"Ça va être dur": soulagement et inquiétude pour les Calédoniens qui peuvent enfin quitter l'Hexagone

À l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle, des Calédoniens embarquent pour Nouméa après plusieurs semaines bloqués dans l'hexagone.
Depuis plusieurs semaines, les liaisons aériennes entre Paris et Nouméa étaient coupées en raison des évènements violents du mois de mai. Ce mercredi matin, ils sont quelques Calédoniens à l'aéroport Charles de Gaulle à Paris à embarquer pour Nouméa, en transitant par Singapour. Nous avons rencontré des Calédoniens inquiets, mais soulagés de pouvoir rentrer.

Après plusieurs semaines d'attente pour certains, ils se retrouvent enfin dans la file de l'enregistrement de leur vol pour Nouméa à l'aéroport Roissy Charles de Gaulle à Paris. Sur l'avion de Singapore Airlines, ce mercredi matin, ils sont cinq à rentrer en Nouvelle-Calédonie en transitant par Singapour. C'est le cas de Manu. Ce cinquantenaire cherchait un vol depuis une quinzaine de jours. "J'ai réussi à trouver un vol il y a quatre jours, je peux enfin rentrer", souffle l'homme visiblement fatigué de l'attente. 

Inquiétude pour les uns

Pour beaucoup, c'est l'inquiétude qui persiste depuis des semaines. Pierre-Louis, valise en main, raconte être venu prendre huit semaines de vacances dans l'Hexagone sans se douter de la tournure que les évènements allaient prendre. Il a la chance de prendre le vol qu'il avait déjà réservé il y a plusieurs mois. "On ne peut pas dire qu'on a passé de bonnes vacances", déplore-t-il, alors qu'il a dû suivre à des dizaines de milliers de kilomètres les violences qui avaient lieu sur son archipel. "On a évité de regarder les infos, ça faisait trop mal de voir ça. Pourquoi tant de haine ?", questionne-t-il avant de se diriger vers l'embarquement. 

D'autres passagers, plus discrets, ne souhaitent pas s'exprimer, mais soufflent, émus : "On ne sait pas ce qu'on va devenir, on va essayer de rentrer chez nous quand même, et de rester positifs". "Voir dans quel état se retrouve Nouméa, ça fait un peu peur", juge de son côté Manu. L'homme travaille dans la restauration et est installé depuis deux ans à Nouméa. "C’était difficile de vivre les évènements à distance, poursuit-il. Mais il y a eu un gros soutien entre amis." Venu dans l'Hexagone pour des raisons familiales avant le début des violences, l'homme a perdu beaucoup durant son absence de l'archipel. "J’y retourne, mais je n’ai plus d’emploi, et le temps que ça reprenne, ça va mettre trop de temps. Donc, je fais un aller-retour pour aller récupérer mes affaires", explique Manu dont la femme et le fils étaient restés à Nouméa. 

Patience pour les autres

C'est pour une formation professionnelle que Pierre-Jean Apiarazi avait fait le voyage jusqu'à l'Hexagone. Il s'y retrouve bloqué depuis une dizaine de jours. Enchainant les vols annulés et décalés, il devrait parvenir à décoller ce jeudi, sans certitudes. "Dès que je vois qu’un vol est supprimé, je contacte tout de suite Air France pour me replacer sur un autre vol. Ce n’est pas facile de s’organiser la veille pour le lendemain", explique-t-il.

Hébergé à Montpellier chez une amie calédonienne en attendant de rentrer sur le Caillou, le jeune homme reconnait être bien entouré, mais avoir hâte de rentrer : "Le fait d’être bloqué ici, ça nous fait voir les choses avec un peu de recul. J’ai de la chance d’être assez entouré, de pouvoir échanger sur ce qu’il se passe là-bas et mieux appréhender le retour au pays. Mais comparé à ces familles qui pleurent leurs enfants au pays, on n’est pas le plus à plaindre quand on est bloqués ici."

Les passagers du vol de ce mercredi auraient dû arriver jeudi soir sur le Caillou. Pour contourner le couvre-feu encore en vigueur à Nouméa, ils devront patienter plus longtemps qu'à l'ordinaire à Singapour, pour atterrir finalement vendredi matin.