Ne lui parlez pas de retraite. Dimitri Bascou n'y pense plus. Plus vraiment. Le hurdleur fêtera ses 37 ans juste AVANT le début des JO de Paris 2024. Pourquoi devrait-il s'arrêter juste APRÈS ? "Je ne veux pas me fixer une date de sortie. Ça ne rimerait à rien. Et puis sur un plan psychologique, ce n'est pas forcément une bonne chose de se dire que je pars pour mes derniers championnats ou Jeux. Pourquoi ne pas continuer une année de plus après ça ? Qui m'en empêcherait ?" Peut-être l'aspect financier. Heureusement dans ce domaine, le GANG a tout prévu…
Petite cagnotte pour rêve XXL
Le GANG, c'est le Groupe Athlétique de Noisy-le-Grand. Le club de Dimitri Bascou. Un club présidé par Maryse Ewanjé-Epée. "L'idée de la cagnotte vient d'elle. Maryse trouvait que j'étais légitime dans cette démarche. Surtout après la saison que je viens de réaliser." Une cagnotte en ligne est donc lancée à la fin du mois de septembre. Et très vite, ça réagit. "J'ai déjà beaucoup de donateurs. Certains sont même à fond dans le projet. Ça fait plaisir de voir tous ces soutiens. C'est émouvant." Les donateurs vont pouvoir suivre la préparation du Martiniquais au plus près. Des rendez-vous en ligne fréquents. Des entraînements publics aussi pour ceux qui le peuvent. "J'aime l'idée de pouvoir échanger avec tous ces gens qui me permettent d'aller au bout de mon rêve."
Car pour financer son rêve olympique, il faut de l'argent. Beaucoup d'argent. Le premier objectif est de réunir la somme de vingt mille euros. "Il y a le basique incontournable : les soins spécifiques, les rendez-vous chez l'ostéopathe… Il y a ensuite la diététique. Chez moi, c'est très précis. Et enfin, il y a les stages d'entraînement. À La Réunion ? En Italie ? C'est en train de se discuter." Finalement, Dimitri Bascou ne se conçoit plus comme un athlète-entraîneur mais comme… un architecte. "Absolument ! Vous êtes face à un bâtiment qu'on construit ou qu'on réhabilite. On part sur un budget. Et puis il y a des surprises en cours de route."
2024, année courte mais intense
Pour le Martiniquais, l'année olympique qui s'annonce, ne ressemblera en rien à la saison précédente. "Ce sera beaucoup plus condensé. Tout va tenir en quatre à cinq mois. Au tout début mars à la fin des compétitions indoor, la saison olympique sera déjà lancée. Et en août, tout sera terminé." D'où l'importance d'être au top aux moments clés. "C'est le plan en effet."
Premier objectif pour Dimitri Bascou : les Mondiaux en salle à Glasgow du 1er au 3 mars 2024. "Je veux y remettre les pendules à l'heure. Affiner mes réglages. Je vais clairement chercher à battre mes records sur le 60 mètres haies." Soit moins de 7 secondes 41, le record de France qu'il détient depuis 2016. Ambitieux. Tout comme ses deux cibles estivales. "Rome bien sûr. Les championnats d'Europe en juin. Répétition générale avant les Jeux. Les Jeux à Paris, vous vous rendez compte ? Le Graal !"
Le 110 mètres haies, une spécialité française
Depuis Guy Drut dans les années soixante-dix, la France est fascinée par les haies hautes. Notre pays regorge de talents. Un sacré savoir-faire. "Comme si on se repassait les connaissances de génération en génération." Aujourd'hui, six ou sept tricolores peuvent prétendre à un ticket olympique. Une densité rare. "Ça peut impressionner et pourtant, c'est ce qui m'aide à me dépasser. Je sais qu'il y a des gars forts aux quatre coins de la France. J'y pense tout le temps. C'est une source de motivation fantastique."
Dimitri Bascou a toujours aimé la vitesse. Sur une piste d'athlétisme. Ou au volant d'une voiture de rallye. "Sauf que je ne peux pas piloter en ce moment. Trop dangereux à neuf mois des Jeux…" Il n'empêche que le pilote Dimitri donne un sacré coup de main à l'athlète Bascou. "Je continue à piloter sur simulateur. Ça m'aide vraiment. C'est un gros travail de visualisation qui m'apporte énormément au niveau de la concentration. Grâce à ça, au départ d'un 110 mètres haies, je fais ce que je veux. C'est mon atout."