Le style: très (trop?) offensif
Pantalon sombre, veste rose/rouge (un message?), des dossiers volumineux posés sur la table, concentrée, Christiane Taubira a abordé avec une certaine tension l'émission. Comme à son habitude elle s'est montrée pugnace, ne lâchant rien face aux journalistes. Elle a dit son agacement face aux "on dit", à propos par exemple de son caractère et de ses colères qui auraient entraînés les départs de plusieurs de ses collaborateurs au ministère de la justice. Elle a invoqué, en guise de défense, une certaine misogynie de la part des journalistes. David Pujadas lui a lancé à deux reprises au cours des 2H30: "ne m'engueulez pas" ou encore "Ne pensez pas qu'à chaque remarque on vous fait un procès". En début d'émission, elle a également confié qu'elle voulait arrêter la politique en 2012 et qu'elle avait écrit des paroles de chanson:La réforme pénale: le plat de résistance
La ministre de la justice voulait faire de la pédagogie à propos de sa réforme pénale et notamment des peines de contraintes pénales. Elle devait tenter de gommer l'image de laxisme que lui reproche l'opposition et une partie de l'opinion. "Oui, a-t-elle dit en début d'émission, le rôle de la justice c'est de protéger la société, punir les délinquants et les criminels, réparer les dommages et assurer la réinsertion".Elle a tenté d'expliquer que la prison n'était pas la réponse adaptée à tous les délits.
La difficile confrontation avec la mère d'une victime
Ce fut incontestablement le moment fort de l'émission, en tout cas le plus intense au plan émotionnel. Face à Christiane Taubira, le témoignage poignant de la mère d'une jeune femme victime d'une agression sauvage le mois dernier en région parisienne. Son agresseur l'a laissé pour morte avant de violer le même soir un autre jeune femme. L'homme était régime de semi-liberté. "Il y a des cas irrécupérables, c'est un barbare", a témoigné la mère. Christiane Taubira n'a pas trouvé les mots pour répondre à cette femme. "Face aux victimes, je fais silence". "Trop facile" a rétorqué la mère. Christiane Taubira a refusé de porter un jugement sur cette affaire, estimant que "les prétoires ne doivent pas se transporter sur les plateaux de télévision".
La passe d'armes avec Christian Estrosi: décevante
Avant-dernière séquence de DPDA, le duel entre Christiane Taubira et le maire UMP de Nice n'aura pas tenu toutes ses promesses, très caricatural. Vous voulez vider les prisons", a argumenté Christian Estrosi
-"Mais bien sur, j'ai même apporté les clés ici avec moi", a répondu la ministre
Grosse tension entre les deux adversaires également à propos de la rétention de sûreté:
Les petites phrases
Oratrice brillante, Christiane Taubira n'a pas failli à sa réputation.
A propos de son passé d'indépendantiste jusqu'en 1982: "je n'étais pas en lutte contre la France (...) c'était contre un système d'oppression et de ségrégation (...) Oui, j'étais pour la rupture".
Mais la citation à retenir concerne son avenir politique:
"Je n'ai jamais été très douée pour envisager mon futur, mon destin (...) Tout ce que je fais, je le fais avec passion, même la vaisselle".
L'avis des éditorialistes
En fin d'émission, deux éditorialistes politiques ont livré leur verdict sur la prestation de Christiane Taubira. Peu nuancé, le directeur du Point, Franz Olivier Giesbert a lancé: "Rendez nous Christiane Taubira, rendez nous la teigne, le volcan. Vous avez à présent la langue de bois".
Editorialiste au Monde, Françoise Fressoz s'est étonnée du "paradoxe Taubira, une femme naturelle, séductrice, authentique, pleine de convictions mais qui subitement se ferme, se verrouille, qui donne l'impression de se brider."