Pendant 26 ans, Ismaël Nohou vit seul dans les sous-sols de l’aéroport de Roissy. Arrêté pour le vol d’un baladeur, il comparaît devant le tribunal correctionnel de Bobigny. Retour sur l’histoire de cet homme d’origine comorienne aujourd’hui âgé de 46 ans.
"Monsieur, vous comparaissez ce jour pour le vol d'un baladeur de marque Apple... ".
La présidente prononce comme à son habitude le rapport rédigé par les policiers. Ce procès suivi par nos confrères du Parisien concerne, à première vue, un vol banal, mais durant l'audience, c'est l'histoire stupéfiante d'un sans domicile fixe qui sera révélée. En effet, parmi tous les dossiers examinés par le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis) ce 17 décembre, celui d'Ismaël Nohou, un SDF poursuivi pour vol en récidive à l'aéroport de Roissy, crée la stupéfaction. "Vous avez déclaré vivre dans l'enceinte de l'aéroport depuis deux ans... " poursuit la présidente aussitôt interrompue par l’avocate commise d’office Me Azia Mumtaz Taj. "Madame la Présidente, cela ne fait pas deux ans, mais vingt-six ans que mon client vit dans les sous sols ". La salle d’audience est effarée. "C’est exact, Monsieur ?" interroge la présidente. "Oui", répond le prévenu.
Selon son casier judiciaire où figurent onze arrestations, Ismaël aurait élu domicile dans les terminaux 2A et 2B, il y a douze ans. Mais après l’enquête sociale réalisée le lendemain de son arrestation par l’Apcars de Bobigny, une association de juristes d’aide à la réinsertion, cela ferait vingt-six ans qu’Ismaël vit dans les galeries souterraines de l’aéroport.
Il avait choisi ces deux terminaux car ils se situaient près des poubelles des restaurants et des complexes hôteliers.
Né aux Comores le 26 novembre 1967, Ismaël est arrivé en Seine-et Marne à Melun à l’âge de 14 ans grâce au regroupement familial. Ce fils unique s’enfuit du domicile familial à la suite d’une dispute. Sans diplôme, ni formation, le jeune homme se réfugie dans un foyer puis s’en va faire son service militaire où il apprendra la mécanique. A son retour, il retourne dans un foyer pour jeunes travailleurs, toujours à Melun, mais il ne trouve pas de travail. Il s’enfuit du foyer, sans un sou en poche, et se réfugie à l’aéroport. Il a 20 ans.
Pour les enquêteurs sociaux, le comportement d’Ismaël cache une pathologie.
Pour son avocate, « sa place n’est pas en prison, malgré son casier chargé, aujourd’hui à part, l’hôpital psychiatrique, Ismaël n’a pas d’horizon »
Face à ce prévenu silencieux et marginal, le tribunal correctionnel de Bobigny décide de renvoyer le procès dans l’attente d’une expertise psychiatrique et a prononcé son maintien en détention.
Prochaine audience le 14 janvier.
La présidente prononce comme à son habitude le rapport rédigé par les policiers. Ce procès suivi par nos confrères du Parisien concerne, à première vue, un vol banal, mais durant l'audience, c'est l'histoire stupéfiante d'un sans domicile fixe qui sera révélée. En effet, parmi tous les dossiers examinés par le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis) ce 17 décembre, celui d'Ismaël Nohou, un SDF poursuivi pour vol en récidive à l'aéroport de Roissy, crée la stupéfaction. "Vous avez déclaré vivre dans l'enceinte de l'aéroport depuis deux ans... " poursuit la présidente aussitôt interrompue par l’avocate commise d’office Me Azia Mumtaz Taj. "Madame la Présidente, cela ne fait pas deux ans, mais vingt-six ans que mon client vit dans les sous sols ". La salle d’audience est effarée. "C’est exact, Monsieur ?" interroge la présidente. "Oui", répond le prévenu.
Entre les terminaux 2A et 2B
Selon son casier judiciaire où figurent onze arrestations, Ismaël aurait élu domicile dans les terminaux 2A et 2B, il y a douze ans. Mais après l’enquête sociale réalisée le lendemain de son arrestation par l’Apcars de Bobigny, une association de juristes d’aide à la réinsertion, cela ferait vingt-six ans qu’Ismaël vit dans les galeries souterraines de l’aéroport.Il avait choisi ces deux terminaux car ils se situaient près des poubelles des restaurants et des complexes hôteliers.
Arrivé en France à 14 ans
Né aux Comores le 26 novembre 1967, Ismaël est arrivé en Seine-et Marne à Melun à l’âge de 14 ans grâce au regroupement familial. Ce fils unique s’enfuit du domicile familial à la suite d’une dispute. Sans diplôme, ni formation, le jeune homme se réfugie dans un foyer puis s’en va faire son service militaire où il apprendra la mécanique. A son retour, il retourne dans un foyer pour jeunes travailleurs, toujours à Melun, mais il ne trouve pas de travail. Il s’enfuit du foyer, sans un sou en poche, et se réfugie à l’aéroport. Il a 20 ans.Enfermé dans un labyrinthe
Hormis des larcins occasionnels qui lui ont valu des arrestations, Ismaël ne fait de mal à personne. Il reste cloîtré dans son monde. Il ne fait pas la manche, mais accepte volontiers qu’on lui offre un café ou une cigarette. Au fil du temps, il devient mutique. Parfois, il murmure des paroles inaudibles. Il connaît par cœur le labyrinthe de ce Roissy invisible des voyageurs qui s’étale sur des centaines d’hectares.
Prison ou hôpital psychiatrique
Pour les enquêteurs sociaux, le comportement d’Ismaël cache une pathologie.Pour son avocate, « sa place n’est pas en prison, malgré son casier chargé, aujourd’hui à part, l’hôpital psychiatrique, Ismaël n’a pas d’horizon »
Face à ce prévenu silencieux et marginal, le tribunal correctionnel de Bobigny décide de renvoyer le procès dans l’attente d’une expertise psychiatrique et a prononcé son maintien en détention.
Prochaine audience le 14 janvier.