"Je n’ai pas de famille ni d’enfants, mais ma famille est ma compagnie de danse ". À 52 ans, Chantal Loïal a toujours dans l’idée de transmettre l’identité créole et d’œuvrer pour une plus grande ouverture d'esprit dans la danse. Avec le " Mois Kréyol ", initié en 2017, elle veut mettre à l’honneur les langues et les cultures créoles pour donner une place aux artistes ultramarins peu représentés dans le paysage culturel de l’Hexagone. "En lien avec ce festival, je défends d’autres projets axés sur l’écologie ou autour des femmes. On a aussi des thématiques de luttes sociales, de mémoires, car c’est dans notre [la compagnie Difé kako] ADN artistique."
Jamais à court d’idée, Chantal Loïal va inaugurer un nouveau projet en Guadeloupe, sa terre natale. "À partir de septembre prochain, il y aura des rencontres avec le public pour transmettre et former à la culture dans la ville du Moule, en Guadeloupe ", annonce la chorégraphe.
" Tout ce qui bouge m’attirait "
"J’ai appris la danse de manière complètement autodidacte. C’était quelque chose d’inné dès que j’ai pu me mettre sur mes deux pattes et bouger !" Née à Pointe-à-Pitre en 1969, Chantal Loïal savait dès le berceau que la danse serait quelque chose de "viscéral " chez elle.
Chorégraphe guadeloupéenne, mais surtout artiste aux multiples facettes, sa carrière internationale commence à l’âge de 14 ans, lorsqu’elle rencontre plusieurs pointures de la danse africaine et antillaise. Assaï Samba, George Momboye ou encore Lolita Badindaman forment l’adolescente : "Ils m’ont orientée vers la danse africaine par rapport à mon corps et à mon physique", explique la danseuse.
À l’origine, elle se destinait à la danse classique ou bien à devenir une Claudette aux côtés de Claude François qu’elle aimait regarder. "Tout ce qui bouge m’attirait. J’aimais bien le patinage et la gymnastique aussi."
"À la croisée de l’Afrique et des Antilles"
En 1989, après un passage dans les Ballets congolais du Théâtre Lokolé et du Théâtre Lemba, la danseuse de 20 ans intègre les tournées mondiales de Kanda Bongo Man, chanteur de Soukous congolais. La jeune Chantal Loïal reste terre à terre, elle a conscience de sa chance, mais surtout de la difficulté de vivre de sa passion : "J’ai beaucoup voyagé en me disant que faire un métier artistique était difficile pour en vivre. Je faisais ça pour le plaisir, mais ne sachant pas faire autre chose, je me suis dit qu’il fallait que je me jette à l’eau ".
Elle crée sa propre compagnie de danse, Difé kako, en 1994. Avec 18 autres danseurs, Chantal Loïal revendique son identité créole et son amour pour l’Afrique au travers de danse, de chant et de théâtre. "Notre compagnie est à la croisée de l’Afrique et des Antilles. Par exemple, on utilise le gwoka (gros tambour) qui est un instrument traditionnel antillais", détaille la chorégraphe. Au total, Difé kako compte 15 créations.
En janvier 2022, Chantal Loïal entamera une tournée avec Difé kako en Martinique, Guadeloupe et Guyane. Un passage au Bénin est prévu en avril.