C’est le deuxième volet d’une enquête initiée en 2008-2009. L'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) et l’institut national d'études démographiques (INED) ont réalisé à dix ans d’intervalle une enquête sur les parcours des personnes immigrés ou ultramarines et descendantes d’immigrés ou d’Ultramarins.
Origine, nationalité, couleur de peau
D’une manière générale, en 2019-2020 dans l'Hexagone, "19 % des personnes de 18-49 ans déclarent avoir subi 'des traitements inégalitaires ou des discriminations', contre 14 % en 2008-2009." Les proportions sont nettement plus élevées quand il s’agit des personnes originaires des Outre-mer, de leurs enfants et petits-enfants, expliquent les experts de la statistique.
Ainsi, en 2019-2020, 33 % des natifs des outre-mer et 36 % de leurs descendants ont rapporté se sentir victimes de traitements inégalitaires ou de discriminations, des proportions sensiblement similaires à celles relevées dix ans auparavant (31 % et 39 %). La question posée par les experts de la statistique était la suivante : "Au cours des cinq dernières années, pensez-vous avoir subi des traitements inégalitaires ou des discriminations ?"
Les personnes qui répondent par l'affirmative à cette question déclarent principalement avoir fait l’objet d’un traitement inégalitaire en raison de leur origine, de leur nationalité ou de leur couleur de peau. Parmi elles, les natifs d'un territoire ultramarin et leurs descendants comptent parmi les personnes qui rapportent le plus de discriminations du fait de leur origine ou de leur couleur de peau : 27 % parmi les natifs d’Outre-mer et 26 % de leurs enfants nés en France métropolitaine.
Résignation face aux discriminations
Pour réaliser cette étude, l'INSEE et l'INED ont couvert de nombreuses thématiques de la vie quotidienne : logement, éducation, maîtrise de la langue, travail, santé, relations sociales et familiales, expérience des discriminations, nationalité, citoyenneté, relations avec les institutions, pratiques et croyances religieuses...
Ils se sont intéressés à l’origine géographique de 27 200 personnes "tirées au sort parmi les habitants de France métropolitaine". Ils se sont également penchés sur d'autres caractéristiques comme leur origine sociale, leur lieu de résidence, leur genre et leur âge, ou encore leur niveau d’instruction.
L’INSEE signale également que "malgré une plus forte sensibilisation ces dix dernières années, entamer des démarches à la suite de discriminations reste rare." Seules 2 % des personnes discriminées en raison de leur origine ou de leur sexe déposent une plainte. Les deux instituts constatent une résignation des victimes de ces discriminations en raison de l’origine ou de la couleur de peau. Elles sont également moins nombreuses à parler de leur expérience à des proches ou à s’indigner de la situation.