En 2014 Dominique Deyber, Attachée de Conservation du Patrimoine au musée du Berry à Bourges découvre, un peu oublié dans les réserves du musée, un casse-tête kanak à tête d’oiseaux qui l’intrigue. Comment ce casse-tête a-t-il pu intégrer les réserves du musée ?
Gervais Bourdinat est né à Bourges en 1831. Originaire d’une famille de vignerons, il devient charpentier avant de s’installer à Paris. Il monte alors une entreprise de charpenterie. C’est l’époque où Paris se transforme avec les travaux du baron Haussman et le travail ne manque pas. Sa femme, Marie Guillemet qu’il a rencontrée à Bourges tient une épicerie dans le quartier de la gare d’Austerlitz. Ils auront bientôt un enfant, Louis-Eugène. Fervent républicain et anticlérical, il est probablement initié à la franc-maçonnerie à cette époque.
Le tournant de la Commune
Sa vie va prendre un nouveau tournant au moment de la Commune de Paris en 1871. Il fait partie des insurgés en tant que sergent-major dans la garde nationale et il est affecté à une batterie d’artillerie au fort de Bicêtre chargée de défendre le sud de Paris contre les Versaillais. Le gouvernement d’Adolphe Thiers ordonne l’écrasement de la Commune et les troupes Versaillaises entrent dans Paris le 21 mai 1871. Une répression qui fera 20 000 morts et 36 000 prisonniers. Gervais Bourdinat est de ceux-là. Il est jugé «coupable d’avoir dans un mouvement insurrectionnel porté des armes dont il a fait usage», condamné à la déportation en Nouvelle-Calédonie et à la déchéance de ses droits civiques.
1873 : le bagne
Il arrive à l’ile des Pins le 11 mai 1873. Les conditions de détention sont très dures et des centaines de communards vont y laisser la vie.
Après 5 mois de bagne, il est autorisé à s’installer à Nouméa. Sa femme et son fils le rejoignent. Ils auront ensemble deux nouveaux enfants qui naîtront en Nouvelle-Calédonie, Louise et Antoinette.
C’est pendant cette période qu’il côtoie un personnage emblématique de la Commune de Paris et de la déportation, Louise Michel (1830-1905), surnommée la Vierge Rouge. Elle s’intéresse à la culture Kanak et publie plusieurs ouvrages. Gervais Bourdinat devient peu à peu un notable respecté de Nouméa. Il devient même conseiller municipal.
Malgré toutes ces recherches, la commissaire de l’exposition Dominique Deyber n’a pour l’instant pas retrouvé de descendants vivants de Gervais Bourdinat. Elle espère néanmoins que cette exposition offrira à d’éventuels descendants l’occasion de se manifester. Elle aimerait aussi beaucoup trouver une photographie de cet homme sorti de l’oubli grâce à elle et dont la collection dormait depuis 140 ans dans les réserves du musée du Berry à Bourges.
Le reportage Outre-mer la 1ere/France Ô de Denis Rousseau-Kaplan et Bernard Blondeel :