Après le plastique, l’expédition 7e continent prévoit de partir à la source des sargasses

Patrick Deixonne, fondateur de l'Expédition 7e continent au Rugby club à Paris, le 24 juin 2015
De passage à Paris, le navigateur Patrick Deixonne rentre de sa dernière exploration dans la mer des sargasses dans l’Atlantique nord. Malgré une mer agitée, il a pu constater la présence toujours aussi forte de plastique en mer. Il a été frappé par l’abondance des algues en chemin.  
Une mine superbe, le visage tanné par le soleil et les embruns, Patrick Deixonne fondateur de l’Expédition 7e continent rentre de son dernier périple avec plus de questions que de certitudes. Du 15 mai au 18 juin, l’explorateur a arpenté l’Atlantique Nord à bord du Guyavoile avec une équipe de scientifiques.  La première semaine a été marquée par des rencontres avec les enfants en Martinique, en Guadeloupe, à la Dominique, à Saint-Martin et Saint-Barthélémy.

Volet pédagogique de l'Expédition 7e continent : Patrick Deixonne parle devant des écoliers.


Un bon déchet est celui qui n'existe pas                          

« Quand les écoliers voient arriver une équipe d’explorateurs, de scientifiques, de marins, ils sont émerveillés. Et nous sentons bien que le message passe », confie Patrick Deixonne à La1ère. Un bon déchet est celui qui n’existe pas. 80 % de ces déchets viennent des continents. Le navigateur n’arrive pas à se résoudre à cette pollution en mer qui s’accumule dans les cinq grands gyres à travers la planète.
 
Les cinq gyres où se concentrent les déchets plastiques (Océan Indien, Pacifique Nord et Sud, Atlantique Nord et Sud)


Des sargasses en masse

Mais ce qui a le plus surpris Patrick Deixonne lors de cette dernière expédition, c’est la présence massive de sargasses en mer, pendant 300 km au large de la Martinique et de la Guadeloupe. « En quittant les Antilles, nous avons vu des nappes, puis des bandes d’algues sargasses. C’est gênant pour la navigation à voile, explique Patrick Deixonne à La1ère. En 25 ans de Guyane au large de laquelle j’ai beaucoup navigué, je n’avais jamais vu ça, souligne le marin. Même les anciens n’en reviennent pas », ajoute-t-il.

Banc d'algues sargasses
 

Des échantillons de sargasses envoyés à Brest

Du coup, l’explorateur envisage une prochaine expédition dans l’Atlantique sud, à la source des algues sargasses qui déferlent sur les côtes des Antilles et de la Guyane. « Curieusement, dans la mer des sargasses à proprement parler, nous n’avons pas observé de concentrations d’algues sargasses, précise Patrick Deixonne. Toutefois, nous avons bien pris soin de prélever tout au long de notre chemin des échantillons d’algues qui ont été envoyés à l’Institut universitaire européen de la mer à Brest ».
 
Echantillons d'algues sargasses prélevés par l'équipe de l'Expédition 7e continent


Prochaine expédition dans l'Atlantique sud ?

Patrick Deixonne aimerait lancer une nouvelle expédition en février 2016 dans l'Atlantique sud, dans ce que certains scientifiques appellent désormais la petite mer des sargasses. Cette expédition couplerait étude de la pollution de plastique en mer et recherche sur les sargasses. L’explorateur espère s’appuyer sur un financement européen de type Interreg. Il a été frapper à la porte de la Région Martinique  où il a rencontré Serge Letchimy, le président ainsi que Chantal Maignan, la responsable du dossier sargasses.
 

Origine des algues sargasses

Patrick Deixonne travaille aussi en collaboration avec une entreprise bretonne, Algopack qui transforme les algues en bio plastique. Seulement voilà, avant de monter une usine de transformation aux Antilles, il faudrait en savoir un peu plus sur ces arrivées massives d’algues sargasses. Et pour l'instant, il reste beaucoup d'interrogations concernant l'origine et la prolifération de ces algues.