Crise en Guadeloupe : à l’Assemblée nationale, le gouvernement interpellé sur "la cohérence de sa politique"

Les députés rassemblés dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, le 12 janvier 2021.
Fabien Roussel, député et candidat à la présidentielle pour le parti communiste, appelle le Premier ministre à se rendre en Guadeloupe et en Martinique. Du côté des Républicains, Julien Aubert met en cause l’action du ministre des Outre-mer en blâmant son manque de réactivité et de "cohérence".

La crise aux Antilles et le dialogue de sourds qui a suivi la visite du ministre des Outre-mer en Guadeloupe s’est invitée dans les débats à l’Assemblée nationale. Fabien Roussel, député et candidat à la présidentielle pour le parti communiste, a ainsi mis en cause la politique du gouvernement et a demandé l’intervention du Premier ministre. Jean Castex "doit se rendre en Guadeloupe et en Martinique" a-t-il dit à l’Assemblée nationale.

De retour d’un voyage en Guadeloupe et en Guyane, Fabien Roussel a ainsi témoigné "d’une colère que le gouvernement ne veut pas reconnaitre". Le ministre des Outre-mer a choisi de poser un "ultimatum suscitant une colère unanime y compris de tous les élus qui ont refusé d’aller à sa rencontre", a ajouté le candidat du PC. "Il ne s’agit pas de cautionner les pillages et la violence, mais d’écouter les habitants et les respecter", a-t-il ajouté. "Ce qu’ils veulent ce n’est pas moins d’État mais mieux d’Etat", a-t-il encore déclaré.

 

A l’autre bout de l’hémicycle de l'Assemblée nationale, le député Julien Aubert (LR) a rappelé que la crise violente que traverse les Antilles a été causée "après avoir suspendu 1400 soignants qui refusaient l’obligation vaccinale". "Je veux rendre hommage aux policiers et aux journalistes pris pour cible dans cette rébellion", a ajouté le député tout en dénonçant le manque de "cohérence" de la politique menée par le gouvernement. "Le ministre des Outre-mer a mis trois semaines à venir sur place trop occupé à faire signer une tribune de soutien au président de la République pour sa réélection", a-t-il dénoncé. "Mais la Guadeloupe, c’est la France", si c’était l’Hexagone , "on n’aurait pas attendu autant", a-t-il encore ajouté. "Pourquoi parler d’autonomie au plus mauvais moment alors que va se tenir un referendum sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie ?" Le député a conclu en déclarant : "vous appliquez exactement la même stratégie qu’avec les gilets jaunes. Au parlement, on n’écoute personne, ensuite la répression, ensuite vous lâchez du lest budgétaire, et vous terminez avec un grand bric à brac institutionnel".

 

A chaque question, c’est Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur qui est venu répondre. "La grande majorité des Guadeloupéens ne soutiennent pas ces mouvements de contestations de casseurs qui s’en prennent à des policiers et des gendarmes", a-t-il déclaré. "Ce qu’a demandé le ministre des Outre-mer en préalable de la réunion (NDLR en Guadeloupe avec les syndicats) c’est de condamner les violences'".  Le ministre a précisé qu’il y a eu "60 blessés chez les policiers et les gendarmes" dont "un gendarme qui va perdre sans doute l’usage de ses deux jambes". "Le refus de condamner ces violences, c’est le refus de discuter avec l’État républicain", a-t-il ajouté.