Donald Trump souffle le chaud, pas suffisant pour le nickel

"Chips" de ferronickel calédonien SLN 25 [Eramet] pour l'acier inoxydable
Le conflit commercial entre la Chine et les Etats-Unis a encore servi de toile de fond aux analystes et aux traders de la Bourse des métaux de Londres. Ils veulent croire à un Donald Trump plus diplomate. Pas suffisant pour relancer le prix du nickel produit notamment en Nouvelle-Calédonie.
Le président américain Donal Trump, qui souffle le chaud et le froid, a voulu cette semaine apaiser les inquiétudes des investisseurs et des industriels. La pression à la baisse sur les cours du nickel s’est un peu calmée.
 

Langueur et doute

Le président américain s’est montré plus conciliant au cours de ces derniers jours, heureusement, car "le nickel est particulièrement sensible à la géopolitique mondiale, à la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine et aux tweets de Donald Trump qui l’alimente", a rappelé Philippe Chalmin pendant sa présentation du rapport Cyclope 2019 sur les matières premières : " bien que le marché mondial se trouve en déficit, les prix ont fait une rechute, ils sont scotchés à la baisse et ce n’est pas bon pour la Nouvelle-Calédonie" a conclu l’universitaire et historien des commodities (matières premières) devant un parterre d’experts et de journalistes économiques.

De leur côté, des responsables chinois ont laissé entendre qu’ils n’étaient pressés de reprendre les pourparlers commerciaux. A noter que des données économiques américaines robustes ont été publiées jeudi, avec des statistiques positives sur les mises en chantier, l’indice manufacturier de Philadelphie confirmant la bonne santé de l’économie des Etats-Unis.

Une santé de fer

Dans le sillage de nouvelles plutôt positives, le cours du nickel à trois mois s’est rétabli à Londres et à Shanghai le mercredi 15 mai, revenant au-dessus de 12.000 dollars la tonne. Le marché relevait aussi l’optimisme de Glencore qui a indiqué, en marge de la Conférence asiatique du LME (LME Asia Week), que la demande de nickel pour les véhicules électriques atteindrait 400.000 tonnes en 2025 et 1.300.000 tonnes en 2030. Pour 2020, Glencore a révisé à la hausse sa projection et estime désormais la demande à 110.000 tonnes contre 70.000 tonnes auparavant.

Dans l’immédiat, le négociant Marex Spectron s’impatiente devant la hausse des cours du fer sur le marché mondial.  "Combien de temps faudra-t-il avant que la corrélation avec le nickel commence à s’affirmer ? " questionne l’analyste Alastair Munro, observateur attentif de la production de la Nouvelle-Calédonie au LME de Londres. Jeudi, les investisseurs se sont inquiétés de voir la justice brésilienne demander à Vale de prévenir les populations proches d'un autre barrage d'un risque d'effondrement, ce qui a fait grimper les cours du fer. A rebours des autres métaux, le fer a grimpé jeudi à 98,25 dollars la tonne, à son plus haut depuis près de cinq ans. "Outre ces inquiétudes sur l'offre mondiale de fer, la demande reste robuste, avec une production record d'acier de la Chine en avril", ont commenté les analystes de ING.
 

Fragile rebond

Toutefois, le rebond du nickel s’est avéré fragile. Vendredi, des informations venues de l'investisseur chinois Grand Flow Ressources et de la banque australienne Macquarie Research indiquaient que "la production de fonte au nickel (NPI) en Indonésie et en Chine pourrait augmenter de 20 % en 2019." Vendredi, cette donnée est venue peser sur le cours du métal au LME. En manque de direction, la recommandation du marché est "neutre." En soirée, le nickel préservait le seuil des 12.000 dollars.  

Sur le LME, la tonne de nickel pour livraison dans trois mois s'échangeait à 12.020 dollars vendredi à 16H30 GMT, en baisse de 0,91 %. La livre de nickel valait 5,45 dollars. Sur la semaine, le métal est en hausse de 0,48 %, sur un mois il perd 5,04 %.