Et parfois, comme ce lundi soir du mois de décembre dans le quartier populaire de Mare Rouge, les rencontres sont pittoresques !
Un candidat au profil atypique
La méthode de campagne n'est pas vraiment traditionnelle, à l'image du candidat. Camille Galap est presque un Ovni dans le paysage politique. Issu de la société civile, titulaire d'un doctorat en biologie, il était jusqu'en 2012 président de l'Université du Havre. C'est seulement en janvier 2013 qu'il a pris sa carte au parti socialiste. Lors de la campagne des primaires pour désigner le candidat aux municipales, le Martiniquais était loin d'être favori, d'autant qu'il n'avait le soutien d'aucun des barons locaux du parti socialiste. Mais il l'a pourtant emporté dès le 1er tour !
#LeHavre, Camille Galap arrive en tête de ces #primaires avec 57,58% des suffrages http://t.co/jK0o3qfu4S
— Parti socialiste (@partisocialiste) 13 Octobre 2013
Grincements de dents et couacs internes
Mais la victoire du mois d'octobre à la primaire n'a pas mis fin aux querelles au sein du parti socialiste. Certains militants socialistes dénoncent "le communautarisme" de Camille Galap.
Le @partisocialiste, parti d'@harlemdesir dont le candidat désigné au Havre a joué le communautarisme à fond. #coherence
— Morgan Lemonnier (@abelchemoul) 13 Octobre 2013
@abelchemoul Vous êtes passé à côté de ma campagne, des électeurs, des Havrais... Il n'en n'a jamais été question ! vos propos sont limites
— Camille Galap (@CamilleGalap) 14 Octobre 2013
Au mois de novembre, éclate un psychodrame interne. La liste municipale proposée par Camille Galap est rejetée par les militants car ses deux anciens adversaires des primaires n'y figurent pas. Le Martiniquais refuse de se soumettre, et annonce qu'il maintient sa liste en l'état et se présentera aux suffrages des Havrais, sans l'étiquette socialiste. L'affaire remonte rue de Solférino et la direction nationale du parti socialiste intervient.Échange avec @harlemdesir hier #PS #LH2014
© Philippe GRANGEAUD - Photographe Solfé-communications. pic.twitter.com/18hSuYFNUK
— Camille Galap (@CamilleGalap) 8 Novembre 2013
Camille Galap obtient partiellement gain de cause et fin novembre, il annonce qu'il représentera bien le parti socialiste le 23 mars prochain, au premier tour des municipales.
Mais l'épisode laisse des traces au sein du camp socialiste Havrais. Et les discussions avec les autres partis de gauche ne sont pas plus faciles, notamment les communistes, qui ont bien l'intention de présenter un candidat au premier tour des élections de mars.
Tracer son chemin
Pour Camille Galap, cette première campagne électorale est le résultat d'un long engagement. Né au Havre de parents martiniquais (son père était douanier), il a grandi en Guadeloupe avant de revenir poursuivre ses études supérieures dans la cité normande. C'est là qu'il deviendra docteur en biologie, vice-président puis président de l'université de 2005 à 2012.
"Camille a refusé un poste de recteur pour s'engager dans cette bataille électorale", explique Bénédicte Martin, sa directrice de campagne. "Il a une belle carrière professionnelle donc il n'a pas d'ambition personnelle. Il prend le temps d'écouter les gens."
Trois évènements marquants
Camille Galap explique son envie de s'engager à travers trois évènements de la vie politique française.
Ecoutez ses explications.
Camille Galap 3 dates
Plafond de verre ?
Le Havre est la plus grande commune Normande, la 13ème ville de France avec ses 178 000 habitants. C'est aussi le deuxième port français, le premier pour le trafic de conteneurs. Autant dire que le choix d'un candidat "issu de la diversité" a forcément des allures de symbole. Mais Camille Galap n'aime pas qu'on le renvoie à la couleur de sa peau : "C'est le projet politique qui m'intéresse. Il faut simplement arrêter l'auto-censure". Parfois dans les réunions de quartier, des jeunes noirs lui confient qu'en raison de la couleur de leur peau, ils sont discriminés. "Mais lorsque Camille Galap leur explique qu'il a été président de l'université, ça leur donne forcément de l'espoir", raconte une militante socialiste.
Le terrain, encore et toujours
Pourtant, ce lundi soir, dans le quartier de la Mare Rouge, classé début décembre parmi les Zones de Sécurité Prioritaire, les jeunes qui traînent dans les halls d'immeubles délabrés n'ont pas entendu parler de Camille Galap. Un brin agressifs au premier abord, ils acceptent finalement le dialogue avec le candidat. Avec son rire communicatif, sa carrure impressionnante et un sens certain de la pédagogie issu d'un long passé associatif, le candidat socialiste finit par obtenir une première petite victoire. Les jeunes lui disent:
"Vous au moins, vous venez nous voir. Même si nous, on vote pas..."
Le Havre à gauche ?
Camille Galap affirme que la victoire est pour lui possible aux Municipales, même si la ville est un bastion UMP. Communiste durant de longues années, la ville a été conquise par la droite en 1995, avec la victoire d'Antoine Rufenacht, un proche de Jacques Chirac. En 2001 et 2008, le maire sortant a été réélu au second tour avec 79% et 78% face au candidat de gauche. Mais en 2010, à 70 ans, Antoine Rufenacht a cédé sa mairie à son dauphin désigné, Edouard Philippe. Maire depuis trois ans, sans jamais avoir été en première ligne, Edouard Philippe va donc pour la première fois être tête de liste. Sa capacité à fédérer les Havrais est l'une des inconnues du scrutin.
Regardez sa déclaration de candidature sur France 3 Normandie, début décembre:
Mieux connaître Camille Galap
Pour mieux cerner la personnalité de Camille Galap, nous l'avons soumis, comme tous les candidats ultramarins que nous rencontrons dans cette campagne des municipales, au questionnaire de La1ere.fr. Quels lieux symboliques sont les plus importants à ses yeux dans sa ville, en outre-mer et dans l'hexagone ; quel est le plus grand président de la Vème République selon lui ; quelle est sa devise et quelle serait sa première décision s'il était élu maire du Havre ? Si son personnage historique de référence est Nelson Mandela, écoutez ses autres réponses au questionnaire:
Galap questionnaire
Le clip de campagne de Camille Galap, qui se trouve également sur son site internet, ainsi que sur sa page facebook :
Une équipe enthousiaste !
Autour de Camille Galap, une équipe de militants enthousiastes se mobilise pour effectuer du porte à porte. En décembre, il s'agissait d'inciter les Havrais à s'inscrire sur les listes électorales. A partir de janvier, c'est le début de la dernière ligne droite. Les militants bondissants sont prêts à faire le grand saut. Camille Galap leur donne même un surnom: les "Galap à gauche" :-)
Quant à son slogan de campagne, c'est un clin d'oeil à la loi-symbole du quinquennat Hollande: la "Mairie pour tous".