Dans l’exposition "Keep going !", le plasticien guadeloupéen Kenny Dunkan montre toute sa personnalité et son goût prononcé pour les collections et les associations d’objets. Une fusion des genres qui compose sa vision singulière, profondément inspirée du monde créole.
"Il a su créer son propre univers". Bien souvent, on peut lire cette phrase à propos d’un artiste pour évoquer la singularité de son œuvre (et parfois, elle est employée quand on ne sait pas quoi dire de l’artiste ou de son œuvre !). Rien de galvaudé quand il s’agit de Kenny Dunkan.
Son travail, ses installations, visibles peu de temps "en vrai" dans la galerie parisienne Les Filles du Calvaire - avant l’interdiction faite aux galeries de recevoir du public - accrochent immanquablement le regard. Les contraires font symbiose, les couleurs explosent, les douleurs s’exposent aussi à travers son art, à travers cette singularité qui fait sa patte : la mixité, la diversité, le mélange des genres comme on dit.
Chez Kenny Dunkan, vous trouvez de la photo, de la vidéo, de la peinture, de la sculpture, de l’assemblage d’objets, du collage, de la superposition, des objets en suspension… Bref, un carnaval d’inspirations se bouscule dans la tête du jeune homme avec en point de mire, une volonté de faire syncrétisme de tout ce foisonnement.
Vous avez dit Carnaval ?
Oui, car ce désordre trouve sans doute là son origine : en Guadeloupe, où il a grandi, le petit Kenny ne manquait pas une édition du Carnaval avec ses parents. Premiers émois visuels, avec ces couleurs, masques, paillettes et costumes bariolés paradant, évoluant dans une même danse de joie, d’excitation permettant d’exorciser les peurs ancestrales de tout un peuple…
Pas étonnant donc que la première création de l’artiste fut, à l'âge de dix ans, ce char qu’il commença à assembler avec ce qui lui tombait sous la main. Kenny Dunkan en parle dans l’Oreille est hardie comme d’un élément fondateur… Plus tard, d’autres thèmes qui lui sont chers viendront patiner son art : la place de l’homme noir dans le monde, les questions de domination, ses racines caribéenne, française, européenne… Son art est chaotique et méticuleux, violent et drôle, désordonné et logique. Un art du paradoxe instinctif.
De la Guadeloupe à Paris
Kenny Dunkan quittera donc sa chère Guadeloupe à dix-huit ans pour accomplir son destin d’artiste. Études d’arts visuels à Paris, à l’école Olivier de Serres puis à l’Ecole Nationale des Arts Décoratifs dont il sortira diplômé avec les félicitations du jury. Puis le Salon de Montrouge, tremplin pour les jeunes artistes et autre Graal marquant un jalon dans sa vie : l’obtention d’une résidence d’un an dans la prestigieuse Villa Médicis, à Rome, à seulement vingt-huit ans, lui qui ne se rêvait pas dans ces lieux pour élites artistiques avant ses quarante ans au moins !
C’est la preuve que son travail a été remarqué, voire remarquable. Il n’y a qu’à visiter cette exposition Keep going – il faudra se contenter de la visite virtuelle sur le site de la galerie parisienne les Filles du Calvaire - ou encore écouter l’Oreille est hardie où le plasticien s’est livré pour nous à une expérience de décryptage de l’une de ses œuvres,Transferts, l’une de ses premières séries de peintures commencée il y a quatre ans. Regardez l’œuvre ci-dessous tout en écoutant Kenny Dunkan nous raconter sa genèse.
Bientôt, ses œuvres à New York
Si Keep going a pâti de la crise sanitaire en interrompant l’accueil des visiteurs parisiens, le public américain de New York aura l’occasion d’entrer dans l’univers de Kenny Dunkan. D’autres œuvres ont en effet pris l’avion direction les USA. Ses œuvres mais pas lui, cloué au sol par les restrictions sanitaires. Qu’à cela ne tienne : l’artiste dit faire confiance à ses œuvres chargées de son énergie, pour parler à sa place. Et si le monde va mieux, Kenny Dunkan nous donne rendez-vous en octobre 2021 à Paris pour la FIAC, la Foire Internationale d’Art Contemporain…
En attendant retrouvez-le et écoutez-le dans l’Oreille est hardie ICI.
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