Son silence a fait du bruit. Fin 2022, la communicante s'est comme retirée du monde. Stella Akakpo disparaît des réseaux sociaux. Ni plus ni moins. "J'ai décidé de couper. Pour vivre pleinement mes premières semaines de grossesse. La plupart du temps, je suis restée chez moi. J'ai apprécié de me sentir un peu cachée. C'était le bon moment." La cure de silence numérique va durer quelques mois. L'athlète martiniquaise reçoit alors beaucoup de messages. "C'était très touchant. Ma famille, les proches mais également des gens qui me suivaient sur les réseaux sociaux. Tous se sont inquiétés et m'ont envoyé des messages de réconfort." Stella finit par sortir de sa bulle au printemps 2023. Histoire de fêter le premier anniversaire de son média digital 100 % féminin.
Future maman et communicante engagée
Stella Akakpo est reconnaissante. Merci le sport de haut niveau. "Voilà cinq ans que je suis propriétaire de mon appartement. C'est grâce à l'athlétisme." Et aux résultats de la Martiniquaise qui n'avait pas prémédité l'heureux événement à venir. "Quand une grossesse arrive, tout est chamboulé dans la vie d'une femme." À commencer par son lieu de vie qu'il faut préparer en conséquence. "Avant même de me retrouver enceinte, j'avais engagé des travaux. J'en parlais d'ailleurs beaucoup sur les réseaux sociaux. Parmi les aménagements envisagés, il y avait la création d'un coin bureau. Mais ça, c'était avant. Le bureau va devenir la chambre du bébé." La communicante sait s'adapter. Tout d'une grande. Vraiment.
N'allez pas croire que Stella est restée inactive durant ces mois de silence numérique. Ce serait mal la connaître. À la tête de We are greaat, média féminin 100 % digital, elle préparait le premier anniversaire de l'aventure. Et pour souffler cette première bougie, la Martiniquaise a une idée ambitieuse : réaliser un documentaire qui mettrait en avant des parcours de femmes. "Ce projet regroupe les thèmes que nous développons depuis le début : le leadership, l'entreprenariat, la résilience… Toutes ces femmes sont exceptionnelles et ce documentaire le démontre."
Greaatness, le doc qui grandit
Le 28 avril, le documentaire est projeté pour la première fois dans un cinéma de Villiers-sur-Marne. "Greaatness, ce sont dix mois de tournage et moins de dix jours de montage. La veille, nous avons failli tout annuler. Tellement ce fut une préparation à l'arrache !" Le doc coréalisé avec Soïca Cupit, apparaît pourtant bien à l'écran. Il présente des parcours féminins variés : Rizlen Zouak (combattante de MMA), Camille Mbaye (mannequin plus-size), Joranne Caillé (pompier et mère célibataire), Karthoum Dembelé (hijabeuse qui souhaite être autorisée à jouer au foot) et Pia Lepoutre (créatrice de mode éthique). "Tout s'est passé comme sur des roulettes. La salle était pleine et il y a eu beaucoup d'applaudissements à la fin. Des pleurs aussi."
À l'origine, le projet ne visait pas un tel écho. "Nous pensions simplement le diffuser sur Youtube !" Sauf que très vite, l'idée interpelle, séduit. "La Fondation UPS a décidé de nous soutenir financièrement." Et après la projection, le téléphone de Stella chauffe. "Une boîte de production touchée par le message, nous a approchés. Ils veulent nous aider à améliorer le doc pour ensuite le proposer dans des festivals et envisager des diffusions télés. Comme quoi, il ne faut pas se mettre de limites. Jamais. Même si on garde les pieds sur terre, l'existence de Greaatness ne fait que commencer."
Et l'athlétisme dans tout ça ?
Il y a tout juste un an, Stella Akakpo nous parlait des prochains Jeux Olympiques. Paris 2024 constituait son ultime objectif sportif. Sauf qu'elle ne savait alors pas qu'elle deviendrait maman en 2023. De quoi rebattre les cartes ? "Pas vraiment. J'aurai une petite année pour préparer ces Jeux. J'ai envie d'essayer. Viser une place dans le relais tricolore du 4 fois 100 mètres." Et tout cela, sans la moindre pression. "Si ça marche tant mieux. Sinon, tant pis. Mais attention, je vais quand même tout donner pour réussir à me qualifier."
La sprinteuse a aujourd'hui 29 ans. Une carrière déjà bien remplie. Présence récurrente en équipe de France. Participation olympique à Rio en 2016. Trois ans après son éclosion au plus haut niveau. En 2013 à Rieti en Italie, la Martiniquaise devient championne d'Europe espoirs sur 100 mètres. C'est le début de la saga Akakpo. "Je suis fière de tout ce que j'ai pu accomplir. Même si j'aurais aimé faire encore plus. Je suis une éternelle insatisfaite. Mais j'ai toujours donné le maximum. Et j'ai su perdurer. D'où ma fierté."