Le parquet de Paris a requis un procès pour viol par personne ayant autorité devant la cour criminelle départementale contre l'avocat martiniquais Alex Ursulet, qui conteste les accusations, a appris samedi l'AFP de source proche du dossier. Ancien associé de Jacques Vergès et défenseur du tueur en série Guy Georges, Me Ursulet est accusé de viol par une jeune avocate, âgée d'un peu plus de 20 ans au moment des faits, qui se seraient produits en janvier 2018. Cette dernière effectuait alors un stage dans le cabinet parisien de Me Ursulet, dans le cadre de sa formation.
Dans son réquisitoire définitif daté de jeudi 6 juillet, dont l'AFP a eu connaissance, le parquet demande que l'avocat de 63 ans soit jugé par la cour criminelle départementale de Paris, constituée de magistrats professionnels et sans jurés populaires. Il appartient désormais à la juge d'instruction chargée des investigations d'ordonner ou pas ce procès. Sollicitée par l'AFP, sa défense n'avait pas réagi dans l'immédiat.
La plaignante accuse le pénaliste de lui avoir imposé des pénétrations digitales vaginales alors qu'ils se trouvaient seuls à son cabinet. Après cet épisode, elle avait mis fin à son stage. D'abord placé sous le statut intermédiaire de témoin assisté, Alex Ursulet avait finalement été mis en examen en novembre 2021. À l'époque, une de ses avocates, Me Marie Burguburu, avait estimé que "rien" ne justifiait cette mise en examen et affirmé qu'il y avait "d'innombrables contradictions et impossibilités".
"Piège"
Pour le ministère public, "il existe suffisamment d'éléments permettant d'établir la réalité du viol" dénoncé par la plaignante qui "à chaque stade de la procédure", a "livré une version cohérente des faits". "Elle a décrit, sans se contredire, le processus au terme duquel, après avoir, dans un premier temps, été impressionnée par la carrure professionnelle et la personnalité d'Alex Ursulet, de 36 ans son aîné et professionnel à la notoriété bien établie, alors qu'elle-même était en recherche de stage, elle a ensuite été déstabilisée par les changements d'attitude du mis en examen à son égard, celui-ci oscillant entre séduction, rudoiement et domination, pour finir par se sentir enfermée dans un piège auquel elle n'a pu se soustraire", estime le parquet.
"C'est une étape de plus allant dans le sens de ce que dénonce ma cliente depuis quatre ans, le chemin est encore long mais nous l'abordons sereinement", a commenté auprès de l'AFP Me Thibault Laforcade, avocat de la plaignante. Me Ursulet avait été radié fin décembre 2019 du barreau de Paris par le Conseil de l'Ordre avant de faire appel de cette décision, ce qui lui permettait de continuer d'exercer.
La cour d'appel de Paris a décidé en avril 2022 d'attendre l'issue de la procédure pénale pour viol le visant avant de se prononcer sur sa radiation du barreau.