Dans la nuit de samedi 1er au dimanche 2 juillet, les Champs-Élysées étaient le théâtre de tensions entre des policiers et de jeunes manifestants. Des scènes qui tranchent avec les couleurs et la joie du Carnaval tropical, ce dimanche après-midi.
Le défilé est ouvert par le Roi et la Reine 2023, Grégoire Ladamus et Annaëlle Zonzon. "On croisait les doigts jusqu’à hier soir, raconte la Reine. Il y a énormément de monde, c’est super !" "Quand même, on a de la chance !", complète le Roi.
Avant de danser sur la grande avenue parisienne, ils saluent Anne Hidalgo, la maire de Paris et son équipe qui découpent dans la foulée le ruban pour lancer l’événement.
"C’est vrai qu’avec toute mon équipe, [...] on s’est beaucoup battu pour que ça puisse être maintenu", assure Anne Hidalgo, qui souhaiterait plus de carnavals. "Quand [...] Anne Hidalgo dit 'Il en faudrait tous les jours', oui peut-être en ce moment, abonde Jacques Martial, son conseiller des Outre-mer. Le carnaval est un exutoire, c’est un moment [...] où l’on peut se libérer des tensions qui nous agitent."
Moins d’enfants à cause de la sécurité
Un avis partagé par un grand nombre de participants, dont Angel Croump. Originaire de Guadeloupe, elle est présidente et chorégraphe des Malaka Sister’s, qui regroupent des Martiniquaises, Guadeloupéennes et Réunionnaises.
"On a eu très peur avec les événements, on a cru que ce serait annulé, reconnaît Angel, surtout que son association est basée à Vernon (Eure) où il y a également eu des violences urbaines. J’étais en permanence aux infos avec la fédération."
Finalement plus de peur que de mal pour les danseuses qui sont presque toutes là : 38 au lieu de 50. "J’avais beaucoup d’enfants normalement", explique la présidente. Mais avec les émeutes, certains parents ont préféré ne pas venir avec leurs filles pour des questions de sécurité, ce qu’Angel comprend totalement.
Dans les rangs de Malaka Sister’s, on compte quand même des enfants comme la plus jeune, Zenaya, âgée de 3 ans, que l’on voit sur la photo ci-dessus ! "Là, cet après-midi, on ne pense plus à rien, on s’amuse !, sourit la chorégraphe guadeloupéenne. En plus, on est sur une belle avenue, que demander de plus !"
Quelques mètres plus loin, Théodore Robert, un Martiniquais du groupe Eripsyon La et qui vit "en zone rouge" en Île-de-France, renchérit. "On a besoin de ça après tout ce qu’il y a eu, ça va remonter le moral des gens, se réjouit-il avant de prendre le départ du défilé. Là, on va se libérer, on va se lâcher."
Pas de locaux à cause des émeutes
Bien que contents de participer, certains sont quand même un peu déçus. C’est le cas de Grégory Printemps. Il est le président de l’Union Kreyol, association basée à Pantin, guyanaise à l’origine qui s’est ouverte ensuite aux autres Ultramarins.
Avec les émeutes, ils ont rencontré des difficultés pour s’entraîner. "On n’avait pas accès aux locaux avec ce qui s’est passé ces derniers jours, raconte-t-il. On devait faire quelque chose de mieux, mais pour l’année prochaine, si tout va bien, on va venir plus fort !"
Bien qu'étant plus de 80 musiciens et danseurs, l'effectif n’est pas au complet, mais pour des raisons un peu différentes que les Malaka Sister's. Sur les absents, trois musiciens sont ainsi partis en renfort auprès d’un groupe venu de Guyane, Turbulen’s.
"Mettre le feu"
Ils sont en effet une trentaine de Cayenne à participer pour la toute première fois au Carnaval tropical. "Nous, on est venu dans un but bien précis : c’est représenter la Guyane et on va le faire jusqu’au bout !", garantit le président de l’association, Hervé Mayen.
Arrivés jeudi 29 juin après la 2e nuit d’émeutes, ils ont "attendu" : "Nous, tant qu’on ne nous a pas dit que c’était annulé, on n’abandonne pas." Turbulen’s pourrait d’ailleurs participer à un autre Carnaval tropical, celui de Sarcelles le 9 juillet prochain, cette fois avec l’Union Kreyol.
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