De l’Auvergne aux Antilles : la longue et belle histoire du couteau-chien

Couteaux-chien de l’entreprise Thiers-Issard à Thiers.
Thiers est la capitale française du couteau, avec ses ateliers et ses artisans. Depuis plus de 100 ans, on fabrique là-bas les célèbres couteaux-chien. Aujourd’hui, c’est l’entreprise Thiers-Issard qui en assure la production exclusive. Reportage. 
Inconnu en métropole, le « couteau-chien » fait un tabac aux Antilles. Son fabricant thiernois a fait condamner un concurrent pour « concurrence déloyale ». Il inondait les Antilles de contrefaçons importées de Chine. Certains faux couteaux arboraient même les attributs sexuels d’un chien.
 

Le couteau-chien est auvergnat

Ce couteau-là n’est pas de ceux que l’on plie dans sa poche. C’est un objet légendaire aux Antilles. Le couteau-chien est né d’une rencontre au temps jadis entre un coutelier de Thiers et des cuisiniers de Guadeloupe. C’est «  un cadeau de mariage par excellence ». En Martinique et en Guadeloupe, une célèbre sauce tire même son nom de ce couteau, « la sauce chien ». Les herbes et les légumes qui composent la recette sont préparés avec le couteau produit par Thiers-Issard.
 

Comment distinguer le vrai du faux

La PME de Thiers emploie 20 salariés dont quatre produisent le couteau-chien. Découpage, trempe, meulage, affilage, mise du manche, tout est fait à la main : 80.000 exemplaires sont fabriqués chaque année exclusivement pour les Antilles françaises. Avec le succès, des milliers de contrefaçons sont arrivés sur le marché. Des lames cassantes et potentiellement dangereuses pour la santé car leur acier contient des composants impropres au contact alimentaire. Pour distinguer le vrai couteau-chien, il suffit pourtant de regarder l’emballage vert, le « blister » qui comporte un numéro INPI de propriété industrielle. Sinon, c’est un faux. Dans les prochains mois, un R (pour «  Registered ») entouré d'un cercle, à côté du mot chien, viendra renforcer la protection et l’origine française du couteau.
 

Un secret bien gardé

Le couteau-chien est un vrai couteau. Sa lame provient de plaques en acier carbone. Une assurance de respect des normes européennes les plus strictes. Le manche en nylon noir avec ses picots est « made in France ». Il est reconnaissable à son canidé gravé. Entièrement réalisé à la main, le couteau-chien de Thiers-Issard a su conquérir le cœur des Guadeloupéens et des Martiniquais. Dans l’Hexagone, un seul magasin en assure la vente. Il s’agit de la coutellerie Pitelet à Thiers qui répond ainsi aux demandes des amateurs et des originaires d’Outre-mer.
 
Le dirigeant de la coutellerie, Gilles Reynewaeter, défend bec et ongles ce patrimoine qu’il vend à des milliers d’unités aux Antilles françaises. Nous sommes allés à la rencontre de ce passionné qui rêve de vacances en Guadeloupe et en Martinique. Pour y découvrir sur place ses couteaux-chien ?
Un reportage de Alain Jeannin et Nordine Bensmail