Au loin la mer, l’herbe est sèche, brûlée par le soleil de l’été. Sur cette plaine balayée par le vent quelques arbres semblent lutter pour leur survie. Seul un petit flamboyant rouge sang jure sur le ciel d’un bleu dur, il accueille le visiteur du fort Teremba qui se dresse sur l’unique colline. On imagine aisément malgré les propriétés alentour les murs fraichement rénovés du fort que cette terre a pu être hostile il y a plus d’un siècle.Les classes patrimoines présentes ce jour-là remontent le temps avec leurs guides avertis.
La construction de l’unité pénale de fort Teremba a été imaginée par le gouverneur Gaultier de la Richerie qui a un plan d’envergure pour cette région qui s’étend de La Foa à Canala et Bourail. A partir de 1871, le gouverneur compte faire de ce centre pénitentiaire et administratif, le fer de lance de l’installation des bagnards méritants sur des concessions. L’objectif est de les accompagner vers l’agriculture grâce à des ferme-école. Or l’administrateur se heurte non seulement à une baie peu pratique pour les bateaux à fort tirant d’eau, à la sécheresse du lieu, mais aussi à l’insurrection des autochtones, les Kanak, menée par le grand chef Ataï qui se révolte contre les déplacements des populations vers des terres de moins en moins fertiles, montagneuses au profit des concessionnaires.
C’est ainsi que Teremba se fortifie après 1878 avec un blockhaus, une enceinte percée de meurtrières, une petite poudrière et une tour de guet.Y sont accueillis en fonction des périodes entre 120 et 300 bagnards, gardés par une troupe d’infanterie de marine. Y vivent aussi des agents chargés de la comptabilité générale et de la gestion des magasins, et quelques Kanak employés au sein de la police ou comme canotiers.En 1885, la garnison s’en va, l’activité du fort décline avec la diminution du nombre de condamnés, et il est vendu vers 1919.
De nos jours, élèves et visiteurs profitent de la rénovation du fort classé depuis 1989 comme monument historique. On y trouve toujours la maison du commandant, un bloc cellulaire et la boulangerie.Un formidable travail de préservation permis grâce à l’association Marguerite qui avait entamé des démarches de conservation dès 1984. Cette même association créera au fil des ans de nombreux spectacles son et lumière avec pour décor le fort. On notera que de nos jours, la maison du commandant est aussi le lieu d’une exposition permanente sur l’histoire de la région et du bagne.
Enfin, signe des temps, le fort est également devenu un lieu privilégié pour des escape games qui réunissent chaque année de nombreux amateurs, ou encore accueille un festival de rock le Blackwoodstock.