La commission pour les Réunionnais de la Creuse verra le jour le 18 février

De gauche à droite: Philippe Vitale, Valérie Andansson et Jean-Charles Pitou devant le ministère des outre-mer
Annoncée depuis le 18 février 2014, la commission pour les Réunionnais de la Creuse devrait enfin voir le jour le 18 février 2016. C'est la promesse qu'a faite le ministère des Outre-mer aux associations d'anciens enfants déportés, venus demander des comptes rue Oudinot. 
Ils sont en colère et tiennent à se faire entendre. Ce lundi 4 janvier, Jean-Charles Pitou, président de l'association Génération Brisée, Valérie Andanson, vice-présidente de l'association Rasinn Anler et le sociologue Philippe Vitale se sont présentés au Ministère des Outre-mer. Tous trois sont de fervents défenseurs de la cause des Réunionnais de la Creuse, ces enfants déplacés depuis la Réunion vers l'Hexagone dans les années 60 et 70, et séparés de leurs familles.  Au total environ 1 600 enfants ont été concernés. Certains d'entre eux n'ont, jusqu'à ce jour, jamais pu revoir la Réunion.  
 

"Depuis deux ans il ne se passe rien"

Le 18 février 2014, pour la première fois, sous l'impulsion de la députée de la Réunion Ericka Bareigts, l'Etat reconnaissait une responsabilité morale dans ces déracinements forcés. "Cela fait près de deux ans et depuis, il ne s'est rien passé, proteste Jean-Charles Poitou. Nous passons notre temps à nous déplacer et à recommencer les mêmes démarches, sans résultats. Nous sommes fatigués".
 
Tous trois ont été reçus pendant plus d'une heure par Barbara Jean-Elie, la conseillère culture et vie associative de George Pau-Langevin. De cette rencontre est sortie une promesse: la création d'une commission pour les Réunionnais de la Creuse;  et une date: le 18 février 2016, soit deux ans jour pour jour après l'adoption de la résolution par les députés.
 

 "Nous voulons que notre histoire soit reconnue crime contre l'enfance"

"Cette commission comprendra des experts, des sociologues et des historiens, des personnes qui connaissent la Réunion et qui connaissent notre histoire", souligne Valérie Andanson, également en charge de la communication d'une fédération regroupant trois associations de Réunionnais de la Creuse (Rasinn Anler, Génération Brisée et Couleur piment créole).
 
De cette commission, les enfants de la Creuse attendent tout d'abord des billets d'avion permettant aux Réunionnais déracinés depuis parfois plusieurs décennies de retourner sur les lieux de leur enfance.

" Il faut que nos compatriotes puissent enfin retourner une fois dans leur vie sur leur île natale avant de mourir, poursuit Valérie Andanson.  Nous demandons également des réparations financières, que notre histoire soit reconnue crime contre l'enfance".













Autre revendication: l'accès pour chacun des enfants déportés à son dossier complet.  " Certains éléments ont été vidés ou détruits. Nous voulons avoir accès à l'ensemble des documents nous concernant, que ce soit aux archives de la Réunion ou en métropole".
 

Un budget non défini

Philippe Vitale, futur membre de la commission le reconnaît: cette dernière devra répondre à de nombreuses attentes, autant symboliques et financières que juridiques. Reste la question de son budget, à ce jour non défini. "Les experts contactés et pressentis pour faire partie de cette commissions restent en attente de garanties de pouvoir faire le travail, explique le sociologue. Je suis fonctionnaire d'Etat. Je ne souhaite aucune indemnisation financière. En revanche, je demande du temps,  sous la forme d'une décharge de mon service d'enseignement,  pour mener à bien ce travail. Cette affaire mérite d'être prise très au sérieux, et pour la traiter en 24 mois, il faut s'en donner le temps".
 
 
Du temps et de l'argent, véritables garanties de l'efficacité de la commission. Et si cette dernière se révèle être une coquille vide, les associations n'en resteront pas là. "Si cela n'avance pas, nous ferons une grève de la faim devant le ministère, assure Jean-Charles Pitou. Nous en avions déjà brandi la menace, et nous le ferons. Cela fait cinquante ans qu'on nous promet des choses, cela ne peut plus durer."