Maryse Condé à Sarcelles vendredi 24 juin pour l’adaptation théâtrale de son roman "Moi, Tituba sorcière… noire de Salem"

La romancière guadeloupéenne Maryse Condé dans sa maison à Gordes, dans le sud de la France, en octobre 2021
Événement à Sarcelles en région parisienne. Vendredi 24 juin, la ville accueillera la romancière guadeloupéenne Maryse Condé, prix Nobel alternatif de littérature en 2018, pour l'adaptation théâtrale de son livre "Moi, Tituba sorcière… noire de Salem", sous le titre "Les sorcières de Sarcelles".

Bien que fatiguée en cette période de chaleur et âgée de 85 ans, Maryse Condé a tenu à faire le déplacement. L’écrivaine guadeloupéenne, prix Nobel alternatif de littérature en 2018, est arrivée ce jeudi après-midi à Paris en provenance du sud de la France où elle réside. Demain, à la salle André Malraux de Sarcelles, elle sera l’invitée d’honneur, et exceptionnelle, pour l’adaptation théâtrale de son roman Moi, Tituba sorcière… noire de Salem, paru en 1986, revisité par les élèves du Lycée de la Tourelle.

Moi, Tituba raconte l’histoire de la fille d’une esclave, Abena, violée par un marin anglais à bord d'un bateau négrier. Née à la Barbade, Tituba sera initiée à des pouvoirs surnaturels par Man Yaya, une guérisseuse traditionnelle capable de jeter des sorts. Un mariage l'amène à Boston aux Etats-Unis, puis au village de Salem au service du pasteur Parris. C'est dans l'atmosphère puritaniste de cette communauté qu'a lieu le procès des sorcières de Salem en 1692. Tituba est arrêtée et oubliée dans sa prison, jusqu'à l'amnistie générale qui est prononcée deux ans plus tard. Dans son roman, Maryse Condé la réhabilite et la ramène à son pays natal, parmi les Noirs marrons fugitifs et les premières révoltes d'esclaves.

Une trame contemporaine

Les sorcières de Sarcelles s’inspirent du livre de l’écrivaine guadeloupéenne pour intégrer son histoire dans une trame contemporaine dénonçant l’esclavage, le racisme et le colonialisme. Sarcelles, qui compte 60.000 habitants aujourd’hui, représente pour cela une ville emblématique du fait de son multiculturalisme, où des milliers de personnes d’origines différentes cohabitent. Par ailleurs, elle commémore chaque année, le 23 mai, la Journée nationale en hommage aux victimes de l’esclavage, initiée par le Comité Marche du 23 mai 1998. Un puissant symbole auquel la ville tient particulièrement.  

"Les plus jeunes de ses habitants ont parfois le sentiment d’être voués à l’incompréhension, à l’exclusion, à la stigmatisation, à l’invisibilisation. Et faire exister Tituba sur la scène c’est au contraire conquérir le droit d’être soi-même, oser accéder à la lumière, rompre avec la fatalité. Comme elle, les élèves du lycée de la Tourelle vont mûrir, se transformer et tenter de s’émanciper au fil du récit", écrivent les auteurs du film documentaire, au titre éponyme consacré à la pièce, qui sera disponible prochainement. En présence de Maryse Condé, demain s'annonce un grand jour pour les apprentis comédiens du lycée.