En Guyane, la plupart des écoles de danse et associations artistiques partagent le même constat : quand des jeunes Guyanais veulent devenir danseurs professionnels, ils doivent quitter le pays.
"On n’a pas de réponse sur l’enseignement supérieur ici en Guyane", constate Michaëlle Ngo Yamb Ngan directrice du Conservatoire de musique, de danse et de théâtre de Guyane, dans une vidéo promotionnelle.
"Quand les filles ont un premier prix, il faut partir et il n’y a pas de subventions pour ça", surenchérit dans cette même vidéo Karen Lemorin, professeure de danse classique à l’école de danse La Plantation des Arts.
Stages avec des danseurs et chanteurs
Partir mais où ? "Je constate que l’école de danse de l’Opéra de Paris n’est pas une possibilité aujourd’hui dans l’imaginaire des danseurs et danseuses de Guyane ce qui évidemment est fort regrettable", déplore Myriam Mazouzi, directrice de l’académie de l’Opéra de Paris.
C’est en partie pour changer cet imaginaire que l’Opéra de Paris lance "L’Opéra en Guyane", un projet de coopération culturelle qui va se développer sur deux axes.
Le premier axe consiste à détecter des jeunes talents en danse classique, contemporaine, hip hop et en chant "et à les encourager à se professionnaliser", est-il précisé dans le dossier de presse.
Concrètement, en lien avec les instituts culturels guyanais, des ateliers et des stages seront proposés "auprès de danseurs du Ballet de l’Opéra et de chanteurs lyriques confirmés afin de les préparer aux auditions de l’Ecole de Danse et de l’Académie".
Désintérêt croissant des jeunes
Le deuxième axe est un programme baptisé "OpérApprentis" qui sera mis en place à partir de janvier 2023 en Guyane.
Il a pour but de faire découvrir le monde de l’opéra à des jeunes adultes en apprentissage, qui sont aussi bien en filière mécanique, coiffure ou pâtisserie dans des centres de formation. Ces derniers auront l’occasion de pratiquer la danse ou le chant, de rencontrer des professionnels de l’Opéra de Paris ou encore de découvrir des spectacles.
Une façon de développer "des compétences composites", indique le dossier de presse. Une façon aussi de remédier au désintérêt croissant des jeunes envers l’opéra.
"On constate dans toutes les écoles de danse classique en Hexagone et en Outre-Mer une diminution des effectifs et une quasi-disparition de la vocation chez les garçons, déclare Myriam Mazouzi. De même, le chant lyrique souffre d’un déficit d’intérêt chez les adolescents."
Pour l’égalité des chances
Cette dernière pose alors deux questions : "Comment susciter auprès des générations futures une vocation pour la danse et le chant lyrique. Comment transmettre au public de demain le goût et la passion pour l’opéra et la danse ? C’est l’ambition de ce programme que nous développons et construisons avec les acteurs guyanais."
"Il est aujourd’hui primordial de veiller à la diversité de nos canaux de recrutements, d’aller à la rencontre de talents différents sans jamais renoncer à […] notre exigence de qualité", abonde Alexander Neef, directeur général de l’Opéra de Paris.
Il voit aussi dans cette coopération culturelle entre son institution et la Guyane un engagement pour l’égalité des chances en réduisant "les fractures géographiques, culturelles et sociales". Dans cet esprit, le projet "a vocation à se développer dans d’autres territoires ultramarins".
Au programme
"L’Opéra en Guyane" sera lancé par deux spectacles de danses les 23 novembre et 2 décembre, et par deux récitals les 25 et 26 novembre, à Cayenne.
En parallèle, des ateliers de danse classique, de danse contemporaine et de chant lyrique seront proposés aux élèves d’organismes artistiques partenaires, du 28 novembre au 5 décembre.
L’opéra Le Barbier de Séville et deux ballets seront également projetés au cinéma entre le 24 novembre et le 2 décembre.