Coronavirus : des visières en plastique dans une épicerie antillaise de Saint-Ouen [Reportage]

Comment protéger ses salariés du coronavirus quand la France fait face à une pénurie de masques? Les gérants d’une épicerie antillaise de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) ont trouvé la parade en achetant des visières individuelles. Heureux hasard : leur concepteur est originaire des Antilles. 
Elle pèse 155 grammes et fait désormais partie de l'équipement incontournable des salariés de Tropic Marché. Outre les gants et la traditionnelle veste de cuisine, Mathieu Limmois, le boucher de ce traiteur antillais porte désormais une visière en plastique. " On est bien équipé pour recevoir les clients. Et ça me protège", explique-t-il. Pour répartir la marchandise venue de Guadeloupe, de Martinique et même d'Haïti, aucun salarié ne se sépare de l'accessoire fabriqué dans une matière identique à celle des bouteilles en plastique. "Ça tient chaud (...) On n'a plus le contact avec la clientèle mais avec la conjoncture actuelle, on n'a pas le choix. On est obligé de tout faire pour pouvoir combattre ce virus", confie Michel Vérin, à la caisse.

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©la1ere
 

Trouver une barrière durable au coronavirus

Confrontés à la pénurie de masques, les gérants de l'épicerie ont cherché une solution pour protéger les salariés. "L'avantage de la visière, c'est qu'elle se nettoie avec de l'alcool au quotidien plusieurs fois dans la journée selon les besoins. Il nous a semblé que sur le plan de l'hygiène, c'était encore mieux (...) que le masque jetable qu'on garderait trop longtemps dans la journée", explique Nicole Plissonneau, la co-gérante.

Avec son époux François, elle a choisi une société des Yvelines spécialisée dans la transformation de matières plastiques pour s'approvisionner. Ils ont acquis une dizaine de pièces. Le syndicat des épiciers les avait conseillés. Et heureux hasard, le concepteur des visières est antillais, né d'un père martiniquais et d'une mère guadeloupéenne. "C'est vraiment une jolie histoire et dans un contexte un peu tendu comme cela, il en faut. On était très heureux de rencontrer Marc, un compatriote très charmant" glisse-t-elle dans un sourire. 


Protéger ceux qui sont en première ligne face au Covid-19

Dans l'atelier situé à Achères dans les Yvelines, Marc Bassinet et ses collègues s'activent. Depuis la fin du mois de mars, 300 à 400 visières sont fabriquées chaque jour. "Une fierté" pour le jeune homme de 35 ans. Concepteur de produits industriels, il travaille depuis 2010 chez Multiform, une entreprise familiale de quatre salariés. Il a adapté les visières aux demandes de clients qui recherchaient une protection individuelle face au Covid-19. C'est lui la "boite à idées" selon Jean-Pierre Mena, le gérant.
 


Une fois son concept achevé sur ordinateur, l'outil de production a été adapté pour produire les visières. "D'habitude, on fait des enseignes publicitaires pour habiller les magasins (...) Là il fallait quelque chose qui couvre totalement le visage et avec un retour sur les côtés. Je voulais que la visière soit légère pour ne pas avoir mal à la tête en fin de journée", précise Marc Bassinet, attaché à la satisfaction des clients. 

Les visières en plastique représentent en cette période de confinement la majorité de la production de Multiform qui d'ordinaire, se concentre sur l'agencement de magasins et la publicité sur le lieu de vente. Grâce à la demande de  protections individuelles, l'entreprise poursuit son activité malgré la baisse du chiffre d'affaires évaluée à 60%. "Une petite contribution dans la crise", selon les salariés.