DOCUMENTAIRE. Martinique, la revanche des yoleuses

Longtemps la pratique de la yole a été l'apanage des hommes. Les croyances et les superstitions interdisaient aux femmes de prendre la mer et même d’enjamber les "bwas dressés" qui permettent d’équilibrer cette embarcation si emblématique de la Martinique. Mais c’était sans compter sur la passion et la détermination de quelques femmes mordues de la mer.

Les voiles multicolores vont prendre le large. Toute la Martinique se presse sur le rivage et s'apprête à vibrer pour le Tour des yoles rondes. L'événement le plus populaire des Antilles a lieu chaque année entre la fin du mois de juillet et le début du mois d'août.

Il y a foule pour assister au départ des yoles à chaque étape.


Pendant une semaine, de véritables gladiateurs des mers s'affrontent sur ces embarcations traditionnelles, à l'instabilité légendaire. Une compétition faite pour les pêcheurs, les hommes, les gros bras, les seuls censés pouvoir jouer les funambules sur ces bateaux suspendus sur les flots.

La yole, un sport d'hommes, oui, mais pas seulement !

Longtemps, la pratique de la yole a été réservée aux hommes. Sans gouvernail, sans quille ni dérive, et dotée d’une grande voile de plus de 60 m2 de surface, la yole est faite pour les hommes, les seuls considérés comme suffisamment forts et courageux pour affronter ces flots capricieux, en s’agrippant sur ces "bwas" pour faire contrepoids.

Il faut agir ensemble pour maintenir l'équilibre et ne pas chavirer.

Qui plus est, les croyances et les superstitions interdisaient aux femmes de prendre la mer et même d’enjamber les  "bwas dressés" qui permettent d’équilibrer cette embarcation si particulière, si emblématique de la Martinique.

Désormais les femmes aussi mettent les voiles 

Petit à petit, des femmes mordues de la mer ont su s'imposer à force de passion et de détermination dans le monde de la voile et de la yole. Conjugué au féminin, ce sport nautique aux vertus collectives prend une autre dimension et devient le meilleur ambassadeur des causes féminines sur un territoire où les mœurs et les rapports hommes/femmes sont toujours marqués par les préjugés, la domination masculine et le machisme. Ce documentaire propose une plongée au cœur de la société martiniquaise sous le prisme de femmes en première ligne des évolutions sociétales et des prises de conscience.

Après avoir été la première femme à s’être dressée sur les bwa d’une yole pour revendiquer la place des femmes dans ce sport, Armelle est maintenant la seule femme commissaire de course.

Fem' & Hom' à la Barre

Dans la baie du Marin, au sud de la Martinique, un équipage un peu particulier a établi son camp de base. Son nom : Fem' & Hom' à la Barre. Depuis près de trente ans, cette association revendique le droit à la mixité et le droit pour les femmes de pratiquer ce sport. Elle est la première à assurer la promotion de la femme au sein de la flottille nautique traditionnelle. 

La popularité et la visibilité des courses de yoles permettent aux femmes d’allier passion et combat, sport et engagement. Dans ce milieu d’hommes, la yole est, pour elles, une excellente vitrine pour faire progresser les mentalités sur des causes qui leur sont chères : l’environnement, l’éducation, mais surtout et l’égalité des sexes, la parité, la mixité.

Les yoleuses de Martinique prennent leur revanche pour raconter leur combat, leur détermination et leur engagement. Leur histoire est aussi celle des femmes antillaises.

Deux yoleuses attendant leur tour pour s'entraîner

Réalisation : Pierre Belet
Production : Antipode, avec la participation de France Télévisions
Durée : 52 min - 2022