Ragots racistes à Niort, la maire porte plainte

Geneviève Gaillard, maire PS de Niort depuis 2008
La députée-maire PS de Niort a porté plainte contre X vendredi dernier pour couper court à une rumeur infondée aux relents de racisme. Un bruit court selon lequel elle aurait signé une convention avec la Seine-Saint-Denis pour accueillir à Niort des «personnes de couleur» en échange de subventions.
« Non, il n’y a pas de Convention », martèle Geneviève Gaillard (écouter son démenti ci-dessous). Alertée par un journaliste local de l’ampleur que prenait cette rumeur, la députée-maire PS de Niort a porté plainte contre X. Elle entend bien enterrer la « rumeur du 9-3 ». Car certains Niortais sont persuadés que Madame le Maire a signé une convention avec le Conseil général de Seine-Saint-Denis. Ils la soupçonnent de recevoir des subventions et d’accueillir en contrepartie des « personnes de couleur ». Comprendre : des Noirs.

Geneviève Gaillard, maire PS de Niort

 
Le Conseil général de Seine-Saint-Denis confirme par la voix de son président – Stéphane Troussel – qu’il n’y a pas de convention avec Niort, pas plus qu’avec Poitiers, Limoges ou encore Châlons-en-Champagne, dont le maire UMP Benoist Apparu a dû porter plainte en juillet dernier pour mettre fin à des ragots similaires.
Stéphane Troussel, contrairement à la maire de Niort, ne portera pas plainte afin de ne pas alimenter les ragots. Il est dépité par ce genre de rumeur : "En tenant ce type de propos stigmatisants et malsains, on fait du mal à mon département..." (à écouter ci-dessous).

 

Stéphane Troussel



Les origines de la rumeur

Pour Geneviève Gaillard, certains faits divers ont contribué à alimenter l’imagination des Niortais. Sur place, on parle même des « événements de la Brèche », du nom de la place centrale de la ville où des jeunes originaires de Sarcelles ont agressé un policier au mois de juillet dernier (écouter ci-dessous). La hausse des vols avec violence ces trois dernières années n'a pas arrangé les choses (voir les statistiques de la délinquance à Niort, détaillées dans l'encadré ci-dessous).
 

Geneviève Gaillard, maire PS de Niort

 
Suite à ces événements, un conseiller municipal de l’opposition, Jérôme Baloge, avait fait paraître un communiqué sibyllin dans lequel il mentionnait la présence à Niort de « bandes venues d’Ile de France », non identifiées. On pouvait lire : « Pourquoi ces bandes originaires d’Île-de-France sont-elles implantées à Niort ? Qui les accueille ? » Voilà qui sent les municipales à plein nez. En 2014, Jérôme Baloge sera le candidat UMP opposé à Geneviève Gaillard.

Geneviève Gaillard, maire PS de Niort

 

Statistiques de la délinquance à Niort ces trois dernières années
D’après la Préfecture des Deux Sèvres, on constate à Niort depuis trois ans une hausse des atteintes à l’intégrité physique, et plus particulièrement une hausse des violences crapuleuses. Précisons que la plupart des violences crapuleuses concerne des vols avec violence.

Les violences crapuleuses ont augmenté de façon très nette en 2013 : leur nombre est passé de 38 à 60 (la comparaison porte sur les neuf premiers mois de l'année). D’après le commissariat de Niort, les deux tiers de ces vols avec violence sont dus à deux Guyanais installés de fraîche date dans la ville de Niort. Ils ont été interpellés, jugés et condamnés à des peines de prison au printemps dernier. Autrement dit, ces faits n’ont rien à voir avec de soi-disant « bandes venues d’Ile-de-France ». Ils ont tout au plus contribué à renforcer le sentiment d'insécurité des Niortais.

Dans le même temps, la Préfecture note une baisse significative des atteintes aux biens. A titre d’exemple, on constate une diminution de 14,5% des cambriolages en 2012. Même constat pour les neuf premiers mois de 2013 : le nombre de cambriolages a baissé de 8,5% par rapport aux neuf premiers mois de 2012.