Cuba: les nouvelles pressions des Etats-Unis diversement accueillies dans la dissidence

Drapeaux américain et cubain dans une rue de La Havane.
Des dissidents cubains ont accueilli diversement vendredi le renforcement annoncé deux jours plus tôt par les Etats-Unis de leur blocus contre Cuba.
  
 
Les nouvelles mesures de pression américaines "vont dans le bon sens", a déclaré à l'AFP José Daniel Ferrer, opposant radical et ancien prisonnier politique qui dirige l'Union patriotique de Cuba (Unpacu). "Mais elles doivent être accompagnées d'autres mesures "pour aider le peuple et les démocrates cubains dans la situation critique que nous vivons", a-t-il ajouté.

 

Une loi remise au goût du jour    

Le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, a annoncé mercredi que les Etats-Unis allaient appliquer à partir du 2 mai le chapitre III de la loi Helms-Burton, datant de 1996. 
    
Suspendue depuis plus de deux décennies par les présidents américains démocrates comme républicains, cette loi permet, notamment aux exilés cubains, de poursuivre devant les tribunaux fédéraux américains les entreprises qui ont réalisé des gains grâce à des sociétés nationalisées après la révolution cubaine de 1959.
    
Pour M. Ferrer, Cuba "doit être puni, et pas seulement par les Etats-Unis", mais aussi par l'Union européenne. "Les sanctions doivent toutefois être accompagnées par "des mesures visant à alléger la crise, les souffrances, les pénuries du peuple cubain", a-t-il insisté.
  


"Une erreur politique"

En revanche, le dissident Manuel Cuesta Morua, qui dirige la coalition modérée Arco Progressista, estime que l'application du chapitre de III de la loi Helms-Burton est "une erreur politique" du gouvernement de Donald Trump et que "son effet peut être paralysant" sur le chemin de l'ouverture et de la démocratie.
    
"Arco Progressista veut exprimer son opposition à ce retour à des schémas qui ont échoué", a déclaré M. Cuesta Morua dans une déclaration envoyée à l'AFP. Selon lui, le renforcement de la pression des Etats-Unis "affecte encore plus ceux qu'il prétend favoriser: le peuple cubain, directement et indirectement".
    
La décision de Washington, a-t-il ajouté, "est une bénédiction pour les secteurs durs du gouvernement cubain: elle leur permet de reprendre leur rhétorique nationaliste perverse pour intimider et pénaliser les désirs croissants de changement".