"C'est une aventure" : des exposants guyanais découvrent le Salon de l'agriculture pour la première fois

Cindy Pavone (haut) et Carole Bolon-Bossou (bas) viennent pour la première fois au Salon de l'agriculture à Paris. Elles y présentent leurs produits guyanais.
Alors que la Guyane est mise à l'honneur ce jeudi au Salon de l'agriculture, des exposantes participent pour la première fois à la plus grande ferme de France, porte de Versailles à Paris. Venus de Saül et de Kourou, elles découvrent l'intensité de cet événement international.

Derrière les confitures de corossol – combava, les ananas séchés et le piment noir de Saül, Cindy Pavone et son mari Maxence répondent aux questions des visiteurs du Salon de l'agriculture sur l'origine de leurs produits. "La plupart n'arrivent même pas à situer la Guyane donc c'est déjà le premier challenge", sourit Cindy, gérante du Domaine du voyageur, une exploitation agricole située à Saül, en plein cœur du Parc amazonien de Guyane.

"En général, les gens sont loin de s'imaginer la vie qu'on peut y mener, le fait qu'on habite en plein milieu de la forêt, que ce ne soit accessible que par avion, toutes les contraintes que cela engage, explique-t-elle. Mais aussi le bonheur d'habiter dans une zone quasi vierge de l'Amazonie."

"Inscrire Saül dans l'esprit des gens", c'était d'ailleurs l'objectif premier de cette première venue au Salon. Une venue qui ne fut pas de tout repos avec un premier vol Saül – Cayenne puis un second Cayenne – Paris, sans parler de la découverte des transports en commun dans la capitale. "C'est vraiment une aventure en soi, de partir du cœur de la forêt où il n'y a vraiment pas grand monde et d'arriver au cœur de Paris où il y a une foule énorme, reconnaît Cindy. C'est vraiment tout nouveau pour nous et très intense."

Un stock "rapidement épuisé"

Cela semble avoir été moins compliqué du côté du transport des marchandises, "très bien géré", salue la Guyanaise. Des produits issus de l'agriculture biologique qui ont été totalement écoulés comme la mangue séchée.

Cindy Pavone, gérante du "Domaine du Voyageur", a amené au Salon de l'agriculture 2025 ses produits depuis Saül comme le parépou, le fruit du palmier pêche.

Même si le couple n'est pas encore certain de compenser l'argent déboursé pour venir et participer au Salon, il sait que c'est un investissement sur le moyen ou long terme. "On a eu la possibilité de rencontrer des gens exceptionnels avec qui on va peut-être faire des partenariats, que ce soit pour commercialiser ici en Hexagone ou sur le littoral en Guyane", explique Cindy.

Venue de Kourou, Carole Bolon-Bosson de l'entreprise Au jardin de Zaza présente ses produits comme les liqueurs de wassaï ou de cacao, à l'occasion du Salon de l'agriculture 2025.

Carole Bolon-Bossou, elle, pense déjà qu'elle est rentrée dans ses frais au vu du stock qui s'est "rapidement épuisé". Basée à Kourou, elle gère l'entreprise agricole Au jardin de Zaza, et vient aussi pour la première fois au Salon pour présenter des produits comme de la liqueur et du vin de wassaï (nom guyanais de l'açaï brésilien), de la liqueur de cacao et du couac (de la semoule de manioc).

"Solidaires les uns des autres"

Des Guyanaises de l'Hexagone s'arrêtent à son stand déguster le jus de wassaï. "Cela m'a fait revenir dans mon passé", souffle Nadine. D'autres découvrent cette boisson que Carole leur sert dans de minuscules gobelets en plastique après avoir secoué un certain temps son jus.

Venue de Kourou, Carole Bolon-Bosson de l'entreprise Au jardin de Zaza présente ses produits comme le jus de wassaï aux visiteurs du Salon de l'agriculture 2025.

"Ça tourne beaucoup, il y a du monde, il y a des échanges, se réjouit la Guyanaise. Donc on est content d'être là malgré la fatigue." Bien que seule sur son stand, elle peut compter sur la solidarité des voisins. "On prend cinq minutes pour prendre un peu l'air donc on se balade un petit peu sur les autres stands, détaille-t-elle. Des fois, on tient le stand d'un collègue et vice versa. On est très solidaires les uns des autres."

Si elle n'avait pas d'attentes particulières avant de venir, elle s'avoue "agréablement surprise" par l'événement. "Franchement, c'est une belle expérience, résume-t-elle. C'est un salon international, donc il y a du monde de partout et il y a moyen aussi de découvrir d'autres choses", d'autres façons de faire.

Cindy et Maxence sont aussi "très contents" d'être présents au Salon malgré les journées à rallonge et le rythme intense. "C'est vraiment très compliqué de réussir à se libérer assez de temps pour visiter ailleurs et cela sera peut-être mon regret en fin de séjour, c'est de ne pas avoir pu justement aller voir ce qui se fait dans les autres stands", pressent Cindy.

Au sein du pavillon des Outre-mer du Salon de l'agriculture 2025, les stands de l'Ouest guyanais.

Les enfants obligés d'attendre

Elle déplore aussi le fait de ne pas pouvoir rentrer avec son petit garçon de 7 ans. Bien que fils d'exposant, Paolo n'a pas le droit de rentrer à 8h du matin avec sa mère pour la mise en place mais doit attendre 9h avec son père à l'extérieur du parc des expositions.

"C'est une contrainte dans le sens organisationnel et même financier parce qu'on doit lui payer son pass, regrette-t-elle. Et pour en avoir parlé avec d'autres exposants, c'est une vraie contrainte pour ceux qui viennent avec leurs enfants parce qu'on n'a pas vraiment le choix en tant qu'agriculteur."

Venus de Saül au cœur du Parc amazonien de Guyane, Cindy Pavone, son mari Maxence et leur fils Paolo, derrière leur stand "Le Domaine du Voyageur" au Salon de l'agriculture 2025.

Malgré ce point noir, elle compte déjà revenir l'an prochain : "Je pense que le fait de l'avoir fait une première fois, cela nous permettra de mieux anticiper certaines choses et de pouvoir justement mieux nous organiser pour la prochaine fois." Idem pour Carole qui pense même s'inscrire à la Foire de Paris.