Il y a 19 ans, Nicole Antibe s’installait sur le toit de l’Europe avec l’équipe de France de basket. Aujourd’hui, la Martiniquaise fait décoller les autres. Traduction : elle est agent d’escale pour Air Caraïbes à Orly. Histoire d’une reconversion réussie.
Nicole Antibe a joué au basket jusqu’au bout du bout. Durant sa quarantième année, elle évoluait encore dans le prestigieux championnat italien. De retour à Paris, la question se pose : que faire désormais ? Continuer dans le monde du basket ? "Non, j’avais envie de couper, de voir autre chose, confie-t-elle. J’évoluais dans ce milieu depuis plus de vingt ans."
Après un bilan de compétence, elle réalise qu’elle veut travailler au contact des gens. Mais sans train-train. "Rester assise huit heures par jour entre quatre murs, c’était inimaginable pour moi."
Nicole Antibe se lance alors dans une formation pour devenir agent d’escale. Six mois plus tard, elle réussit l’examen. En 2016, la voilà recrutée par OCA (Orly Customer Assistance). La société sous-traite l’escale d’Orly pour Air Caraïbes. La nouvelle vie de Nini peut commencer.
Les Antilles. La Guyane. Punta Cana. Haïti. Cuba. St Martin en vol direct… Les destinations proposées par la compagnie sont nombreuses. Rien à voir avec l’univers du sport professionnel. La routine a disparu. "J’ai découvert un autre rythme de travail. Un jour, tu peux commencer à 2 heures du matin. Le lendemain à 16 heures. Nous gérons l’embarquement mais aussi les arrivées et les départs. Il n’y a donc pas de journée type. Ça me plaît."
Lorsqu’elle se retourne sur ses années basket, la Martiniquaise a du mal à se dire fière de sa carrière. Juste contente de son parcours. De ses rencontres. De ses voyages. Et d’avoir participé aux Jeux Olympiques. Avant toute chose. "Les JO de Sydney en 2000 ? Pour moi, ça dépasse tout le reste. Bien sûr, nous avons été championnes d’Europe à la maison, l’année suivante. Mais les JO dans la vie d’un sportif, c’est juste exceptionnel. À tel point que j’ai toujours le poster de l’Australie dans mon salon. Vingt ans après !"
Nicole Antibe sous le maillot bleu, ce sont près de 200 sélections. 193 pour être précis. Et il aurait pu y en avoir beaucoup plus. En 2005, la Martiniquaise sort d’une saison difficile en Espagne. Elle demande à faire un break avec les Bleues. Le temps d’un été. Le temps de se reconstruire. Sauf qu’un an plus tard, après un nouveau parcours explosif en Italie, on ne lui tend pas la main. "Ça a été une grosse blessure affective pour moi. Après tout ce que j’avais donné à cette équipe… Ils ont commencé par me demander de leur rappeler où je jouais ! Puis ils ont refusé de me mettre en concurrence avec les autres. Je n’avais que 32 ans et j’évoluais dans l’une des meilleures formations d’Europe ! Aujourd’hui, ça va mieux mais je leur en veux encore."
L’ancienne championne a peut-être quitté le monde du sport ; elle en a conservé des habitudes. Des rituels. "C’est l’héritage d’une vie de sportive de haut niveau. Je fais toujours du sport. J’en ai besoin. Je cours beaucoup. Le dimanche quand je ne travaille pas, je joue aussi avec les anciens du Stade Français. Ça me fait du bien. Pour moi, il n’a jamais été question de prendre 25 kilos parce que je n’étais plus basketteuse professionnelle."
Et même si elle reconnaît une certaine appréhension de l’avion, Nicole Antibe parvient à s’armer de courage pour voyager dès qu’elle le peut. C’est l’avantage de travailler pour une compagnie aérienne. On y bénéficie de billets à tarif très préférentiels. L’occasion pour la Martiniquaise de redécouvrir son île : "Quand j’étais gamine, je retournais aux Antilles avec mes parents. Les fameux voyages triennaux. J’étais déjà une parisienne. Je trouvais alors que l’île était petite, qu’il y avait des moustiques… Depuis quelques années, j’ai appris à apprécier ses saveurs, sa beauté, son charme. La Martinique, je l’aime vraiment aujourd’hui."