Bien des menaces couvent au-dessus de notre société : guerre des convictions, guerre des identités, guerres de sexes, guerres de civilisation…
Dans ce monde en ébullition, où les affrontements et la violence menacent l'idéal du "Tout-monde" d'Édouard Glissant, comment pouvons-nous affronter ces dangers sur notre lien social désormais déchiré ?
Ensemble, réimaginons le "Tout-monde", réaffirmons l'utopie, l'hospitalité et la fraternité, pour créer un monde interconnecté et harmonieux. Affrontons cet enjeu critique avec deux éminents penseurs du XXIe siècle.
Cette rencontre était animée par la journaliste Marijosé Alie. Elle a eu lieu sur le Grand Plateau à La Friche de la Belle de Mai à Marseille.
La conférence était précédée d'un discours de Sylvie Gengoul, directrice du pôle Outre-mer.
• Achille Mbembe est directeur de la Fondation de l'innovation pour la démocratie, professeur d'histoire et de sciences politiques ainsi que chercheur au Wits Institute for Social and Economic Research (WISER) à l'Université de Witwatersrand (Johannesburg). Professeur invité au sein de l'Université de Harvard et auteur d'un grand nombre d'ouvrages, notamment sur le thème des modes de pensée et de fonctionnement de l’Afrique décolonisée, comme Sortir de la grande nuit, Critique de la raison nègre, Politiques de l’inimitié ou encore De la postcolonie, il est lauréat du prix Ernst-Bloch en 2018 et du prix Holberg en 2024. Achille Mbembe est considéré comme l’une des grandes voix intellectuelles du continent africain. Au-delà de ses travaux majeurs sur la violence coloniale et celle des systèmes politiques qui lui ont succédé, il a construit une œuvre monde, qui nous aide à penser comment faire place au commun.
• Patrick Chamoiseau est un écrivain martiniquais connu et reconnu dans l'ensemble de la Caraïbe et sur le plan national et international, notamment depuis l'obtention du prix Goncourt en 1986 pour son roman Texaco. Les thèmes de prédilection de ses récits, romans et essais vont de l'esclavage et ses conséquences sur les sociétés antillaises aujourd'hui à l'éloge de la créolité et de la langue créole, en passant par une analyse politique concernant, entre autres, les questions de domination, d'impérialisme, d'exploitation et d'asservissement des peuples. C'est le cas d'Éloge de la créolité (écrit en 1989 avec Jean Bernabé et Raphaël Confiant) où il s’inspire des théories de la négritude développée par Léopold Sédar Senghor et Aimé Césaire, tout en allant plus loin, revendiquant une véritable identité antillaise. De nombreux autres ouvrages en partie autobiographiques viennent enrichir son œuvre comme sa trilogie Une enfance créole, les romans : La matière de l'absence ou Le Conteur, la nuit et le panier. Des textes comme Biblique des derniers gestes, Frères migrants ou Le vent du Nord dans les fougères glacées témoignent de son art de manier le romanesque sans pour autant cesser d'ouvrir les consciences. Des essais davantage empreints de réflexions, d'arguments et d'engagements concernant l'avenir des "Outre-mer" - terme qu'il réfute - viennent également ponctuer ses écrits tels Manifestes (ensemble de correspondances avec l'une des figures majeures qui l'aura inspiré toute sa vie : Edouard Glissant) ou encore Ecrire en pays dominé et tout récemment Faire-Pays, éloge de la responsabilisation.