Après la Polynésie, Under The Pole met le cap vers l’Arctique avant de rejoindre la Martinique et la Guadeloupe

Jamais des plongeurs n’avaient exploré aussi longuement les eaux du Pacifique
Les plongeurs d'Under The Pole ont quitté Concarneau pour rejoindre l’archipel du Svalbard dans l’Arctique. Emmanuelle et Ghislain Bardout, ses fondateurs, entament un nouveau chapitre de leurs expéditions à travers les océans qui les conduira aux Canaries, puis en Guadeloupe et en Martinique.

"Là-dedans, il y a quoi ? Des fusées ?" Ghislain Bardout, ingénieur et moniteur de plongé, ne laisse rien au hasard dans l’inventaire du Why, la goélette qui sert de camp de base à la mission Under The Pole. " Là, on est vraiment dans la finalisation. Le bateau est chargé à 98 % et je suis en train de passer en revue tout ce qui est stocké à bord et de vérifier si nous n’avons rien oublié", précise Ghislain Bardout.

Une quête infinie

La goélette Why de la mission scientifique Under The Pole

 

Il y a 14 ans, Emmanuelle et Ghislain ont vendu leur maison pour s'offrir le Why et sillonner les océans. " Ça vient d’abord de notre passion pour le milieu marin, pour le milieu sous-marin qui a besoin d’être connu et protégé aujourd’hui", précise Ghislain . Une quête infinie pour ces deux aventuriers lorsque l’on sait qu’aujourd’hui 90 % des océans sont encore inexplorés.   

Dans quelques heures, le voilier en configuration Arctique quittera le port de Concarneau pour prendre la direction de l’archipel du Svalbard. A bord, sept marins chargés de convoyer la goélette jusqu’en Norvège avant l’arrivée des deux fondateurs d’Under The Pole, Emmanuelle et Ghislain Bardout, leurs deux enfants Tom et Robin, et les scientifiques qui les accompagnent dans cette nouvelle expédition de quatre mois dans les eaux glaciales de l'Arctique. 

Un programme de dix ans à travers les océans 

Les plongeurs sont descendus jusqu'à 112 mètres sous la banquise, une première mondiale.

Ce retour en terre connue marque le lancement de la quatrième mission d’Under The Pole. Durant ces dix prochaines années, le programme baptisé "Deeplife" va explorer les fonds marins du monde entier et étudier plus précisément la zone mésophotique, celle qui est située entre la surface et les grands fonds, entre 30 et 200 mètres de profondeur.

En zone polaire, en zone tempérée, en zone tropicale, nous travaillons à différentes profondeurs en déroulant toujours le même programme : l’étude des écosystèmes sous-marins. Nous nous intéressons aux espèces, à leurs conditions de vie pour voir si elles sont impactées ou au contraire protégées par les interférences humaines comme la pollution, la surpêche.

Ghislain Bardout, co-fondateur Under The Pole

Trois jours et trois nuits dans une capsule immergée à 20 mètres de profondeur

 

La banque de corail mésophotique la plus importante au monde

Dans l'Arctique, lors de leur première mission en 2010, les plongeurs d’Under The Pole étaient descendus jusqu’à 111 mètres au-dessous de la banquise, une première mondiale. Plus récemment, en Polynésie, ils ont plongé plus de 1000 fois en un an dans les eaux du Pacifique et se sont immergés dans une capsule à 20 mètres de profondeur durant 3 jours et trois nuits, sans remonter à la surface, grâce à un mélange d'oxygène et d’hélium.

Nous sommes partis avec une connaissance proche de zéro sur les coraux profonds et nous avons terminé cette expédition avec la banque de corail mesophotique la plus importante au monde.

Emmanuelle Bardout, co-fondatrice d'Under The Pole

 

Trois après cette expédition en partenariat avec le Criobe, le Centre de Recherche Insulaires et Observatoire de l'Environnement spécialisé dans les coraux et situé en Polynésie, les résultats continuent d'être étudiés et interprétés . "Les premiers résultats scientifiques montrent, par exemple, que le blanchissement corallien est moins important en profondeur qu’il ne l’est en surface. On s’aperçoit aussi que, contrairement à ce qu’on a pensé jusqu’ici, il y a plus de diversité corallienne en profondeur. On peut donc imaginer que la zone profonde sert de refuge au changement climatique. La biodiversité viendrait se réfugier un peu plus en profondeur ", ajoute Ghislain Bardout

Les deux fondateurs d’Under The Pole se montrent néanmoins prudents. "Ce sont des résultats fragiles qu’il faut confirmer, approfondir et c’est tout l’objet de ce nouveau programme "Deeplife". Nous voulons aller plus loin sur la connaissance scientifique de ces milieux profonds". Pour y parvenir, Emmanuelle et Ghislain Bardout ont confié la direction scientifique à deux éminents chercheurs : Laëticia Hedouin (CNRS-CRIOBE) et Lorenzo Bramenti (CNRS-LECOBE). 

Cap sur la Norvège 

Alors que la goélette s'éloigne doucement du port de Concarneau, Emmanuel et Ghislain laissent échapper une pointe d'émotion. "Nous ouvrons un nouveau chapitre de notre histoire", confie Emmanuelle. Cette nouvelle mission scientifique de quatre mois au Spitzberg s'inscrit dans un vaste programme des Nations-Unies pour la connaissance et la préservation des océans. Après l'Arctique, la goélette fera escale à Concarneau, avant de repartir pour les Canaries cet été. Le programme scientifique se poursuivra ensuite aux Caraïbes, en Guadeloupe et en Martinique, début 2023. 

Regardez notre reportage réalisé à Concarneau avec les images de Nordine Bensmail et Under The Pole : 

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