Profanation d'une mosquée à Mayotte: une délégation à Paris ce jeudi

Profanation d'une mosquée à Mayotte, la marche de protestation.
Des représentants des musulmans de Mayotte, choqués par le "silence" qui a entouré la profanation d'une mosquée dans ce département, se rendent dans l'Hexagone à partir de jeudi pour être reçus au ministère de l'Intérieur et par les autorités religieuses.

Dans la nuit du réveillon, une tête de porc a été déposée devant la mosquée de Dzaoudzi Labattoir, dans cet archipel musulman dans sa quasi totalité. Trois personnes --un gendarme et son épouse, ainsi que la femme d'un autre militaire -- ont été interpellées et seront jugées fin février. Outre le préfet de Mayotte et le ministre des Outre-mer, peu de voix s'étaient élevées pour condamner cet acte.


"Aucun soutien du CFCM"


La délégation, qui compte notamment le Grand Cadi de Mayotte Bacar Nourdine et le représentant de la mosquée profanée Djoumoi Ahmed, "souhaite venir en métropole pour rappeler que Mayotte est une terre française, et que les musulmans doivent bénéficier de l'attention au même titre que les autres cultes de la France métropolitaine", a déclaré à Me Saïd Larifou, conseiller juridique, regrettant les "émotions sélectives des autorités".

"Les gens ont l'impression que leur douleur n'a pas eu l'écho que cela aurait du avoir notamment au niveau des autorités nationales et même au niveau du CFCM (conseil français du culte musulman) dont nous n'avons reçu aucun soutien", a déploré Me Larifou.
Outre le ministère de l'Intérieur et les autorités musulmanes, des audiences ont été demandées auprès du diocèse de Paris (catholiques) et du Crif (juifs), pour "demander le soutien de tous les cultes".

"Dans un département à 95% musulman, heureusement que la population a fait preuve d'une dignité exemplaire, très contenue (lors des deux manifestations les 4 et 12 janvier, ndlr) car sous d'autres cieux, cela se serait traduit par des émeutes", a souligné Me Larifou.

Une agression contre l'islam et la République

Personne ne s'y attendait! Voir des actes d'islamophobie sur un territoire à majorité musulmane, où la tolérance a toujours été la règle,non !", s'est exclamé le député PS Ibrahim Aboubacar, qui fait part de la "grande attente de justice" dans la population.
Pour le porte-parole des cadis (juges musulmans) Elmamouni Mohamed Nassur, "il faut que la loi s'applique et que ceux qui ont agressé l'islam mais aussi la République soient jugés et sanctionnés". Le procès en correctionnel des trois métropolitains est prévu pour le 26 février à Mamoudzou.


"Seule l'exemplarité de la peine constituera le facteur de paix que nous avons toujours eu ici", a souligné M. Mohamed Nassur. Il a rappelé quelques chiffres: Mayotte compte environ 250.000 habitants, 95% sont musulmans, 90% sont pratiquants. L'archipel compte quelque 600 mosquées, dont la plus ancienne date du XIIe siècle. "L'islam mahorais est modéré, tolérant, il y a toujours eu une cohabitation sereine et paisible avec les autres religions", a-t-il insisté.