La Première ministre Elisabeth Borne a qualifié samedi de "choquant" le ton d'un courrier du rectorat de Versailles aux parents d'un adolescent qui s'est suicidé pour des faits présumés de harcèlement, estimant qu'il y avait eu "une défaillance". Mme Borne répondait à une question de BFMTV, qui a publié une série d'échanges par courrier entre les parents de l'adolescent d'origine guadeloupéenne qui s'est suicidé le 5 septembre à Poissy (Yvelines), le proviseur de son lycée et le rectorat de Versailles.
Ce courrier est une honte. Une honte.
Gabriel Attal, ministre de l'Education nationale
Ce dernier avait qualifié d'"inacceptables" des propos des parents qui auraient "remis en cause" l'attitude des personnels de l'établissement scolaire, selon la lettre mise en ligne sur le site de BFMTV. Enjoignant aux parents d'adopter une "attitude constructive et respectueuse" à leur égard, le courrier du rectorat leur rappelait par ailleurs les risques pénaux d'une dénonciation calomnieuse.
Faire la lumière sur la gestion de l'affaire
Pour Elisabeth Borne, "il y a eu manifestement défaillance sur le type de réponse adressé à des parents qui étaient extrêmement inquiets". "Évidemment c'est choquant", a-t-elle ajouté. La cheffe du gouvernement a rappelé qu'une "inspection permettra de savoir comment un courrier aussi décalé a pu être transmis".
Le ministre de l'Éducation Gabriel Attal avait annoncé début septembre une enquête administrative pour faire la "lumière" sur les faits de harcèlement scolaire dont avait été victime ce garçon, mais aussi sur la gestion de cette affaire par les services de l'Éducation nationale. La justice a ouvert une enquête pour rechercher les causes de la mort et le parquet de Versailles avait alors indiqué à l'AFP qu'il fallait "rester à ce stade très prudent" sur les liens entre le suicide de l'adolescent et les faits de harcèlement.
La Première ministre a souligné samedi que le plan qu'elle entend présenter pour lutter contre le harcèlement vise à ce qu'"on soit beaucoup plus attentif à la parole des enfants". Ce qui "passe aussi par une formation de tous les adultes en contact avec les enfants pour bien comprendre la douleur qu'ils peuvent ressentir", a-t-elle dit à BFMTV lors des journées du patrimoine à Matignon.
Le harcèlement à l'école, qui toucherait un élève sur dix, a été érigé en priorité absolue du gouvernement pour l'année scolaire 2023-2024, après le suicide au printemps de la jeune Lindsay, 13 ans, dans le Pas-de-Calais.