Tout au long de sa carrière sur les rings, Xavier Noël a beaucoup donné. "Je suis allé jusqu'à trois entraînements par jour." Il imaginait alors que la boxe s'arrêterait pour lui à la fin de sa carrière sportive. "Il est certain que je ne me voyais pas coach. Je pensais que j'aurais eu largement ma dose." Erreur. Après un passage remarqué à l'INSEP en tant qu'entraîneur national, il goûte à l'organisation de galas de boxe. Puis le coaching privé devient une évidence. Le Guadeloupéen a du succès. Un succès XXL. Aujourd'hui, son planning est bien rempli. Et Xavier semble parfois friser le KO. "Non, quand même pas. Mais il est vrai que j'ai de quoi m'occuper. En résumé, je suis un gros dormeur qui n'a pas l'occasion de dormir."
Monsieur le Président
Xavier Noël a tous ses diplômes d'entraîneur. La boxe, il connaît. Sur le bout des doigts. De là à présider aux destinées d'un club de boxe… C'est pourtant la proposition qui lui est faite en 2020 par William Jules, entraîneur au BC Sevran. "Dans un premier temps, j'ai demandé à réfléchir. C'était Sevran. Le 93. Avec tout au plus, une dizaine de personnes qui se battaient en duel." Sauf que Noël aime les défis impossibles. Les challenges périlleux. "La salle Jesse Owens est quand même super belle. Nous sommes tout près de Temblay-en-France et de Villepinte. Il y avait peut-être un coup à jouer. Ma première mission a été de restructurer."
Le Boxing Club de Sevran compte aujourd'hui soixante-dix licenciés. De 9 à 53 ans. Belle réussite, monsieur le Président. "Le bouche-à-oreille nous a beaucoup aidés. Nos trois entraînements hebdomadaires sont devenus des rendez-vous importants pour les passionnés de boxe à Sevran. Petits ou grands." Dans ces conditions, la mairie de la ville n'a pu qu'applaudir. "Elle a vraiment joué le jeu. En nous fournissant tout le matériel nécessaire : des sacs, des gants… Et l'an prochain, nous allons recevoir notre première subvention." Mission restructuration accomplie.
Un ring transformé en jardin
Les débuts de ses cours particuliers au jardin du Luxembourg ressemblent beaucoup à ses premiers pas en tant que Président du BC Sevran. Xavier Noël hésite. "C'est quand même très théâtral. Je ne me voyais pas faire ça devant tout le monde." Le Guadeloupéen pourtant, se lance. Dans un premier temps, pour une poignée de clients. Ça ne va pas durer. "Les gens sont venus à ma rencontre. Naturellement. Sans avoir besoin de faire la moindre pub. Je suis passé d'une dizaine de clients. À vingt. Puis trente. Aujourd'hui, je dois avoir une cinquantaine de passionnés en cours individuel."
Il n'est pas rare de voir Xavier investir le jardin dès son ouverture à 7h30. Un chef d'entreprise l'attend. Ou un avocat. Avec l'envie de transpirer avant de débuter la journée. Xavier enchaîne généralement les séances particulières jusqu'au début d'après-midi. "Enseigner les bases de la boxe à quelqu'un, c'est juste génial. Direct, crochet, uppercut... Les voir esquiver. Avec le sourire en plus ! Je leur fait aussi prendre conscience de la dangerosité de la boxe. Prendre des coups, ce n'est pas une nourriture." Son plus jeune élève a moins de 7 ans. Le plus âgé (une femme) 57.
Une expérience unique
Qu'ils résident à Paris ou à Sevran, presque tous les apprentis-boxeurs posent à Xavier Noël, les deux mêmes questions : "Ça fait quoi de monter sur un ring ? C'est stressant ? Si seulement je pouvais connaître ça, moi-aussi…" D'où la dernière idée en date du Guadeloupéen : organiser des test-matchs à Sevran. "J'en suis à ma troisième organisation depuis début avril. Les rounds durent 1 minute 30. Les combats font trois rounds. Ou moins. Ce sont les boxeurs qui décident. Un seul mot d'ordre : interdiction de frapper fort. C'est de la boxe éducative."
Le succès est au rendez-vous. "On dépasse les cinquante participants à chaque fois." Il faut dire que la mise en scène est soignée. "Quand ils s'inscrivent, ils donnent leur nom, leur prénom, leur poids… et la musique sur laquelle ils veulent arriver sur le ring. Comme les pros ! Pour eux, c'est kiffant." Et Xavier réalise la prouesse de réunir ces jours-là, boxeurs du Sevran populaire et du Paris bourgeois. "Tous adorent le concept. Ils viennent juste pour le plaisir de boxer. Sans le moindre danger physique. Tout cela permet aussi de véhiculer une autre image du 93. On casse les tabous. Seules les vraies valeurs de la boxe sont mises en avant : respect de l'autre et bienveillance."