L'athlète antillaise Adrianna Lamalle brille désormais sur la piste de l'événementiel

Selfie de l'Antillaise Adrianna Lamalle.
Voilà cinq ans qu’elle a disparu des radars de l’athlétisme français. Mais pas du cœur des Antillais. Adrianna Lamalle est retournée vivre en Martinique. L'Antillaise travaille dans l’événementiel, ne court presque plus mais conserve son sourire légendaire.

C’est fou comme le temps passe. Hier encore (ou disons avant-hier), Adrianna Lamalle devenait championne de France du 100 mètres haies. En 2006. Puis en 2007. Ses grandes années. Avant sa blessure au genou. Si longue à soigner. Jusqu’au ras-le-bol. Game over. "Sans le savoir, j’ai disputé ma dernière course à Dillon en Martinique en 2016. Je me suis arrêtée juste avant la dernière haie. Un vrai blocage. Je n'avais jamais connu ça auparavant. J'ai compris que c’était fini. Avant de pouvoir revenir sur une piste, j’ai dû mettre ensuite un ou deux ans."

À cette époque, l’Antillaise cherche à se reconvertir professionnellement. Période compliquée. Le riche CV de Lamalle ne trouve pas preneur. L’éclaircie arrive en 2017 lorsqu’EDF la recrute. À Fort-de-France, Adrianna devient animatrice de la Filière événementielle de l’électricien tricolore. "Ça a été un grand soulagement. Je travaille dans le relationnel ; j’adore ça. Une journée type n’existe pas. J’alterne entre le terrain avec les partenaires et une vie de bureau entourée de managers super."

 

Mais ça, c'était avant

La pandémie de Covid a transformé l'exaltante vie de bureau en sage télétravail à la maison. Sauf qu'Adrianna a très vite demandé à revenir sur site. Dès le premier confinement, l'Antillaise ressort donc après moins de trois semaines d'isolement. Et là, le choc… "La nature avait été comme régénérée. Qu'on ne me dise pas que l'impact de l'homme sur la planète est nul. J'ai pu redécouvrir une nature martiniquaise rassérénée. C'était mon petit bonheur quotidien."

Aujourd'hui, la situation sanitaire en Martinique demeure préoccupante. Les plus pessimistes annoncent une possible cinquième vague. Face à cela, Adrianna Lamalle se protège comme elle peut. "Je ne regarde plus les infos. Je me concentre sur le positif." Et attend patiemment le retour des jours heureux. "La Martinique a toujours été un peuple festif. Le Tour des Yoles, le Tour cycliste, le semi-marathon de Fort-de-France, le carnaval… Tout cela nous manque terriblement."

Cela n'empêche pas l'Antillaise de travailler sur le fameux jour d'après. Adrianna est ainsi très impliquée dans le lancement prochain de l'ONG Freedom Butterflies. Avec l'ex-escrimeuse Sarah Daninthe, elles sont les deux référentes du Pôle sport de la nouvelle association. Objectif : inculquer aux enfants de 6 à 12 ans des valeurs de paix pour mieux affronter la vie. "Le premier grand rendez-vous devrait avoir lieu en Guadeloupe en novembre 2022. Ce sera un peu une suite des Olympiades de la Paix en 2019. Et après la Guadeloupe, nous comptons aller en Martinique, puis en Guyane."

L'Antillaise Adrianna Lamalle période athlétisme.

 

L'usure du sportif de haut-niveau

Adrianna Lamalle est une femme impliquée. Co-listière aux dernières élections territoriales sur la liste "Martinique ensemble". Curieuse de tout. Et bien décidée à faire bouger les lignes. Quitte peut-être à s'oublier à titre personnel. "J'assume : en mettant fin à ma carrière, j’ai pris du poids. Un peu trop à mon goût. Mais il faut bien comprendre que le sport de haut-niveau vous use à la fois physiquement et mentalement. Le dépassement de soi vous ronge à petit feu. Difficile d'en sortir indemne."

Bonne nouvelle : l'Antillaise a retrouvé le chemin de l'entraînement. Auprès de Dominique Joseph-Eugène du Racing Club de Martinique. "Ça m'a fait du bien. J'ai vite perdu cinq kilos. Malheureusement il y a eu un nouveau confinement... Retour à la case départ !" Il n'empêche qu'Adrianna pourrait regoûter un jour à la compétition. "Attention quand même : vous ne me verrez jamais au départ du semi-marathon de Fort-de-France. Si ce n'est pour commenter la course. Mais participer à un relais senior sur piste, oui, pourquoi pas ? Une aventure collective comme les Mondiaux vétérans m'amuserait beaucoup."

L’ex-athlète de l’équipe de France a aujourd’hui 39 ans. Un seul regret : avoir manqué les JO de Pékin en 2008 alors qu’elle était qualifiée. Une rupture des ligaments croisés du genou l’a finalement privée du voyage. Et les JO de Tokyo, l'été dernier ? Adrianna les a-t-elle seulement suivis ? "Pas en intégralité. J'ai vu de belles choses, c'est vrai mais je crois que j'ai préféré les Jeux Paralympiques. Il y avait beaucoup plus d'émotions. Les athlètes paralympiques m'ont vraiment fait vibrer. Alors que l'aspect marketing des JO classiques était trop visible. Dommage."

 

39 ans et déjà la culture de la sagesse

Adrianna Lamalle n'a jamais souhaité passer son diplôme d'entraîneur. Cette vie-là ne la tentait pas. Mais même à l'écart des pistes, son regard reste intéressant. Car il va à l'encontre du sentiment dominant. "Je n'envie pas tous ces athlètes qui choisissent de rester dans leur département pour s’entraîner. Je les inciterais plutôt à partir. Le cas de Wilhem Belocian en Guadeloupe est à part. La Région le soutient financièrement en lui permettant de voyager dès qu’il le souhaite. Mais pour les autres, l’expérience, la maturité s’acquièrent en s’exilant. Dans l’Hexagone, au Canada ou même aux États-Unis, pourquoi pas ?"

De toute façon, l’ex-hurdleuse reconnaît ne plus suivre l’athlétisme que d’un œil distrait. Sa vie désormais est ailleurs. Son activité chez EDF l’occupe cinq jours par semaine. Et le week-end, elle participe souvent à des opérations de communication. Hyperactive un jour. Hyperactive toujours. Adrianna Lamalle se sent bien chez elle, en Martinique. Cela l'amène d'ailleurs parfois à parler comme les djeuns : "Oui, c’est vrai, je kiffe ma life ! éclate-t-elle de rire. J’arrive tranquillement à la quarantaine, habitée d’une grande joie de vivre. C’est une chance. Et comme le bonheur se cultive… alors je cultive mon jardin. Surtout que j'habite au paradis !"

L'ex-athlète Adrianna Lamalle, 39 ans, heureuse chez elle en Martinique.