1988. Mais c'est avant tout, un accord conclu entre Jean-Marie Tjibaou (Leader du FLNKS, Front de Libération Nationale Kanak et socialiste) et Jacques Lafleur (Président du RPCR, Rassemblement pour la Calédonie dans la République). Je n'étais pas beaucoup plus qu'un médiateur mais je tenais le plume ! 

-Est-ce que, dans votre carrière politique, c'est un événement important ?
Michel Rocard : C'est difficile de faire des classements mais c'est effectivement pour moi un événement très important, comme le RMI (Revenu Minimum d'Insertion en 1988) et la CSG (Contribution Sociale Généralisée en 1990).

-Etes-vous optimiste pour l'avenir de la Nouvelle-Calédonie ?
Je n'aime pas ce concept d'être optimiste ou pas. La Nouvelle-Calédonie dispose d'institutions stables et a maintenant une habitude du dialogue. Mais le caillou reste un pays sous-développé. Le chômage des jeunes est préoccupant ainsi que le manque de formation. Il y a donc un risque permanent de conflit éthnique. 

-Vous êtes donc pessimiste ?
La nature m'a fait optimiste génétiquement mais les problèmes en Nouvelle-Calédonie ne sont pas résolus, loin de là...

Michel Rocard sera l'un des invités de l'émission spéciale que Nouvelle-Calédonie 1ere consacre ce jeudi soir au 25ème anniversaire des accords de Matignon.