DECRYPTAGE : quelles solutions pour la prise en charge des migrants à Mayotte ?

Des migrants campent désormais dans les rues autour du stade de Cavani
Depuis le démantèlement du camp de migrants du stade de Cavani, de nombreuses familles campent dans les rues du quartier, faute de solutions d'hébergement. Plusieurs pistes ont été évoquées ces derniers mois pour la prise en charge de ces migrants.

La ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux, se rendra à Cavani ce mercredi 3 avril pour faire le point sur la situation sur place après le démantèlement du camp de migrants du stade de Cavani. Depuis le 22 mars, de nombreux migrants se sont installés dans les rues du quartier. Avant cela, ils sont passés par le CRA, le centre de rétention administrative, pour s'enregistrer comme demandeurs d'asile après être arrivés clandestinement sur le territoire.

Cette demande leur permet ensuite d'être éligibles à des places dans les hébergements d'urgences. 559 personnes sont en attente de déposer leur demande d'asile. Les 450 places hébergements dans le département sont déjà toutes occupées. "C'est totalement insuffisant", souligne un acteur du secteur. Face à cet afflux de migrants originaires de l'est de l'Afrique, les forces vives plaident pour un contrôle renforcé des frontières. Les maires insistent de leur côté sur l'impossibilité de prendre en charge tout le monde.

Un camp de transit évoqué

A court terme, la préfecture a réquisitionné par arrêté jusqu'au 31 mai le village-relais de Tsoundzou pour "mettre à l'abri les femmes et les enfants demandeurs d'asile confrontés à des menaces graves et sérieuses." Le maire de Mamoudzou a également pris un arrêté le 25 mars pour interdire l'occupation "de manière temporaire ou permanente du domaine public sur le secteur de Cavani." Une mesure difficile à faire respecter face au nombre important de personnes déjà présentes.

Dans d'autres pays européens, des points de transit ont été créés, comme sur l'île de Lampedusa en Italie où plusieurs milliers de migrants sont placés sous la surveillance de l'armée et de la police. La création d'un camp de transit a été évoquée à Mayotte en octobre 2023, selon un acteur associatif. Cette piste a été abandonnée faute de terrain. Les parlementaires Estelle Youssouffa et Thani Mohamed Soilihi plaident de leur côté pour des accords avec les pays d'origine des demandeurs d'asile "pour que les demandes se fassent depuis ces pays." La préfecture, sollicitée, n'a pas souhaité aborder ce sujet.