Les forces vives ne devraient pas être reçues par la ministre déléguée aux Outre-mer Marie Guévenoux à l'occasion de sa visite à Mayotte ce jeudi 2 et vendredi 3 mai. "La dernière fois qu'elle est venue, on a sollicité une audience et on a reçu une suite de non-recevoir", explique Yasmina Aouny, la porte-parole des forces vives. "Cette fois-ci, il serait compliqué de dialoguer car elle prépare son discours depuis Paris puis le répète à chaque rendez-vous médiatique."
"A chaque fois qu'elle vient, c'est un désenchantement", poursuit-elle. "Sa dernière visite, c’était plus ou moins pour préparer les élus au fait que l’engagement qui avait été pris au travers du courrier du 14 février ne sera pas tenu. Elle vient avec une délégation de trois parlementaires pour les convaincre de l’abrogation du droit du sol. Tout ceci est tellement éloigné de la gravité de la situation."
Suppression du droit du sol
Elle reproche justement au gouvernement pas avoir l'assurance de parvenir à faire abroger le droit du sol et ne pas avoir confiance dans ses engagements. "On a le président de la commission des lois qui est venu ici et qui a dit que notre demande de supprimer le droit du sol est un mirage", explique-t-elle. La porte-parole évoque aussi un "couac" au sujet du report de la présentation en conseil des ministres des projets de loi Mayotte.
"Nous avons vu la ministre dire que c’était la volonté des élus, puis on a vu les élus réagir pour dire que ce n’était pas eux qui avaient demandé ce report. Il y a déjà un problème de communication", ajoute-t-elle. Yasmina Aouny explique aussi ne pas voir les effets de l'opération Mayotte Place Nette. "Le mal qui nous ronge est profond, structurel, on ne peut pas y répondre avec des réponses ponctuelles. La communication change peut-être, mais pas notre quotidien."
Pas de retour des barrages prévu
Si la porte-parole se dit "vigilante" sur les engagements du gouvernement, le retour des barrages ne semble pas à l'ordre du jour. Le mouvement avait pourtant brandi cette menace au début du mois "si des solutions durables ne sont pas mises en œuvre." Une réunion des forces vives a été organisée ce mercredi autour d'un shengué. "Les barrages étaient le résultat d'un ras-le-bol de la population", explique Yasmina Aouny. "Le barrage est un mode d'expression radicale, mais on a aussi d'autres modes d'expression. On discute régulièrement sur comment poursuivre le militantisme. J'imagine que le barrage est une option, mais il ne s'agit pas de menacer."