Jour après jour, évènement après évènement, annonce après annonce, la situation extrêmement tendue en Nouvelle-Calédonie suscite de nombreuses réactions de la part des figures politiques.
Pour cause, certaines situations sont inédites comme l'interdiction de TikTok sur le sol calédonien, les tragiques conséquences des émeutes, ou encore l'envoi de milliers de forces de l'ordre. Toutes ces mesures demeurent depuis cinq jours assujetties à des déclarations de toutes parts.
Dernières réactions sur la situation actuelle en Nouvelle-Calédonie
Depuis cinq jours, certains partis politiques communiquent leur mécontentement ou leur approbation des mesures mises en place par le Gouvernement français.
Au sein des bureaux des groupes politiques, qu'ils soient en Nouvelle-Calédonie comme dans l'Hexagone, tous sont unanimes sur la gravité des tensions qui touchent encore le territoire cinq jours après le début des émeutes.
Du côté du MEDEF, " la situation n'est pas du tout stabilisée" comme l'a annoncé ce matin, sur franceinfo Mimsy Daly, présidente du MEDEF sur l'archipel. De son côté, Christiane Taubira, garde des Sceaux de 2012 à 2016, estime que "cette histoire est pavée de morts, Jean-Marie Tjibaou l'a payé très cher en 1989, avant lui Eloi Machoro. Une histoire pavée de moments de tensions mais il y avait des efforts parce que la responsabilité est politique". Intervenue sur franceinfo jeudi, Christiane Taubira dénonce les "inégalités flagrantes" et met en avant "l'État qui a une responsabilité colossale".
Depuis quelques années, l'État se montre d'une grande inculture politique, d'une immense ignorance historique lorsqu'on entend le ministre de l'Intérieur [Gérald Darmanin] qui fait preuve d'une immaturité extrêmement dangereuse et qui donne les résultats que l'on voit aujourd'hui.
Christiane Taubira - ancienne garde des Sceaux de 2012 à 2016franceinfo
Une position que partage Mathilde Panot, qui dénonce un "passage en force" du Gouvernement. Selon la Présidente du groupe La France Insoumise (LFI) à l'Assemblée nationale, l'État serait responsable de la situation actuelle en Nouvelle-Calédonie, qui aurait "détruit la paix civile".
Une colère envers l'État donc, qui est tenu responsable par bons nombres de figures politiques françaises de gauche. C'est également le cas d'Olivier Faure, premier secrétaire du Parti Socialiste (PS) qui a déclaré ce matin dans l'émission Télématin sur France 2 que le "Premier ministre devrait déjà être sur place".
Pour l'exécutif, "le retour à l'ordre et au calme est la priorité". Des cellules interministérielles de crises se sont tenues, comme ce matin, avec Bruno Le Maire, Marie Guévenoux, Gabriel Attal et Gérald Darmanin afin de trouver les solutions les plus adaptées.
Envoi de forces de l'ordre, blocage de TikTok, état d'urgence, les avis diffèrent
Pour faire face à cette crise, plusieurs pistes ont été lancées par les partis politiques. Certains soutiennent la décision de l'envoi de troupes armées (policiers, gendarmes) pour rétablir l'ordre. "C'était indispensable", réagit Georges Naturel, sénateur Les Républicains (LR) de Nouvelle-Calédonie, ce jeudi sur franceinfo, après que le Premier ministre Gabriel Attal ait annoncé qu'un millier de forces de sécurité intérieure supplémentaires étaient dépêchées en Nouvelle-Calédonie "en plus des 1 700 effectifs qui sont déjà sur place". "J'en ai fait la demande officiellement", assure Georges Naturel.
Un avis partagé par le Président du Rassemblement National Jordan Bardella qui estime que "l'ordre doit être rétabli en Nouvelle-Calédonie, par le maintien, aussi longtemps que nécessaire, de l’état d’urgence que nous avions réclamé, par des sanctions lourdes contre les émeutiers, et par l’identification des réseaux d’ingérence qui soufflent sur les braises. ".
Et face à l'annonce des différentes mesures, comme l'interdiction de TikTok en Nouvelle-Calédonie, certains chefs de partis, comme Mathilde Panot (LFI) qui s'oppose à cette décision "inédite dans une démocratie européenne".
Côté propositions, le Rassemblement National, depuis hier, indique qu'il était favorable à un nouveau processus d'autodétermination. Malgré la victoire du camp des non-indépendantistes à l'issue des trois consultations prévues par les accords de Nouméa, en 2018, en 2020 et en 2021, Marine Le Pen a annoncé qu'il fallait un "référendum de plus".
Peut-être faut-il un référendum de plus, mais il faut qu'il soit dans 40 ans, pour que l'État accepte d'investir sans prendre le risque de voir ses investissements perdus.
Marine Le Pen - Présidente du groupe RN à l'Assemblée nationaleFrance 2
Réaction du côté de La France Insoumise : "et pourquoi pas 100 ans ?", ironise Mathilde Panot sur BFMTV-RMC ce matin. "Marine Le Pen a hérité de la mentalité coloniale de son père", a jugé Mme Panot, rappelant que la dirigeante du RN s'était opposée, lors de la présidentielle de 2012, à la tenue des référendums d'autodétermination prévus par les accords de Nouméa de 1998.