Création du Collectif R = (Respect) pour la défense de Christiane Taubira

Indigné face à la multiplication des propos racistes visant la ministre de la Justice, un groupe de femmes noires a décidé de prendre les choses en main contre le racisme et le sexisme. Il se dénomme le Collectif R = (Respect). 
C’est peu de dire que la parole raciste et sexiste, décuplée par les réseaux sociaux sans pratiquement aucun contrôle, se développe de manière croissante dans le corps social.

Face à cette dérive, illustrée dernièrement par les attaques racistes à répétition dont a été victime la ministre de la Justice Christiane Taubira, jusqu’à ce qu’une enfant la traite publiquement de « guenon », un groupe de femme a décidé de réagir. La réponse a pris la forme de la création d’un collectif, le Collectif R = (Respect), suivi d’une lettre ouverte au président de la République et aux présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale. 

« Nous, Collectif R = (Respect) tenons à vous faire part de notre indignation face aux photos, propos et actes racistes, injurieux et dégradants proférés à l’encontre de madame Christiane Taubira, garde des Sceaux, ministre de la Justice », écrit le Collectif.
 
« Nous sommes étonné(e)s de l’absence de prise de position publique de notre gouvernement face à cette atteinte à l’intégrité et à l’appartenance à l’espèce humaine du troisième personnage de l’Etat. En cette période de montée des racismes et des stigmatisations, rappelons-nous ce que l’Histoire nous a appris : l’inertie constitue toujours une menace pour la République et la démocratie » poursuivent les signataires.
 
« C’est contre la permanence du racisme et du sexisme et contre la récurrence du silence de la classe politique et des medias que le Collectif R = (Respect), initié par des Femmes Noires, s’est réuni pour exiger, de nos institutions et de leurs représentants, une réponse ferme et immédiate », conclut le texte.

Nous sommes étonné(e)s de l’absence de prise de position publique de notre gouvernement face à cette atteinte à l’intégrité et à l’appartenance à l’espèce humaine du troisième personnage de l’Etat. En cette période de montée des racismes et des stigmatisations, rappelons-nous ce que l’Histoire nous a appris : l’inertie constitue toujours une menace pour la République et la démocratie » (le Collectif R = Respect)
















L’une des fondatrices du Collectif, l’écrivaine guadeloupéenne Gerty Dambury, précise : « cette lettre a été initiée par un groupe de femmes noires, ce qui ne signifie nullement qu'il soit d'inspiration communautariste ou exclusif. La lettre est signée par des gens de toutes origines. »

« Nous avons tenu à préciser "initié par un groupe de femmes noires" car madame Taubira a été insultée en tant que femme noire, comparée et assimilée à une guenon. Nous tenons à ce que ceux qui nous rejoignent pour combattre les extrémismes prennent conscience de la spécificité de cette insulte, qui n'est nullement banale et non point "innocente" », explique-t-elle.

« Nous ajoutons que les attaques des extrémistes ne se limitent pas à une seule catégorie de personnes. Ils s'en prennent de manière égale aux Noirs, aux Arabes, aux musulmans, aux homosexuels, aux lesbiennes, aux transsexuels, aux juifs… »

Parmi les premiers signataires de la lettre ouverte du Collectif, on compte notamment les écrivains guadeloupéens Maryse Condé et Daniel Maximin, l’historienne réunionnaise Françoise Vergès, le chorégraphe Max Diakok et les comédiens Firmine Richard et Jean-Michel Martial.