À Mayotte, une micro-unité de potabilisation d'urgence face à la pénurie d'eau

Depuis début septembre, l'eau est coupée deux jours sur trois pour faire face à la pénurie. L'unité de potabilisation ne répondra qu'aux besoins d'urgence, en alimentant les établissements de santé par exemple, et ne fournira pas le réseau public.

À Mayotte, qui subit l'une des pires pénuries d'eau de son histoire, les autorités ont présenté mardi une installation servant à "potabiliser de l'eau douce" près de la rivière Coconi, au centre de l'île, mais qui ne répondra toutefois qu'aux besoins d'urgence. Sur le territoire, où les réserves s'amenuisent et ne pourront bientôt couvrir que 25 à 50% des besoins, quarante militaires de la formation militaire de la sécurité civile (ForMiSC) sont arrivés vendredi pour "aider à la production et à la distribution d'eau sur le territoire".

Leur unité de potabilisation - qui ne sera pas reliée au réseau d'eau - pourra produire "jusqu'à 200 m3" par jour, pour remplir les 15 citernes-cuves arrivées sur le territoire pour des besoins d'urgence. "Certaines de ces cuves pourront servir à alimenter les établissements de santé en cas de rupture", précise Gilles Cantal, le préfet chargé de l'eau à Mayotte.

Le reste du temps, elles seront stockées dans les locaux du régiment du service militaire adapté (RSMA), à Combani, à 10 kilomètres. L'unité produira alors "environ 20m3 quotidiennement, pour continuer à faire fonctionner le matériel", indique le commandant Luc, de la ForMiSC.  Mais il n'est pas prévu que l'eau produite alimente le réseau public.

"Alerte maximale"

Le manque de pluie à Mayotte assèche ses deux retenues collinaires qui représentent 80% de la ressource. "Actuellement, le taux de remplissage de la retenue de Dzoumogné (au nord) est de 8% et celui de Combani, de 17%", contre respectivement 71 et 95% l'an dernier à la même époque, indique la préfecture.

Depuis le 4 septembre, les habitants sont privés d'eau deux jours sur trois pour "préserver cette ressource et tenir jusqu'en novembre", expliquait le préfet de Mayotte Thierry Suquet, à l'annonce de ces restrictions. Malgré cela, la consommation de la population - estimée à 43.000 m³ par jour en temps normal - peine à descendre en dessous des 30.000 m³.

Lorsque la vidange des deux retenues collinaires sera complète, seules les eaux souterraines - qui représentent 15 % de la ressource - et la production de l'usine de dessalement - qui couvre 5 % des besoins - permettront d'alimenter le territoire. "Nous pourrons alors produire 20.000 m³ par jour", assure Gilles Cantal.

Selon un participant aux réunions hebdomadaires de la cellule de crise sur l'eau, qui souhaite conserver l'anonymat, la production sera plutôt d'"environ 10.000 m³ par jour". Soit à peine un quart des besoins. "À partir de fin octobre, nous risquons d'être sur une alerte maximale", concède le préfet de l'eau. Et même si la saison des pluies démarre dès début novembre, comme habituellement, "il faudra du temps pour réalimenter les retenues collinaires", estime Gilles Cantal.