DOCUMENTAIRE. "La terre en héritage", hommage à Siméon René, paysan guadeloupéen visionnaire

À l'occasion du Salon de l'agriculture qui se déroule du 25 février au 5 mars, le portail des Outre-mer propose un documentaire inédit qui brosse le portrait de Siméon René, un Guadeloupéen qui a passé sa vie à défendre une agriculture paysanne familiale et rurale pour nourrir le corps et l’esprit d’un peuple en respectant la terre.

La terre en héritage de la réalisatrice guadeloupéenne Guy Gabon est une histoire de famille. Une histoire singulière et forte, celle de Siméon René, un paysan visionnaire et ardent militant syndical et politique. Une histoire de transmission à ses enfants et petits-enfants qui perpétuent sa mémoire.

Georges Marie et René Siméon

Siméon René, l'homme qui parlait à la terre de Guiampo

L'histoire de Siméon c'est l'histoire d'un enfant de la campagne des Grands Fonds, un territoire particulier au coeur de la Guadeloupe rurale. Un paysage vallonné, qui alterne fonds et mornes aux crêtes abruptes, situé sur l'île de la Grande-Terre. Le potager de "l'île papillon", propice à la culture des fruits et des légumes. 

Tony, le fils aîné de Siméon René, sur une parcelle de Guiampo dans les Grands Fonds du Gosier

Dans sa jeunesse, Siméon partage son temps entre les travaux agricoles, pour aider ses parents aux champs, et l’école. Le jeune homme fréquente l’École Normale pour devenir instituteur et rencontre George qui devient sa femme en 1951. Le couple a douze enfants, tous élevés dans le partage des valeurs paysannes, humaines, familiales et militantes.

Siméon fait son entrée au comité central du Parti Communiste Guadeloupéen (PCG) lors du congrès de décembre 1964. En parallèle, il rejoint le comité de rédaction de L’Etincelle (journal local du PCG) en tant que secrétaire administratif. Ses fonctions l’amènent à Moscou, où il suit des études supérieures de sciences sociales. De retour au pays, Siméon démissionne de l’Éducation nationale et installe chez lui un tableau, une table et des bancs pour les paysans qui ne savent ni lire ni écrire.

Le lien à la terre comme philosophie de vie

De gauche à droite : Suzy, Tony, Marcellon, Michel et Roland, 5 enfants de Siméon témoignent dans le film "La terre en héritage"

Ce lien à la terre, c’est l’héritage laissé à ses enfants. La plupart vivent sur les terres de Guiampo.

  • Suzy, l'âme paysanne au féminin, a pris peu à peu la relève de sa mère dans les champs et au marché.
  • Tony a quitté son métier de soudeur en 1992 et a repris l'exploitation agricole de son père. Il perpétue le modèle d'agriculture manuelle et traditionnelle.
  • Marcellon travaille comme électricien. Passionné d'élevage qu'il a pratiqué aux côtés de son père, la terre et son petit cheptel sont pour lui son refuge.
  • Michel est le gardien de l'héritage de son père : faire la démonstration de toute la richesse et la fierté paysanne.
  • Roland est employé par la ville du Gosier en tant qu'agent d'environnement. Après son travail il s'occupe de ses ânes et de son cochon. C'est le moment de la journée qu'il préfère.
Thalia, fille de Roland et petite-fille de Siméon René, rêve de devenir éleveuse et vétérinaire rurale à Guiampo

Pour Thalia, la petite-fille de Siméon, il est son héros. Elle est née et a grandi sur cette terre. Ses grands-parents lui ont raconté et transmis tout leur attachement et leur amour pour ce lieu, ces paysages. Thalia en est pétrie. Elle ne s’imagine pas vivre ailleurs. Elle veut porter cet héritage avec fierté et le perpétuer mais avec son regard d’aujourd’hui : elle rêve de devenir éleveuse et vétérinaire rurale sur la terre de Guiampo. Elle rêve de façonner à son tour les paysages. Ses combats sont davantage écologiques que politiques. Ils sont aussi ceux de l’affirmation des femmes dans le monde agricole. 

Le film a remporté le Prix Hors les murs du Festival Monde en vues en 2022.

Réalisation et écriture : Guy Gabon
Une coproduction Real Productions et Wips Production
Durée : 52 minutes - © 2022