L'historienne et politologue réunionnaise Françoise Vergès vient de publier "Un féminisme décolonial", ouvrage clairvoyant et critique qui examine les luttes féministes à travers le prisme des communautés historiquement dominées et discriminées.
Après "Le ventre des femmes. Capitalisme, racialisation, féminisme" (éditions Albin Michel), un essai passionnant sur la gestion politique de la natalité dans les Outre-mer et ses conséquences dans les années 60 et 70, à partir du cas de La Réunion, Françoise Vergès poursuit ses recherches en analysant cette fois les dynamiques des féminismes contemporains dans son nouveau livre "Un féminisme décolonial" (La Fabrique éditions).
L’occasion pour la politologue de définir et de préciser certains concepts (féminisme civilisationnel, féminisme décolonial, fémonationalisme, féminisme développementaliste), et de se pencher également sur la situation des Outre-mer (voir un extrait ici, page 18 et 19).
Dans une dernière partie, l’auteur évoque avec pertinence l’industrie féminisée et racisée du nettoyage (entreprises, hôpitaux...), son invisibilité, la précarité et l’exploitation qui y règnent, et sa relation au passé esclavagiste et colonial. Pour les femmes victimes de racisme, par rapport à une écriture féministe européenne, il fallait "trouver les mots qui redonneraient vie à ce qui avait été condamné à l’inexistence, des mondes qui avaient été jetés hors humanité", conclut entre autres Françoise Vergès.
"Un féminisme décolonial", par Françoise Vergès – La Fabrique éditions, 143 pages, 12 euros.
L’occasion pour la politologue de définir et de préciser certains concepts (féminisme civilisationnel, féminisme décolonial, fémonationalisme, féminisme développementaliste), et de se pencher également sur la situation des Outre-mer (voir un extrait ici, page 18 et 19).
Femmes racisées
Françoise Vergès écrit notamment, évoquant les courants féministes traditionnels : "En faisant sienne la fiction selon laquelle le colonialisme a pris fin en 1962, le féminisme s’est leurré sur l’existence d’un vaste territoire ‘ultramarin’ issu de la période esclavagiste et post-esclavagiste comme la présence en France de femmes racisées. Complice alors des nouvelles formes du capitalisme et de l’impérialisme, il demeure silencieux sur les nouvelles formes de colonialité et de racisme d’Etat dans les Outre-mer et en France."Dans une dernière partie, l’auteur évoque avec pertinence l’industrie féminisée et racisée du nettoyage (entreprises, hôpitaux...), son invisibilité, la précarité et l’exploitation qui y règnent, et sa relation au passé esclavagiste et colonial. Pour les femmes victimes de racisme, par rapport à une écriture féministe européenne, il fallait "trouver les mots qui redonneraient vie à ce qui avait été condamné à l’inexistence, des mondes qui avaient été jetés hors humanité", conclut entre autres Françoise Vergès.
"Un féminisme décolonial", par Françoise Vergès – La Fabrique éditions, 143 pages, 12 euros.