A La Réunion, les producteurs de thé se mobilisent pour une reconnaissance de la filière du thé français [Planète Outre-mer]

Labyrinthe en Champ Thé
Le thé est la deuxième boisson la plus consommée au monde. La production de thé français est née à la Réunion et se développe depuis quelques années dans l'Hexagone. En 2021, la profession a lancé une association. Aujourd'hui, sa mobilisation se renforce pour une meilleure reconnaissance afin d'être mieux prise en charge en cas de cyclone.

Les agriculteurs de la Réunion ont été particulièrement touchés par les cyclones Batsiraï et Emnati survenus en février dernier. Rassurant, le ministre des Outre-mer a annoncé une série de mesures pour les aider. Les sinistrés ont jusqu’au 31 mars pour présenter leurs dossiers d’indemnisations. Dans le Sud de l'île, les exploitations ont beaucoup souffert.

Nous avons subi des vents entre 130 et 140 km/h. Tous nos théiers ont été effeuillés. Nous avons perdu au moins deux récoltes sur les neuf que nous faisons habituellement chaque année

Emmanuelle Guichard, productrice de thé au Labyrinthe en Champ Thé

Emmanuelle Guichard devant les théiers du Labyrinthe en Champ thé qui ont perdu leurs feuilles lors du passage des cyclones de févriers 2022.

Les producteurs de thé ne pourront toutefois pas obtenir toutes les aides dont ils auraient pu bénéficier. Et pour cause, leur production n’est pas reconnue comme une filière agricole à part entière. Le thé est à la Réunion classé dans les PAM, les Plantes aromatiques et médicinales. 

Après 9 ans de bataille durant lesquels l’administration nous disait qu’on faisait de la friche, notre production de thé a été reconnue mais le thé est classé dans les plantes aromatiques et médicinales à la Réunion

Emmanuelle Guichard, productrice de thé

Emmanuelle et Johny Guichard sont les premiers producteurs de thé français. Installés dans le Sud de l’île, dans le village de Grand Coude à 1100 mètres d’altitude, ils ont relancé sa culture depuis 2003. Aujourd’hui, le thé représente 70 % du chiffre d'affaires du Labyrinthe en Champ Thé qui embauche six salariés agricoles. En tout, c'est plus de 1500 heures de travail par an. 

Johny Guichard, producteur de thé au Labyrinthe en champ thé à la Réunion

Une association pour obtenir la reconnaissance d’une filière des producteurs de thé français

Depuis quelques années, la culture de cette plante se développe également en France hexagonale. Il existe en tout une trentaine de planteurs dont quatre transformateurs soit des cultivateurs qui comme le Labyrinthe en Champ Thé de la Réunion transforment leur récolte en thé prêt à consommer.

En 2021, avec les autres professionnels du thé français, Emmanuel et Johny Guichard ont décidé de se fédérer en créant l’Association nationale pour la valorisation des producteurs de thé français. L’objectif est de valoriser la production de thé et ce savoir-faire encore nouveau en France.

L’idée est vraiment d’obtenir la reconnaissance d’une filière à part entière. On a bon espoir : le thé est la deuxième boisson au monde !

Jeremy Tamen, président de l’Association nationale pour la valorisation des producteurs de thé français

Jérémy Tamen est le président de l'association nationale pour la valorisation des producteurs de thé français

Les adhérents de l’association doivent signer une charte de bonne conduite. Celle-ci les engage à réaliser une production de thé saine, propre et respectueuse de l’environnement. L’association a également déposé un label "Le label de thé de France".   

Ce label permet de garantir une origine de production et une origine de transformation. Ce label permet surtout de mieux valoriser cette filière car pour l’instant, les producteurs de thé n’ont pas d’aides en cas de sinistres.

Jérémy Tamen, président de l'Association nationale pour la valorisation des producteurs de thé français

Les producteurs français pourraient entamer des démarches auprès du ministère de l’Agriculture et de l’alimentation pour faire reconnaître cette culture et cette filière du thé français. Une démarche qui leur permettrait par ailleurs d'obtenir en cas de catastrophe une meilleure prise en charge de l’État.