En Nouvelle-Calédonie, l'usine du Nord tourne au ralenti. En cause ? Des failles de conception, auxquelles s'ajoute une chute sans fin des cours du nickel. Pourtant, le géant minier Glencore l'assure : il ne quittera pas le site minier du Koniambo.
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En Nouvelle-Calédonie, les déboires de l'usine du Nord (KNS), sur le site minier du Koniambo, dont Glencore détient 49 %, empêchent le géant des matières premières de monter en puissance. La facture serait lourde : près de 100 millions d'euros à la charge de la multinationale qui a financé 95 % du complexe. Des recours judiciaires contre les concepteurs indiens et chinois des fours de l'usine seraient envisagés.
La direction de Glencore en Suisse indique à La1ère : "Nous assumons parfaitement le coût d'une réparation longue et complexe". Glencore dément par ailleurs tout désengagement du Koniambo : "Nous avons investi une somme colossale dans ce projet prioritaire, nous déplorons les erreurs de conception de nos prédécesseurs, mais nous ne renoncerons pas".
Une analyse que partage Stephen Briggs, analyste à la bourse des métaux de Londres (LME): "Glencore est le numéro un mondial des matières premières. Avec un chiffre d'affaires de 141 milliards d'euros, il peut absorber la nouvelle facture des réparations de l'usine du Nord". L'évolution des cours mondiaux du nickel constitue toutefois une menace réelle : "La demande est faible, les stocks sont énormes et trois nouvelles usines vont entrer en production : deux au Brésil et une en Nouvelle-Guinée."
Les projections sont inquiétantes. Philippe Chalmin comme Stephen Briggs n'excluent pas un nouveau krach et un plongeon du nickel sous la barre des 10 000 dollars la tonne (la tonne de métal est passée de 54 000 dollars en 2007 à 12 500 dollars aujourd'hui, ndlr). Les catalyseurs en seraient la levée de l'embargo indonésien et la montée en puissance du Nickel Pig Iron, un nickel de récupération chinois.
Aujourd'hui, Didier Julienne estime que l'on a peut-être touché le fond : "Il n'est pas exclu que toutes les mauvaises nouvelles soient désormais connues, et que l'on assiste d'ici la fin de l'année à une reprise sur des bases plus saines." En revanche, si la situation n'évoluait pas, avec un nickel sous la barre des 13 000 dollars, seuls les plus forts survivraient. A titre d'exemple, l'usine off-shore coréenne SMSP-POSCO (dont le coût de production est inférieur à 12 000 dollars en février 2015) semble s'être adaptée aux tourments mondiaux du nickel et des matières premières.
La direction de Glencore en Suisse indique à La1ère : "Nous assumons parfaitement le coût d'une réparation longue et complexe". Glencore dément par ailleurs tout désengagement du Koniambo : "Nous avons investi une somme colossale dans ce projet prioritaire, nous déplorons les erreurs de conception de nos prédécesseurs, mais nous ne renoncerons pas".
Forces et faiblesses de Glencore
En 2014, l'usine du Koniambo a produit 14 000 tonnes de ferronickel. La production est revue à la baisse pour 2015 avec 15 000 tonnes contre 40 000 envisagées. A l'échelle de la multinationale anglo-suisse, les déboires de l'usine du Nord ne sont pas catastrophiques. En effet, dans le contexte actuel de sous-rentabilité du nickel, si l'usine du Koniambo produit moins que prévu, elle limitera ses pertes.Une analyse que partage Stephen Briggs, analyste à la bourse des métaux de Londres (LME): "Glencore est le numéro un mondial des matières premières. Avec un chiffre d'affaires de 141 milliards d'euros, il peut absorber la nouvelle facture des réparations de l'usine du Nord". L'évolution des cours mondiaux du nickel constitue toutefois une menace réelle : "La demande est faible, les stocks sont énormes et trois nouvelles usines vont entrer en production : deux au Brésil et une en Nouvelle-Guinée."
Le nickel dans la spirale
Philippe Chalmin, professeur d'histoire économique, évoque lui aussi "une situation très, très mauvaise". "J'ai toujours mis en garde contre la malédiction des matières premières et leur versatilité, explique-t-il. Sur le court terme, je ne vois pas de remontée possible des cours et la chute n'est peut-être pas finie." De son côté, la banque australienne MacQuarie reconnaît aujourd'hui avoir mal jugé les fondamentaux du nickel et s'être trompée dans ses prévisions. On voit donc mal comment la Nouvelle-Calédonie pourrait échapper à la conjoncture. Au cours actuel et avec un coût de production de 17 000 dollars, un producteur de 55 000 tonnes accuserait une perte annuelle de 150 millions d'euros !Les projections sont inquiétantes. Philippe Chalmin comme Stephen Briggs n'excluent pas un nouveau krach et un plongeon du nickel sous la barre des 10 000 dollars la tonne (la tonne de métal est passée de 54 000 dollars en 2007 à 12 500 dollars aujourd'hui, ndlr). Les catalyseurs en seraient la levée de l'embargo indonésien et la montée en puissance du Nickel Pig Iron, un nickel de récupération chinois.
La spéculation a trompé les Calédoniens
Didier Julienne est l'expert industriel des matières premières : "Pour 2014, j'avais vu juste avec un cours entre 16 000 et 18 000 dollars la tonne, en tempérant les prévisions haussières des banquiers. Un trompe-l'œil auquel ont succombé des producteurs de nickel calédoniens." Cette spéculation a provoqué un cataclysme lorsqu'il est apparu que la demande fondait comme peau de chagrin et que les stocks débordaient.Aujourd'hui, Didier Julienne estime que l'on a peut-être touché le fond : "Il n'est pas exclu que toutes les mauvaises nouvelles soient désormais connues, et que l'on assiste d'ici la fin de l'année à une reprise sur des bases plus saines." En revanche, si la situation n'évoluait pas, avec un nickel sous la barre des 13 000 dollars, seuls les plus forts survivraient. A titre d'exemple, l'usine off-shore coréenne SMSP-POSCO (dont le coût de production est inférieur à 12 000 dollars en février 2015) semble s'être adaptée aux tourments mondiaux du nickel et des matières premières.