Après le scandale sanitaire du chlordécone en 2006, la découverte de l'utilisation de l'éthéphon, molécule servant à accélérer le mûrissement des bananes plantains, est une nouvelle source d'inquiétude pour les Guadeloupéens. L'arrivée de ce dossier sensible sur un territoire à dominante agricole fait ressurgir de vieux démons et pose plus que jamais la question de la transition agro-écologique en Guadeloupe afin de limiter l'émergence de nouvelles affaires liées à la santé publique.
Développement d'une croissance verte
Pour contrer ces phénomènes, des actions se mettent en place et une prise de conscience collective s’installe. En 2020, la Région Guadeloupe a adopté un Plan stratégique régional, dans le but d’orienter les programmes d’accompagnement et de financement vers le développement d’une croissance verte. En parallèle, des agriculteurs tentent de s'adapter en utilisant des techniques d'antan et une agriculture variée, sur le modèle des jardins créoles, pour donner l'exemple et convaincre la population de favoriser l'achats de produits locaux.
Steve Salim engagé dans l'agriculture traditionnelle
Après avoir vécu dans l’hexagone pendant plusieurs années, Steve Salim est retourné en Guadeloupe pour renouer avec sa terre natale et son héritage. Aujourd’hui, ce petit-fils d’agriculteur milite pour une agriculture traditionnelle, respectueuse de l’environnement.
Auto-entrepreneur, il a fondé Guadeloupe Forever, une entreprise de livraison de paniers de fruits et légumes locaux, 100% Guadeloupe, issus d’une production plus saine et garantie par la charte Natirel Peyi (Naturel Pays) qu’il a mise en place.
Tout ce qui pousse naturellement, sans intervention chimique de l'homme
Steve SalimDevise de Natirel Péyi.
Le marché de Gourdeliane à Baie-Mahault
Pour Steeve, l'un des principaux promoteur de l'agriculture raisonnée, l'enjeu est de développer un système de production rentable sans pesticide, tout en garantissant la traçabilité via la vente en circuit court. Une volonté partagée par de nombreux agriculteurs guadeloupéens.
Créé en 2004 par une association d'agriculteurs, le marché de Gourdeliane se tient à Baie-Mahault sur le parking du vélodrome trois jours par semaine : le mercredi, jour principal, le jeudi et le dimanche. C’est le plus grand marché de gros et semi-gros ouvert aux producteurs. Il accueille également quelques revendeurs de Guadeloupe ou de la Dominique. Les exposants viennent de tout le département. Ce lieu permet aux aussi à des petits producteurs de trouver des débouchés pour leur production.
Micro-ferme expérimentale à Petit-Bourg
Sur cette petite exploitation, située à Petit-Bourg, en Guadeloupe, les cultures de la canne à sucre et de la banane côtoient celles du manioc, des ananas ou encore de la goyave. Directeur de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture et l’environnement (INRAE), Jean-Marc Blazy inspecte les différents plants puis relève les données de la station microclimatique. C’est lui qui est à l’origine de l’installation de cette micro-ferme. Lancé en 2019, son projet “Explorer” mise en effet sur l’association du savoir-faire traditionnel des jardins créoles (diversification des cultures et valorisation des biomasses résiduelles) et des nouvelles technologies (étude des sols, modélisation en partenariat avec Météo France) pour produire sans ajouts chimiques.
Analyses des sols toujours contaminés au chlordécone
Un programme mis en place par l'État, permet des analyses à la demande et gratuite de parcelles de terrain. Des prélèvements sont effectués. Une fois analysés, ces échantillons de terre permettent à la DAAF (Direction de l'Alimentation de l'Agriculture et de la Forêt) d'établir une cartographie précise des terrains cultivables de l'île, afin d'aiguiller les agriculteurs et les éleveurs quant à leurs possibilités de production.
"L'île papillon" en transition
Passer d'un système à l'autre impose des contraintes, mais aussi en général des sacrifices économiques pour quelques années, surtout dans le secteur de la banane, longtemps symbole de l'agriculture industrielle.
En première ligne sur la transition agricole et alimentaire, la Guadeloupe est aujourd'hui devenue auto-suffisante à prés de 80 % sur ses fruits et légumes et prouve à tous les Outre-mer, et au-delà, qu'une mutation est possible.
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Une coproduction : France Télévisions, WEAD, Une prod à soi
Réalisation : Antoine Coursat
Durée : 26 minutes - 2022