La Guadeloupe fait rêver. Outre l'île-continent, elle compte des "dépendances", des îles éparpillées et préservées, comme Marie-Galante, les Saintes ou la Désirade. Un paradis pour les visiteurs, mais pour ceux qui les administrent, la situation est plus compliquée.
•
"On a un cadre de vie très privilégié, c'est vrai, mais la problématique de la double insularité (être une île d'une île), c'est vraiment compliqué, surtout en matière de transports", affirme Jean-Claude Pioche, maire de la Désirade qui compte 1.448 habitants.
A Marie-Galante (10.867 habitants), la communauté de communes est constituée des trois bourgs de l'île. Si cela donne parfois aux discours de sa présidente Maryse Etzol des accents émancipateurs vis-à-vis de la Guadeloupe, pour les élus, cela réduit le nombre d'allers-retours entre les deux côtes.
"L'insularité ne peut pas être une excuse pour mal faire votre travail d'élu", souligne Camille Pelage (candidat à la mairie de Saint-Louis à Marie-Galante et 5e vice président du conseil régional), qui pointe "une des faiblesses de la République", qui, selon lui, ne prend pas en compte "les situations particulières" de ces élus. "Nous n'avons pas d'indemnités supplémentaires du fait de notre insularité qui nous occasionne pourtant des frais supplémentaires", argue-t-il. Et pour ceux qui continuent d'exercer leur métiers, c'est leurs congés qui sautent pour exercer leur fonction d'élu.
Pour les déchets, qui relève de la compétence de la communauté d'agglomération de Grand Sud Caraïbes, dont le siège se trouve sur la Guadeloupe continentale à Basse-Terre, "nous chargions une barge trois fois par semaine. Sauf que pour des raisons budgétaires (le déficit de l'agglomération touche les 75 millions d'euros), on a réduit d'une barge par semaine. Résultat : on fait des économies mais nous avons des déchets à ciel ouvert, en zone tropicale", ajoute-t-il.
Les élus savent que leurs territoires se dépeuplent, que les projets sont grevés par des finances délétères, que les heures de bateau sont nombreuses, mais pourtant, ils restent, accrochés au potentiel de développement touristique de leurs îles. Car malgré tout, ces cailloux dans l'océan où vivent une poignée de gens, "ce sont des territoires qu'on aime", disent-ils.
"Le costume d'élu pas très adapté à la barque de pêcheur"
Lui, comme tous les autres, prend le bateau plusieurs fois par semaine. "Sauf que la navette entre la Désirade et le continent n'a pas des horaires compatibles avec ceux d'un élu, ou même d'un professionnel", note-t-il. Ces ferries sont des bateaux de tourisme et non des transports publics. "Souvent, je descends et je monte avec les mareyeurs (...), mais le costume d'élu n'est pas très adapté à la barque de pêcheur", sourit-il.A Marie-Galante (10.867 habitants), la communauté de communes est constituée des trois bourgs de l'île. Si cela donne parfois aux discours de sa présidente Maryse Etzol des accents émancipateurs vis-à-vis de la Guadeloupe, pour les élus, cela réduit le nombre d'allers-retours entre les deux côtes.
"Une des faiblesses de la République"
Car beaucoup d'élus des "dépendances" cumulent plusieurs mandats (communauté de commune ou d'agglomération, département, région ou dans les institutions nationales), ce qui multiplie les déplacements. Alors ils jonglent entre un logement sur leur terre d'élection, un autre sur la Guadeloupe continentale et des locations de voitures."L'insularité ne peut pas être une excuse pour mal faire votre travail d'élu", souligne Camille Pelage (candidat à la mairie de Saint-Louis à Marie-Galante et 5e vice président du conseil régional), qui pointe "une des faiblesses de la République", qui, selon lui, ne prend pas en compte "les situations particulières" de ces élus. "Nous n'avons pas d'indemnités supplémentaires du fait de notre insularité qui nous occasionne pourtant des frais supplémentaires", argue-t-il. Et pour ceux qui continuent d'exercer leur métiers, c'est leurs congés qui sautent pour exercer leur fonction d'élu.
"Déchets à ciel ouvert"
"Chaque déplacement sur la Guadeloupe continentale c'est une journée de travail de perdue", explique Louly Bonbon, maire de Terre-de-Haut, une des deux îles de l'archipel des Saintes (2.619 habitants), qui travaille au CFA de la Chambre des métiers et de l'artisanat de Guadeloupe. Et puis, ajoute-t-il, cette double insularité pèse aussi dans les budgets : "Tout coûte 30 à 40 % plus cher qu'en Guadeloupe", affirme Louly Bonbon. "Quand la région construit une route ici, en mètre linéaire, avec le même budget, elle fait moins qu'en Guadeloupe."Pour les déchets, qui relève de la compétence de la communauté d'agglomération de Grand Sud Caraïbes, dont le siège se trouve sur la Guadeloupe continentale à Basse-Terre, "nous chargions une barge trois fois par semaine. Sauf que pour des raisons budgétaires (le déficit de l'agglomération touche les 75 millions d'euros), on a réduit d'une barge par semaine. Résultat : on fait des économies mais nous avons des déchets à ciel ouvert, en zone tropicale", ajoute-t-il.
"Des territoires qu'on aime"
De l'avis des élus, c'est un combat de faire valoir la place de leur île dans les débats, "même si dans les discours, tout le monde dit nous prendre en considération". Restent aussi les services publics qui s'en vont un à un, emportés par les habitants qui quittent l'île.Les élus savent que leurs territoires se dépeuplent, que les projets sont grevés par des finances délétères, que les heures de bateau sont nombreuses, mais pourtant, ils restent, accrochés au potentiel de développement touristique de leurs îles. Car malgré tout, ces cailloux dans l'océan où vivent une poignée de gens, "ce sont des territoires qu'on aime", disent-ils.