Les marins sont des gens tenaces, ça on le savait déjà. La crise sanitaire du Coronavirus touche bien entendu tous les sports. Deux importantes courses de voile de début de saison en Figaro 3 sont annulées ou reportées. Mais le système Virtual Regatta peut changer la donne.
Eric Cintas•
La Solo Maitre Coq, qui devait partir des Sables d’Olonne le 19 Mars, et surtout la Transat AG2R la Mondiale le 19 Avril, qui s’élançait de Concarneau vers Saint-Barthélémy. Si pour cette dernière on envisage un report, la première va se courir dès jeudi… avec le système virtuel Regatta. Ce système de course online a déjà fait ses preuves avec le Vendée Globe ou la Route du Rhum.
Du côté de la Collectivité, on est habitué à faire face. Le Président Bruno Magras réagissait ainsi :« Chacun a compris que la santé des habitants prévaut sur les manifestations sportives. C’est tout simplement reculer pour mieux sauter, mais c’est quand même un coup dur pour l’économie de l’île avec l’annulation de deux grandes régates et peut-être de la Transat ». Et le sénateur, son frère, Michel Magras de renchérir : « Nos touristes sont partis, nos hôtels sont vides, les professionnels ne savent pas comment payer leurs saisonniers, les compagnies aériennes et maritimes risquent la faillite. C’est du jamais vu, mais nous sommes des Iliens, il va falloir résister, se retrousser les manches et repartir, on va finir par s’y habituer. »
L’organisateur de la Transat, Hervé Favre, Président d’OC Sport Pen Duick est très pragmatique, il avait même songé à organiser simplement l’évènement sportif en laissant de côté l’évènementiel, le village de la Transat et ses animations. Mais c’est impossible à présent, avec le cas de force majeure qui se pose avec le Covid19 : « C’est clair qu’on on vise un report, pour le moment. Peut-être à la rentrée en Septembre, avec plusieurs hypothèses, mais notre partenaire AG2R la Mondiale, très centré sur les seniors, est un acteur majeur de la santé en France. Et au vu de ce qui se passe, on n’a pas le choix. »
Les marins compensent à terre
Pour Miguel Danet, le skipper Saint-Barth engagé dans cette Transat et qui faisait partie des favoris, « la pilule est difficile à avaler, j’essaie de digérer la chose » nous confie-t-il depuis St Barthélemy. « Comme tous les coureurs le sentiment de déception prédomine, mais il vaut mieux prendre une décision et ne pas laisser vingt-deux équipages dans le flou. Ce type de regroupement aurait favorisé le développement du virus. On veut tous en être débarrassés le plus rapidement donc respectons les décisions… Même si je ne pense pas que l’on risque quoi que ce soit sur l’eau.»
Du côté de l’expérimenté Gildas Morvan, vainqueur en 2012, et confiné chez lui à Landeda dans le Finistère nord, on a senti le coup venir très vite : « On voyait lors des stages de préparation en février, des gros évènements comme des matchs du tournoi des six nations de rugby ou des matchs de Ligue des champions de football s’annuler. On se disait qu’on n’allait pas y déroger, nous les voileux et qu’on ne ferait pas de régates en bateau ni un départ de course. Alors c’est vrai qu’on est souvent confrontés à des annulations dans la voile, mais à cause de la météo et on sait gérer l’attente. Mais dans ces conditions, c’est du jamais vu. »
La solution Virtual Regatta de la Solo Maître Coq
Vendredi dernier, Marc Chopin, organisateur de la solo Maitre Coq a annoncé aux 27 skippers le report de l’épreuve et décidé de leur proposer de se confronter malgré tout via le jeu en ligne de simulation de régates, Virtual Regatta.Affiche 2020 de la régate virtuelle Solo Maître Coq.
Ainsi ce jeudi 19 Mars à 13 heures, les navigateurs pourront comme prévu, prendre le départ de la course, aller-retour Les Sables d’Olonne, via l’ile de Ré, Belle-IIe et le Cap Ferret. En laissant les bateaux à quai. Car la course aura lieu en ligne. Grand première donc, skippers pros et amateurs du jeu en ligne seront enfin confrontés en réel. Qui l’emportera ? Le jeu reste très ouvert, jusqu’à samedi, puisqu’il faut 72 heures pour effectuer le parcours en temps réel sur l’eau.
Gildas Morvan et Gildas Mahé, deux anciens du plateau trouvent l’idée très intéressante. Mais les plus enthousiastes restent les marins de la nouvelle génération, nés avec internet. Pierre Quiroga approuve : « C’est une super idée on sait néanmoins qu’on va avoir du fil à retordre avec des joueurs très spécialisés qui cherchent et trouvent les algorithmes de polaires et de routages. »
Une chose est sûre les équipages ne prendront pas d’embruns, de paquets de mer, et ne sentiront pas le souffle chaud des alizés, mais les marins sont-ils capables de rester au sec aussi longtemps ?