Le 20 Janvier 2003 Edith Lefel s'éteignait en pleine nuit après avoir été victime d'un malaise cardiaque à son domicile près de Dreux dans l'Eure et Loir. Elle était alors au faîte de sa gloire. Onze ans après, notre confrère Louis-Gérard Salcede nous livre un témoignage sur cette disparition.
Un déchirement, une douleur. Pourquoi ? Pourquoi elle ? La disparition brutale d’un être cher nous plonge dans cet abîme du pourquoi. Dans le cas d'Edith Lefel, sa célébrité s'est conjuguée au drame : lorsqu'elle est morte le métro à Paris était tapissé d'affiches annonçant son prochain concert à l'Olympia.
Quelques semaines avant sa disparition, Edith Lefel était venue à RFO à Malakoff. Au pied de l'ascenseur, je la croise et alors que je n' osais la ralentir elle m'arrête et me dit : "Comment vas tu ?". Avec son beau sourire, elle me parle de son dernier CD et de son futur spectacle. Et termine en me disant "Prends soin de toi".
Tout Edith Lefel était là, une féminité, une grâce de tous les instants, une attention pour chacun, un art de vivre et une présence créole au monde.
Elle était lumineuse, elle vous parlait et vous sentiez comme un halo de bonté qui vous enveloppait.
Ainsi, lorsque tôt un matin de janvier 2003 la rumeur a couru qu'elle était morte ce fut terrible. Comment, elle ? Si attachante, si jeune (39 ans), si gentille ?
Ce jour là, un tremblement de terre atteint toute la communauté antillo-guyanaise de l'Hexagone et de la Caraïbe. Dans les jours qui ont suivi, il fallait voir les uns et les autres, bravant le froid, faire la queue pour se recueillir devant sa dépouille à Paris. Le jour de son enterrement, que je commentais en direct pour les radios de RFO, des milliers de personnes étaient là, en l'église Saint-Sulpice, à Paris, et le parvis était rempli de fans, de personnes de tous âges venus rendre hommage à la "Sirène" celle qui avait chanté avec Malavoi et Ronald Rubinel.
Au cours de la cérémonie, le père Dauphin s'était exprimé en créole, les chants et les tambours de la Caraibe avaient raisonné au coeur du quartier latin. Ce qui me fit dire, à l'époque que la mort d'Edith était l'événement le plus signifiant, pour nous ultramarins de l'Hexagone, après la marche du 23 mai 1998 à Paris.
Née en Guyane, d’une mère guyanaise et d’un père martiniquais, Edith aimait à dire qu'elle était une caribéenne. Elle adorait la Guadeloupe, qui le lui rendait bien, et se définissait comme une citoyenne du monde, elle qui avait aussi grandi en France.
Edith était une antillo-guyanaise, enfant de cette période de transition entre l’après-guerre, la période de forte migration, et la crise économique des années 1980. Sa musique rayonnait dans le sillage Kassav et de Malavoi qui avaient magistralement ouvert la voie des nouvelles sonorités créoles. Dans les chansons d'Edith, on entendait tout cela, la biguine, le zouk, la chanson française, le son world.
Edith remplissait les salles, et voyageait entre la Guyane, la Martinique, la Guadeloupe, et Paris, déchirée comme nous tous souvent, entre famille ici et là-bas.
Son talent, sa voix, exceptionnelle, de femme debout, nous parlait et nous ne cessions, à l'époque, de regretter qu'elle ne fût pas exposée sur les "grands médias nationaux".
La veille de sa mort, Edith Lefel se plaignait d'une douleur très forte à l'estomac depuis plusieurs jours comme l'a relaté la journaliste et écrivain Marie-Line Ampigny (dans "Edith Lefel, flamme créole" ) qui l'avait eue au téléphone ce jour là.
Edith, était aussi en situation de stress intense avant l'Olympia, la salle où elle devait rejouer (après un premier passage en 1996) et où avait triomphé Edith Piaf qu’elle tenait pour sa référence.
Edith est morte d'une crise cardiaque et aujourd'hui on peut toujours se poser la question du rôle éventuel des coupe faim, elle qui tenait tant à sa ligne, dans sa disparition.
Mais au delà de ça, et de cette volonté légitime de savoir et de comprendre, Edith Lefel nous a laissé un immense héritage musical.
J'avoue que je n’avais pas compris le sens de la couverture du CD "Si Seulement" où Edith était toute de blanc vêtue comme un ange. A l'annonce de sa disparition, je me suis dit "voilà, elle avait envoyé un message et tu n'as pas vu."
Tout était dit en fait dans "Si seulement"... Ce titre était prémonitoire.
Il n'est qu'à regarder le clip, où l 'on voit Edith en ange et en blanc d'abord, puis des bougies, une robe noire pour finir.... Edith avait senti, en artiste hypersensible, qu'elle allait partir ... Et même aujourd'hui encore, je l'avoue, j'ai du mal à entendre ce titre, la douleur est encore là.
Durant mon reportage, en direct sur les radios de RFO, je n'arrivais pas à réprimer mes sanglots et mes émotions que j'aurais dû taire par devoir d'objectivité journalistique. Dans la foule de l'église la communion était à son comble, les cris fendaient le silence, j'ai vu une femme s'évanouir sous mes yeux. Ce jour là, nous perdions une grande artiste, une femme qui nous parlait quand nous l'écoutions, comme une amie, comme une cousine, comme une sœur, comme une mère.
Une grâce de tous les instants
Quelques semaines avant sa disparition, Edith Lefel était venue à RFO à Malakoff. Au pied de l'ascenseur, je la croise et alors que je n' osais la ralentir elle m'arrête et me dit : "Comment vas tu ?". Avec son beau sourire, elle me parle de son dernier CD et de son futur spectacle. Et termine en me disant "Prends soin de toi".
Tout Edith Lefel était là, une féminité, une grâce de tous les instants, une attention pour chacun, un art de vivre et une présence créole au monde.
Elle était lumineuse, elle vous parlait et vous sentiez comme un halo de bonté qui vous enveloppait.
Ainsi, lorsque tôt un matin de janvier 2003 la rumeur a couru qu'elle était morte ce fut terrible. Comment, elle ? Si attachante, si jeune (39 ans), si gentille ?
Un tremblement de terre
Ce jour là, un tremblement de terre atteint toute la communauté antillo-guyanaise de l'Hexagone et de la Caraïbe. Dans les jours qui ont suivi, il fallait voir les uns et les autres, bravant le froid, faire la queue pour se recueillir devant sa dépouille à Paris. Le jour de son enterrement, que je commentais en direct pour les radios de RFO, des milliers de personnes étaient là, en l'église Saint-Sulpice, à Paris, et le parvis était rempli de fans, de personnes de tous âges venus rendre hommage à la "Sirène" celle qui avait chanté avec Malavoi et Ronald Rubinel.
Au cours de la cérémonie, le père Dauphin s'était exprimé en créole, les chants et les tambours de la Caraibe avaient raisonné au coeur du quartier latin. Ce qui me fit dire, à l'époque que la mort d'Edith était l'événement le plus signifiant, pour nous ultramarins de l'Hexagone, après la marche du 23 mai 1998 à Paris.
Née en Guyane, d’une mère guyanaise et d’un père martiniquais, Edith aimait à dire qu'elle était une caribéenne. Elle adorait la Guadeloupe, qui le lui rendait bien, et se définissait comme une citoyenne du monde, elle qui avait aussi grandi en France.
Créole et citoyenne du monde
Edith était une antillo-guyanaise, enfant de cette période de transition entre l’après-guerre, la période de forte migration, et la crise économique des années 1980. Sa musique rayonnait dans le sillage Kassav et de Malavoi qui avaient magistralement ouvert la voie des nouvelles sonorités créoles. Dans les chansons d'Edith, on entendait tout cela, la biguine, le zouk, la chanson française, le son world.
Edith remplissait les salles, et voyageait entre la Guyane, la Martinique, la Guadeloupe, et Paris, déchirée comme nous tous souvent, entre famille ici et là-bas.
Son talent, sa voix, exceptionnelle, de femme debout, nous parlait et nous ne cessions, à l'époque, de regretter qu'elle ne fût pas exposée sur les "grands médias nationaux".
La veille de sa mort, Edith Lefel se plaignait d'une douleur très forte à l'estomac depuis plusieurs jours comme l'a relaté la journaliste et écrivain Marie-Line Ampigny (dans "Edith Lefel, flamme créole" ) qui l'avait eue au téléphone ce jour là.
Edith, était aussi en situation de stress intense avant l'Olympia, la salle où elle devait rejouer (après un premier passage en 1996) et où avait triomphé Edith Piaf qu’elle tenait pour sa référence.
Edith est morte d'une crise cardiaque et aujourd'hui on peut toujours se poser la question du rôle éventuel des coupe faim, elle qui tenait tant à sa ligne, dans sa disparition.
Mais au delà de ça, et de cette volonté légitime de savoir et de comprendre, Edith Lefel nous a laissé un immense héritage musical.
J'avoue que je n’avais pas compris le sens de la couverture du CD "Si Seulement" où Edith était toute de blanc vêtue comme un ange. A l'annonce de sa disparition, je me suis dit "voilà, elle avait envoyé un message et tu n'as pas vu."
Si seulement
Tout était dit en fait dans "Si seulement"... Ce titre était prémonitoire.
Il n'est qu'à regarder le clip, où l 'on voit Edith en ange et en blanc d'abord, puis des bougies, une robe noire pour finir.... Edith avait senti, en artiste hypersensible, qu'elle allait partir ... Et même aujourd'hui encore, je l'avoue, j'ai du mal à entendre ce titre, la douleur est encore là.
Durant mon reportage, en direct sur les radios de RFO, je n'arrivais pas à réprimer mes sanglots et mes émotions que j'aurais dû taire par devoir d'objectivité journalistique. Dans la foule de l'église la communion était à son comble, les cris fendaient le silence, j'ai vu une femme s'évanouir sous mes yeux. Ce jour là, nous perdions une grande artiste, une femme qui nous parlait quand nous l'écoutions, comme une amie, comme une cousine, comme une sœur, comme une mère.