Le plan chlordécone 4 est lancé "afin de poursuivre et de renforcer les mesures contre la pollution par la chlordécone en Guadeloupe et en Martinique" selon l’État. Ce nouveau plan dont le "budget global prévisionnel" est fixé à 92 millions d’euros, prévoit 6 objectifs en 47 mesures.
À l’issue d’un "processus de co-construction" mené depuis fin 2019 associant l’ensemble des acteurs (services de l’État, collectivités, associations, organisations professionnelles), et après une consultation publique organisée aux Antilles, le gouvernement propose un nouveau plan chlordécone IV (coordonné par une antillaise).
Il couvrira la période de 2021 à 2027, "afin de poursuivre et de renforcer les mesures contre la pollution par la chlordécone en Guadeloupe et en Martinique. Il s'attache à la protection de la population, la recherche et l’alimentation pour atteindre le "0 chlordécone" " assure l’État.
Les "6 grands objectifs" du plan 4
- Informer de manière transparente, afin de mieux protéger l’ensemble des publics des risques liés à la chlordécone ;
- Sensibiliser le public scolaire et la communauté éducative ;
- Développer une recherche transversale prenant en compte les attentes de la population locale, avec une vision globale des impacts de la chlordécone et plus largement des autres pesticides ;
- Améliorer la prévention des risques professionnels dans les entreprises et la prise en charge au titre des maladies professionnelles des travailleurs ;
- Mieux connaître les expositions et impacts sanitaires, afin d’adapter les mesures de prévention et de protection, de surveiller l’état de santé de la population et d’assurer un suivi sanitaire adapté ;
- Accompagner les professionnels de la pêche et de l’agriculture dans l’évolution de leurs pratiques et de leurs activités en zone contaminée.
Ces orientations se déclinent en 47 mesures, pour un "budget global prévisionnel" fixé à 92 millions d’euros. La "répartition prévisionnelle" des dépenses prévoit notamment 38% de cette somme pour la santé, 28% dédiés à la recherche et 18% seront consacrés à l’alimentation.
Un "plan très ambitieux"
Ce plan a pour ambition de protéger les populations contre cette pollution environnementale persistante et prendre en charge ses impacts, qu’ils soient sanitaires, environnementaux ou économiques.
Ce plan très ambitieux traduit l’engagement du Président de la République de faire en sorte que l’État avance sur le chemin de la réparation et des projets.
La pollution par la chlordécone, molécule utilisée en Guadeloupe et en Martinique de 1972 à 1993 pour lutter contre le charançon du bananier, "constitue, par son ampleur et sa persistance dans le temps, un enjeu sanitaire, environnemental, agricole, économique et social pour les Antilles" reconnait l’État.
La lutte contre cette pollution a fait l’objet d’un ensemble d’actions mises en œuvre à travers trois précédents plans nationaux depuis 2008. En outre, une commission d’enquête parlementaire a été conduite en 2019 sous la présidence du député de la Martinique, Serge Letchimy, avec pour rapporteure sa collègue Justine Benin, députée de la Guadeloupe.
Élus et collectifs réclament "Ré-pa-ra-tion"
Dans son rapport rendu fin 2019, la commission s’est attachée à mieux comprendre les responsabilités dans la pollution et à cerner ses conséquences sur l’environnement, la santé et l’économie locale. Elle a émis "des propositions de réparations pour les territoires, notamment dans le champ de l’agriculture, de la pêche et de l’alimentation, mais également pour restaurer la confiance des populations envers l’État, et renforcer les efforts en matière de recherche".
Mais les conclusions de deux juges d'instruction du pôle santé du Tribunal de Grande Instance de Paris les 20 et 21 janvier 2021 lors d’une visio-conférence, ont surpris les îles soeurs (Guadeloupe et Martinique). Les deux magistrats ont en effet laissé entendre que le dossier pourrait être sous le coup d’une prescription, ce qui soulève la colère des collectifs et des élus antillais.
Nouvelle mobilisation à Fort-de-France
Du coup, plusieurs organisations syndicales, politiques et féministes ont rendez-vous samedi 27 février 2021 pour dire "NON au non-lieu et à la prescription".
Mercredi 10 février dernier, Olivier Véran, le ministre de la santé a reconnu lors d’une séance de questions au sénat que "le chlordécone était une vraie saloperie", mais que "le gouvernement ne peut pas interférer dans une procédure judiciaire en cours", suite à l’information judiciaire ouverte pour "empoisonnement", à la demande de plusieurs associations engagées dans la lutte pour la réparation.
C’est dans ce contexte que le plan chlordécone IV est lancé par le gouvernement, après une consultation publique organisée fin 2020. Il sera présenté officiellement le 3 mars 2021 par le préfet de Martinique, à l’occasion des comités de pilotage locaux.