Dans leur rapport, fruit de six mois de travaux, les sénatrices Gisèle Jourda (Socialiste, Écologiste, Républicain) et Viviane Malet (LR) ont pointé "le retard majeur" des collectivités d'Outre-mer dans la gestion de leurs déchets, notamment en Guyane et à Mayotte où "la cote d'alerte est dépassée".
"41% de la population n'est pas desservie par la collecte des déchets ménagers à Mamoudzou", chef-lieu de Mayotte, indique ainsi le rapport. Et la Guyane ne compte que deux déchetteries pour une superficie équivalente à celle du Portugal.
250 millions d'euros sur cinq ans
Pour "doter ces territoires d'un vrai réseau", les élus demandent "250 millions d'euros sur cinq ans", "la mise en place d'un opérateur unique par territoire" et "une exonération des TGAP (taxe générale sur les activités polluantes, NDLR) pendant 5,7 ou 10 ans".
Le paiement de la TGAP a coûté 17 millions d'euros aux départements et régions d'Outre-mer (DROM) en 2020, selon Gisèle Jourda.
À ce retard dans la gestion des déchets s'ajoute, selon la délégation sénatoriale, un retard massif d'équipements. Sauf "à la Réunion, dans les quatre autres DROM, le nombre de déchetteries par habitant est de 2 à 9 fois plus faible que dans l'Hexagone. À Mayotte, la première devrait ouvrir en 2023", alerte le rapport.
Utiliser la police municipale
Le manque de moyens et d'infrastructures seraient ainsi à l'origine d'une "urgence sanitaire et environnementale" dans ces territoires qui concentrent 80% de la biodiversité française.
Les dépôts sauvages sont particulièrement visés. "Un de nos constats est que la répression dans ce domaine est beaucoup trop faible", a souligné Mme Jourda, qui demande à ce que "des brigades de police municipale" spécifiquement dédiées à cette tâche soient mises en place.
À Mayotte et en Guyane, les carences du traitement des déchets favorisent la circulation de maladies telles que l'hépatite A, la dengue ou la leptospirose, dont le taux de prévalence est, selon la délégation, 70 fois supérieur au taux national.