Il y a 19 ans, Nicole Antibe s’installait sur le toit de l’Europe avec l’équipe de France de basket. Aujourd’hui, la Martiniquaise fait décoller les autres. Traduction : elle est agent d’escale pour Air Caraïbes à Orly. Histoire d’une reconversion réussie.
La même gaieté. Les mêmes éclats de rire. À 46 ans, Nicole Antibe ressemble toujours à la joueuse qui s’imposait jadis à Bourges, Valenciennes ou dans les plus grands clubs d’Italie. La Martiniquaise demeure une locomotive de bonne humeur. Hier, elle s’exprimait devant des foules fascinées. Aujourd’hui, elle guide ces mêmes foules vers des vacances paradisiaques. Invitation au voyage…
Après un bilan de compétence, elle réalise qu’elle veut travailler au contact des gens. Mais sans train-train. "Rester assise huit heures par jour entre quatre murs, c’était inimaginable pour moi."
Nicole Antibe se lance alors dans une formation pour devenir agent d’escale. Six mois plus tard, elle réussit l’examen. En 2016, la voilà recrutée par OCA (Orly Customer Assistance). La société sous-traite l’escale d’Orly pour Air Caraïbes. La nouvelle vie de Nini peut commencer.
Les Antilles. La Guyane. Punta Cana. Haïti. Cuba. St Martin en vol direct… Les destinations proposées par la compagnie sont nombreuses. Rien à voir avec l’univers du sport professionnel. La routine a disparu. "J’ai découvert un autre rythme de travail. Un jour, tu peux commencer à 2 heures du matin. Le lendemain à 16 heures. Nous gérons l’embarquement mais aussi les arrivées et les départs. Il n’y a donc pas de journée type. Ça me plaît."
Durant sa longue carrière de sportive, Nicole Antibe a eu la chance de beaucoup voyager. Aujourd’hui, elle aide des centaines de touristes à prendre l'avion. Sans jamais y monter elle-même. Un peu comme une basketteuse titulaire qui subitement resterait sur le banc des remplaçantes. "Ne le dites pas trop fort mais j’ai un peu peur en avion, s’amuse-t-elle. Et c’est la faute de l’équipe de France ! Il y a quelques années sur un vol Paris-Grenoble très perturbé, j’ai bien cru que notre dernière heure était venue. Depuis, j’ai un peu de mal. C’est plutôt cocasse : je me retrouve à rassurer certains passagers alors que moi…"
Nicole Antibe sous le maillot bleu, ce sont près de 200 sélections. 193 pour être précis. Et il aurait pu y en avoir beaucoup plus. En 2005, la Martiniquaise sort d’une saison difficile en Espagne. Elle demande à faire un break avec les Bleues. Le temps d’un été. Le temps de se reconstruire. Sauf qu’un an plus tard, après un nouveau parcours explosif en Italie, on ne lui tend pas la main. "Ça a été une grosse blessure affective pour moi. Après tout ce que j’avais donné à cette équipe… Ils ont commencé par me demander de leur rappeler où je jouais ! Puis ils ont refusé de me mettre en concurrence avec les autres. Je n’avais que 32 ans et j’évoluais dans l’une des meilleures formations d’Europe ! Aujourd’hui, ça va mieux mais je leur en veux encore."
La reconnaissance, la vraie, elle l’aura finalement de l'autre côté des Alpes. En France, elle était une bonne joueuse. En Italie, elle devient une star. Elle y remporte le Championnat (2007) et la Coupe (2004). Dans un pays où le sport fait office de religion, la déesse Antibe a de nombreux adeptes. "Là-bas, j’ai vécu une aventure extraordinaire. La langue, les matchs, la culture... Huit années simplement géniales. Il fallait voir à Naples, la ville de Maradona comment les gens réagissaient. Et à Schio, le président du club donnait littéralement tout pour le basket. En Italie, le sport est une dévotion."
Et même si elle reconnaît une certaine appréhension de l’avion, Nicole Antibe parvient à s’armer de courage pour voyager dès qu’elle le peut. C’est l’avantage de travailler pour une compagnie aérienne. On y bénéficie de billets à tarif très préférentiels. L’occasion pour la Martiniquaise de redécouvrir son île : "Quand j’étais gamine, je retournais aux Antilles avec mes parents. Les fameux voyages triennaux. J’étais déjà une parisienne. Je trouvais alors que l’île était petite, qu’il y avait des moustiques… Depuis quelques années, j’ai appris à apprécier ses saveurs, sa beauté, son charme. La Martinique, je l’aime vraiment aujourd’hui."
Que ce soit en 2020 derrière un comptoir d’enregistrement ou hier sur un terrain de basket, Nicole Antibe est toujours la même. Énergie identique. Ondes positives en pagaille. "Je n’ai absolument pas changé, confirme-t-elle. J’aime toujours autant me marrer. Je suis restée un bout-en-train. Nicole, la fofolle !"
Et le maudit virus mondial n’y change rien. La Martiniquaise garde le cap de l’optimisme. "Je ne vais pas vous mentir : 2020 a été une année très compliquée pour l’aérien. J’ai connu le chômage partiel au printemps. Ceci étant, il faut rester positive. Toujours. C’est en train de repartir et l’arrivée des vaccins va nous changer la vie. Dans un, trois ou peut-être six mois. Le bout du tunnel est proche. Il ne faut donc pas baisser les bras. Jamais."
Les yeux tournés vers le ciel
Nicole Antibe a joué au basket jusqu’au bout du bout. Durant sa quarantième année, elle évoluait encore dans le prestigieux championnat italien. De retour à Paris, la question se pose : que faire désormais ? Continuer dans le monde du basket ? "Non, j’avais envie de couper, de voir autre chose, confie-t-elle. J’évoluais dans ce milieu depuis plus de vingt ans."Après un bilan de compétence, elle réalise qu’elle veut travailler au contact des gens. Mais sans train-train. "Rester assise huit heures par jour entre quatre murs, c’était inimaginable pour moi."
Nicole Antibe se lance alors dans une formation pour devenir agent d’escale. Six mois plus tard, elle réussit l’examen. En 2016, la voilà recrutée par OCA (Orly Customer Assistance). La société sous-traite l’escale d’Orly pour Air Caraïbes. La nouvelle vie de Nini peut commencer.
Les Antilles. La Guyane. Punta Cana. Haïti. Cuba. St Martin en vol direct… Les destinations proposées par la compagnie sont nombreuses. Rien à voir avec l’univers du sport professionnel. La routine a disparu. "J’ai découvert un autre rythme de travail. Un jour, tu peux commencer à 2 heures du matin. Le lendemain à 16 heures. Nous gérons l’embarquement mais aussi les arrivées et les départs. Il n’y a donc pas de journée type. Ça me plaît."
Durant sa longue carrière de sportive, Nicole Antibe a eu la chance de beaucoup voyager. Aujourd’hui, elle aide des centaines de touristes à prendre l'avion. Sans jamais y monter elle-même. Un peu comme une basketteuse titulaire qui subitement resterait sur le banc des remplaçantes. "Ne le dites pas trop fort mais j’ai un peu peur en avion, s’amuse-t-elle. Et c’est la faute de l’équipe de France ! Il y a quelques années sur un vol Paris-Grenoble très perturbé, j’ai bien cru que notre dernière heure était venue. Depuis, j’ai un peu de mal. C’est plutôt cocasse : je me retrouve à rassurer certains passagers alors que moi…"
Discrète en France et adulée en Italie
Lorsqu’elle se retourne sur ses années basket, la Martiniquaise a du mal à se dire fière de sa carrière. Juste contente de son parcours. De ses rencontres. De ses voyages. Et d’avoir participé aux Jeux Olympiques. Avant toute chose. "Les JO de Sydney en 2000 ? Pour moi, ça dépasse tout le reste. Bien sûr, nous avons été championnes d’Europe à la maison, l’année suivante. Mais les JO dans la vie d’un sportif, c’est juste exceptionnel. À tel point que j’ai toujours le poster de l’Australie dans mon salon. Vingt ans après !"Nicole Antibe sous le maillot bleu, ce sont près de 200 sélections. 193 pour être précis. Et il aurait pu y en avoir beaucoup plus. En 2005, la Martiniquaise sort d’une saison difficile en Espagne. Elle demande à faire un break avec les Bleues. Le temps d’un été. Le temps de se reconstruire. Sauf qu’un an plus tard, après un nouveau parcours explosif en Italie, on ne lui tend pas la main. "Ça a été une grosse blessure affective pour moi. Après tout ce que j’avais donné à cette équipe… Ils ont commencé par me demander de leur rappeler où je jouais ! Puis ils ont refusé de me mettre en concurrence avec les autres. Je n’avais que 32 ans et j’évoluais dans l’une des meilleures formations d’Europe ! Aujourd’hui, ça va mieux mais je leur en veux encore."
La reconnaissance, la vraie, elle l’aura finalement de l'autre côté des Alpes. En France, elle était une bonne joueuse. En Italie, elle devient une star. Elle y remporte le Championnat (2007) et la Coupe (2004). Dans un pays où le sport fait office de religion, la déesse Antibe a de nombreux adeptes. "Là-bas, j’ai vécu une aventure extraordinaire. La langue, les matchs, la culture... Huit années simplement géniales. Il fallait voir à Naples, la ville de Maradona comment les gens réagissaient. Et à Schio, le président du club donnait littéralement tout pour le basket. En Italie, le sport est une dévotion."
Toujours la même à 46 ans
L’ancienne championne a peut-être quitté le monde du sport ; elle en a conservé des habitudes. Des rituels. "C’est l’héritage d’une vie de sportive de haut niveau. Je fais toujours du sport. J’en ai besoin. Je cours beaucoup. Le dimanche quand je ne travaille pas, je joue aussi avec les anciens du Stade Français. Ça me fait du bien. Pour moi, il n’a jamais été question de prendre 25 kilos parce que je n’étais plus basketteuse professionnelle."Et même si elle reconnaît une certaine appréhension de l’avion, Nicole Antibe parvient à s’armer de courage pour voyager dès qu’elle le peut. C’est l’avantage de travailler pour une compagnie aérienne. On y bénéficie de billets à tarif très préférentiels. L’occasion pour la Martiniquaise de redécouvrir son île : "Quand j’étais gamine, je retournais aux Antilles avec mes parents. Les fameux voyages triennaux. J’étais déjà une parisienne. Je trouvais alors que l’île était petite, qu’il y avait des moustiques… Depuis quelques années, j’ai appris à apprécier ses saveurs, sa beauté, son charme. La Martinique, je l’aime vraiment aujourd’hui."
Que ce soit en 2020 derrière un comptoir d’enregistrement ou hier sur un terrain de basket, Nicole Antibe est toujours la même. Énergie identique. Ondes positives en pagaille. "Je n’ai absolument pas changé, confirme-t-elle. J’aime toujours autant me marrer. Je suis restée un bout-en-train. Nicole, la fofolle !"
Et le maudit virus mondial n’y change rien. La Martiniquaise garde le cap de l’optimisme. "Je ne vais pas vous mentir : 2020 a été une année très compliquée pour l’aérien. J’ai connu le chômage partiel au printemps. Ceci étant, il faut rester positive. Toujours. C’est en train de repartir et l’arrivée des vaccins va nous changer la vie. Dans un, trois ou peut-être six mois. Le bout du tunnel est proche. Il ne faut donc pas baisser les bras. Jamais."