Le fils de Stella Akakpo est né le 27 juillet 2023. Pour le premier anniversaire d'Isaïah, la Martiniquaise rêve d'une fête grandiose. Au Stade de France. À l'occasion des Jeux Olympiques. Avec maman sur la piste. Euh… pardon ? "Participer aux JO, douze mois après avoir accouché, oui, c'est un truc de malade. Mais dans le sport de haut niveau, si on n'a pas un peu de folie, on ne fait rien du tout." Pour le coup, Stella n'en est pas à son premier défi hors du commun. "En 2016, j'ai su revenir d'une grave blessure, un mois et demi seulement avant les championnats de France. Les défis font partie de moi, de mon caractère. L'été prochain, je veux refermer ma carrière sportive en beauté."
Aussi fortes qu'avant
Dans les années 90, l'annonce d'une grossesse pour une championne symbolisait souvent la fin de carrière. Le crépuscule des idoles. Retour impossible. Tout du moins, pas au même niveau. "Aujourd'hui, ceux qui continuent à tenir ce genre de discours, ont tort. On l'a vu encore récemment avec la judokate Clarisse Agbégnénou, jeune maman qui a décroché son septième Grand Slam à Paris !" L'athlétisme ne manque pas d'exemples non plus : l'Américaine Allyson Felix ou la Jamaïcaine Shelly-Ann Fraser-Pryce. "La maternité fait entièrement partie de la vie d'une femme, et donc d'une athlète. Après quoi, revenir au top n'est qu'une question d'entraînement et de volonté."
Il faut juste faire évoluer les mentalités. "Disons que la situation s'améliore mais encore trop lentement. Ceci étant, j'ai pu arriver à l'INSEP pour faire ma rééducation avec mon fils dans sa poussette. Imaginez la même scène il y a dix ou quinze ans, on m'aurait prise pour une folle !" Si les choses commencent à bouger, c'est bien grâce à la génération Akakpo. De jeunes femmes qui osent dire les choses. Pour ne plus subir. "On casse les codes. On brise les stéréotypes. On porte la vie. On prend trente ou quarante kilos. On accouche. Mais tout cela ne nous empêchera pas de réaliser nos rêves !"
Remettre la machine en marche
Pour Stella Akakpo, la grossesse s'est déclarée en 2022 à la fin d'une saison perturbée par les pépins physiques. Traduction : la Martiniquaise a retrouvé le chemin de l'entraînement après deux années quasiment off. Alors appuyer à nouveau sur le bouton on, n'a pas dû être simple. "Ce fut un peu difficile, je vous l'accorde. Sans compter que j'ai accouché par césarienne et que ce n'est pas rien. On suture quand même les abdos et l'utérus. Il faut ensuite retrouver des sensations. Mais à Stella, rien n'est impossible !"
Moins d'un mois après la naissance de son fils, Stella a posté une photo d'elle sur Instagram. Juste impressionnante. "J'ai très vite perdu du poids, c'est vrai." De quoi faciliter le retour sur la piste. Surtout que la championne se sent forte. "Physiquement, les sensations ne sont pas encore exceptionnelles. Mais au niveau mental, ça va tellement bien. J'ai confiance en moi car je n'ai plus rien à prouver. Plus rien à perdre. J'ai mon enfant. Je suis heureuse. Dans ces conditions, qu'est-ce qui peut m'arriver ? À part le meilleur ?"
Pour une dernière danse olympique
Dans six mois, Stella Akakpo tient à faire partie de la fête de Paris 2024. "Mon premier championnat international, c'était déjà en France. À Lille pour les championnats du monde cadets. Et avec les JO à Paris, ce sera l'occasion de finir en apothéose." On peut juste regretter que son statut de jeune maman lui interdise désormais l'accès à l'INSEP. "Ce n'est pas si grave. J'ai commencé en m'entraînant dehors. Je viens de Lille. Je sais ce que veut dire travailler dans le froid. J'ai connu ensuite le confort de l'INSEP durant quelques années. Alors revenir aujourd'hui dans le froid, c'est un peu comme retourner aux sources."
La Martiniquaise semble inébranlable. Un physique en bonne voie de reconstruction. Un mental d'acier. Un bébé qui gazouille tout près. Et des JO à la maison pour dire au revoir. À trente ans. "Mon objectif est clairement de réintégrer le collectif relais du 4 fois 100 mètres. C'est un collectif que je connais très bien. Dans lequel j'ai de nombreuses fois couru et avec lequel j'ai été médaillée. L'été prochain, je veux montrer que j'ai pu être maman et retrouver le top 5 français. Ce serait une belle histoire." La belle histoire de Stella Akakpo. Un brin de folie. Une foule d'envies. Et des défis qui lui correspondent si bien.