"L’enfermement des sans-papiers n'est pas une exception", dénoncent plusieurs associations dans un rapport sur les centres de rétention administrative, rendu public ce mardi. Elles s’inquiètent aussi de l’augmentation des expulsions en 2013, dont la moitié ont lieu en Outre-mer.
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La France n'a pas changé de cap en matière de rétention et d'expulsion des sans-papiers en 2013, première année pleine de la présidence Hollande, selon plusieurs associations. Dans un rapport rendu public ce mardi, elles demandent une réforme de cette "machine folle"
C'est pour les associations une déception, alors que le candidat Hollande avait estimé que la rétention devait devenir "l'exception" une fois les autres alternatives épuisées. "Le recours à la rétention administrative n'est pas devenu "l'exception" : il reste un instrument banal de procédure", déplorent-elles.
Les associations dénoncent toutefois "l'absurdité" de ces pratiques, notamment en Outre-mer qui représente plus de la moitié des expulsions (retrouvez en bas de page l’extrait du rapport consacré à l’Outre-mer). "Très souvent, cela vise à éloigner des voisins qui reviennent facilement", note M. Rohi, en donnant l'exemple d'un migrant passé 30 fois par le centre de rétention de Cayenne.
"On peut se demander si cette énorme machine à expulser n'est pas devenue un peu folle", note M. Rohi. Les associations s'inquiètent particulièrement de la "nette augmentation" du nombre de mineurs placés en rétention, qui étaient plus de 3.600 en 2013 (contre 2.674 l'année précédente), dont plus de 3.400 à Mayotte. (En 2012, le candidat Hollande s’était pourtant engagé à mettre fin à la rétention des enfants.) David Rohi souligne par ailleurs le caractère "complètement inadapté" du centre de rétention de Mayotte. Ecoutez-le ci-dessous, interviewé par Tiziana Marone pour Radio Outre-mer 1ère :
Soulignant les difficultés pour les sans-papiers de faire valoir leurs droits, puisque 54% des personnes expulsées n'ont pas pu voir un juge en métropole (99% en Outre-mer !), les associations appellent sans trop d'illusions à revoir le projet de loi sur l'immigration, qui doit être examiné au premier semestre 2015.
A lire ci-dessous, l’extrait portant sur l'Outre-mer du rapport 2013 :
Le recours à la rétention administrative n’est pas une exception
L'an dernier, plus de 45.000 personnes ont été enfermées en centre de rétention administrative (CRA), ont noté mardi 18 novembre dans leur rapport annuel les associations habilitées à intervenir dans ces lieux (Assfam, Forum-Réfugiés-Cosi, France Terre d'Asile, Cimade et Ordre de Malte), soit un petit recul par rapport à l'année précédente (47.000).C'est pour les associations une déception, alors que le candidat Hollande avait estimé que la rétention devait devenir "l'exception" une fois les autres alternatives épuisées. "Le recours à la rétention administrative n'est pas devenu "l'exception" : il reste un instrument banal de procédure", déplorent-elles.
Pratiques "absurdes", notamment en Outre-mer
"On ne faisait pas d'angélisme mais on sort de dix années de recul des droits et on n'a aucun changement", assure David Rohi, de la Cimade. La hausse des retours forcés (+15%) notamment, alors que les aides au retour sont en chute libre, inquiète les associations. Plus de 44.000 personnes ont fait l'objet d'un éloignement forcé en 2013, contre 39.000 environ en 2012.Les associations dénoncent toutefois "l'absurdité" de ces pratiques, notamment en Outre-mer qui représente plus de la moitié des expulsions (retrouvez en bas de page l’extrait du rapport consacré à l’Outre-mer). "Très souvent, cela vise à éloigner des voisins qui reviennent facilement", note M. Rohi, en donnant l'exemple d'un migrant passé 30 fois par le centre de rétention de Cayenne.
Tout en présentant la porosité des frontières comme une contrainte forte justifiant la lutte contre l’immigration irrégulière, les préfectures d’Outre-mer en tirent largement parti pour réaliser des milliers d’expulsions et ainsi alimenter l’illusion d’une action renforcée de l’Etat.
(Extrait du rapport 2013 sur les centres de rétention administrative)
De très nombreux mineurs enfermés à Mayotte avant d’être expulsés
"On peut se demander si cette énorme machine à expulser n'est pas devenue un peu folle", note M. Rohi. Les associations s'inquiètent particulièrement de la "nette augmentation" du nombre de mineurs placés en rétention, qui étaient plus de 3.600 en 2013 (contre 2.674 l'année précédente), dont plus de 3.400 à Mayotte. (En 2012, le candidat Hollande s’était pourtant engagé à mettre fin à la rétention des enfants.) David Rohi souligne par ailleurs le caractère "complètement inadapté" du centre de rétention de Mayotte. Ecoutez-le ci-dessous, interviewé par Tiziana Marone pour Radio Outre-mer 1ère :Soulignant les difficultés pour les sans-papiers de faire valoir leurs droits, puisque 54% des personnes expulsées n'ont pas pu voir un juge en métropole (99% en Outre-mer !), les associations appellent sans trop d'illusions à revoir le projet de loi sur l'immigration, qui doit être examiné au premier semestre 2015.
A lire ci-dessous, l’extrait portant sur l'Outre-mer du rapport 2013 :